Pour l'Insee, le chômage est resté stable au 2e trimestre mais baisse sur un an

  • Une agence de Pôle Emploi
    Une agence de Pôle Emploi AFP/Archives - Philippe Huguen
  • Graphique sur l'évolution du chômage par trimestre en France en % de la population active de 2012 au 2e trimestre 2014 Graphique sur l'évolution du chômage par trimestre en France en % de la population active de 2012 au 2e trimestre 2014
    Graphique sur l'évolution du chômage par trimestre en France en % de la population active de 2012 au 2e trimestre 2014 AFP - INFOGRAPHIE, vl/jmc
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Centre Presse Aveyron

Pour l'Insee, l'inversion de la courbe du chômage est engagée depuis un an en métropole: le chômage est resté stable au 2e trimestre (9,7%) et s'affiche en baisse de 0,2 point sur un an, à contre-courant du nombre des personnes inscrites à Pôle emploi, qui, lui, grimpe en flèche.

Entre avril et juin, le taux de chômage a toutefois légèrement augmenté si l'on inclut l'Outre-mer (+0,1 point, à 10,2%), a annoncé jeudi l'Institut de la statistique.

Sur un an, le taux mesuré par l'Insee selon les normes du Bureau international du travail (BIT) baisse de 0,2 point dans l'Hexagone et de 0,1 point en considérant l'Outre-mer. En juin, 2,8 millions de personnes étaient au chômage en métropole.

"Ce mouvement de légère baisse est imputable aux jeunes, sur lesquels l'effort a été porté, notamment avec les emplois d'avenir", estime Philippe Waechter, économiste en chef chez Natixis, interrogé par l'AFP.

S'il décroît de 1,6 point sur un an, le chômage des moins de 25 ans reste toutefois très élevé au 2e trimestre (22,8%). Celui des seniors (50 ans et plus) est en revanche stable sur un an, à 6,6%.

C'est dans cette catégorie des seniors, selon Bruno Ducoudré, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques, qu'il faut chercher les explications au hiatus entre les chiffres de Pôle emploi et ceux de l'Insee.

Les deux "thermomètres" ne mesurent pas le chômage de la même manière: Pôle emploi recense les inscrits sur ses listes alors que l'Insee effectue une enquête trimestrielle auprès de 110.000 personnes. Sont considérés par l'Institut comme chômeurs uniquement les personnes qui n'ont pas travaillé et se disent disponibles et à la recherche active d'un emploi.

- Pas de décrue "notable" avant 2016 -

Selon Bruno Ducoudré, "l'enquête de l'Insee montre du découragement chez les seniors", qui seraient nombreux à déclarer avoir abandonné leurs recherches, et ne seraient donc plus comptabilisés. Ils passent alors dans la catégorie des inactifs ou dans le "halo du chômage", ces 1,3 million de personnes (+60.000 sur un an) qui souhaitent un emploi mais ne sont pas considérés par l'Insee comme "chômeurs".

Résultat: là où l'Insee voit une baisse sur un an, entre juin 2013 et juin 2014, Pôle emploi recense de son côté 130.000 chômeurs supplémentaires. Un record de plus de 3,4 millions de demandeurs d'emploi sans activité a été enregistré fin juillet.

Une donnée qui peut aussi éclairer les propos du ministre du Travail François Rebsamen, qui a suscité un tollé syndical et à gauche mardi en demandant à Pôle emploi de renforcer le contrôle des chômeurs afin de rayer des listes ceux qui ne recherchent pas activement un emploi.

Pour Bruno Ducoudré, "la question du contrôle n'est pas le problème". "Même si les seniors envoient des CV, ce n'est pas ça qui va leur donner du travail: il n'y a pas de croissance, donc pas d'emploi créés, donc les entreprises n'embauchent pas", dit-il à l'AFP.

L'annonce, mi-août, d'une croissance nulle au deuxième trimestre, comme au premier, ne permet pas d'espérer d'embellie rapide.

Alors que la plupart des économistes estiment que seule une croissance annuelle supérieure à 1,5% peut faire refluer le chômage, Michel Sapin, ministre des Finances, n'espère atteindre que 0,5% cette année. Pour 2015, il ne s'attend guère à un chiffre "très supérieur" à 1%.

Conséquence : aucun organisme international ne prévoit de baisse du chômage avant, au mieux, 2015. Le FMI repousse même la perspective d'une décrue "notable" à 2016.

L'OCDE a pointé mercredi que la France étaient restée "en marge" du mouvement de reprise de l'emploi observé dans de nombreux pays ces deux dernières années, son niveau de chômage restant "très élevé".

François Hollande et le gouvernement misent désormais avant tout sur le pacte de responsabilité et ses 40 milliards d'allégements du coût du travail pour inverser la tendance. Tout en reconnaissant que le pacte "n'aura d'effet qu'à moyen terme".

Source : AFP

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