Boom du soutien scolaire : "Les parents se trompent de bouc-émissaires"

  • Le soutien scolaire particulier, un business florissant.
    Le soutien scolaire particulier, un business florissant. José A. Torres
Publié le , mis à jour
Lola Cros

École. Avec un volume d’affaires annuel avoisinant les 2,5 milliards d’euros en France, le business du soutien scolaire ne cesse de croître.Les parents y croient, les enseignants aveyronnais beaucoup moins. 

Anxiété face à la montée du chômage, panne de l’ascenseur social, défiance vis-à-vis du système scolaire... À l’heure où retentissent à nouveau les sonneries dans les collèges et lycées, la course à la réussite repart sur les chapeaux de roue, et la France recoiffe sa casquette de première consommatrice de soutien scolaire en Europe. Un sport national qui fait la prospérité des organismes de soutien scolaire privés "dopés" aux crédits d’impôts. 

Un collégien sur cinq, un lycéen sur trois

Enseignant et représentant syndical FSU, Sylvain Lagarde s’avoue "dubitatif" face à ce business florissant du soutien scolaire qui génère, en France, un volume d’affaires annuel d'environ 2,5 milliards d’euros. S’il concède que "l’Éducation nationale ne dispose pas aujourd’hui des moyens nécessaires à un dispositif de soutien efficace en collège et lycée", ce dernier voit en ces entreprises "une réponse à de faux besoins".

"Ce marché n’est rien d’autre qu’un supplément d’âme pour les parents, explique le syndicaliste. Ces entreprises ne luttent en rien contre l’échec scolaire et le décrochage. Elles surfent sur la peur légitime et obsessionnelle qu’ont les parents de voir échouer leurs enfants." Et pointe du doigt l’éducation à deux vitesses que le soutien scolaire privé entretient. "Les élèves que l’on retrouve dans ces structures ne sont pas en difficulté à l’école, ceux qui le sont n’ont souvent pas les moyens de s’offrir de tels cours", continue encore Sylvain Lagarde.

"Tirer profit du collectif" 

Face à des parents de plus en plus anxieux, le travail du corps professoral est-il à ce point insuffisant ? Certainement pas proteste l'enseignant qui au caractère ponctuel et éphémère du soutien scolaire oppose le "long terme", 'le travail de fond". Un gage de réussite que seule la profession est, selon lui, en mesure d'offrir. 

"Cette éducation parallèle pallie des difficultés temporaires et ciblées à une ou deux matières mais n’offre aucune solution à long terme. Lutter contre l’échec scolaire est un travail de tous les jours, un travail de fond. Nous, enseignants, sommes convaincus que le remède à ces problèmes doit s’inscrire dans le cadre de cours et que l’élève doit tirer profit du collectif." 

Par ailleurs, l’enseignant observe une attitude paradoxale des parents vis-à-vis de l’école. À la fois exigeants et très critiques, "ils sont avant tout des consommateurs. Si un prof ne leur plaît pas, alors ils vont voir une autre crémerie. C’est une erreur d’analyse, ils se trompent de bouc émissaire", conclut-il.

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