Le pape François en Albanie pour promouvoir un modèle de coexistence interreligieuse

  • Le pape François le 19 septembre 2014 à Rome
    Le pape François le 19 septembre 2014 à Rome AFP/Archives - ANDREAS SOLARO
  • Des religieuses place Mère Teresa le 20 septembre 2014 à Tirana
    Des religieuses place Mère Teresa le 20 septembre 2014 à Tirana AFP - Armend Nimani
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Centre Presse Aveyron

Le pape François part dimanche pour une visite intense d'une journée en Albanie, un pays dirigé par une coalition entre musulmans, catholiques et orthodoxes dont il entend présenter la coexistence comme modèle, y compris pour les Européens plus opulents.

"Que la religion ne soit jamais motif de conflit", a expliqué à la chaîne vaticane CTV le numéro deux de François, le cardinal secrétaire d'Etat Pietro Parolin, au sujet de la visite dans ce pays périphérique de l'Europe, au moment où l'offensive de l'organisation Etat islamique (EI) provoque une tension extrême qui a parfois des répercussions islamophobes en Europe.

Des mesures de sécurité exceptionnelles ont été prises à Tirana pour faire face à d'hypothétiques menaces d'attentat provenant de la mouvance jihadiste contre le pape.

Le Vatican, qui aurait renforcé la protection de François à Rome même, avait démenti tout risque particulier d'attentat à Tirana, alors que la presse italienne et des voix irakiennes se montraient alarmistes, évoquant le danger potentiel de sympathisants de l'EI venus en particulier du Kosovo voisin.

Le pape ne veut pas de "blindage" entre lui et la foule. Il circulera en voiture découverte comme à Rome et lors de ses autres voyages.

Les habitants de Tirana l'attendent avec ferveur. Une des artères principales arborait des drapeaux de l'Albanie et du Vatican, et des photos géantes de martyrs chrétiens du communisme.

Durant ce marathon de onze heures, François doit rencontrer les dirigeants, célébrer une messe place Mère Teresa à Tirana, saluer les chefs des religions et réunir les forces vives du catholicisme.

Cette journée, lourde pour cet homme énergique mais fatigué de 77 ans, s'achèvera dans un centre social à 20 km de Tirana, "Béthanie", où il rencontrera, comme il aime le faire, orphelins et handicapés.

Dans l'avion qui le ramenait en août de Corée du Sud, Jorge Bergoglio avait expliqué son choix d'une visite au "pays des aigles", en majorité musulman: les Albanais ont su constituer "un gouvernement d'unité nationale entre musulmans, orthodoxes et catholiques, avec un conseil interreligieux équilibré. C'est harmonisé. La présence du pape servira à dire à tous les peuples: on peut travailler ensemble".

La rencontre avec les responsables des autres confessions - orthodoxes, protestants - et d'autres religions - musulmans, bektachis (courant soufi) et juifs - doit constituer un moment fort.

- Martyrs de la foi -

François va aussi en Albanie rendre hommage à une Eglise en plein essor après une terrible dictature marxiste, précédée de cinq siècles de domination ottomane.

"C'est l'unique pays parmi les pays communistes qui avait inscrit l'athéisme dans sa Constitution; 1.820 églises, orthodoxes, catholiques, ont été détruites", avait-il martelé au retour de Corée.

En Albanie, l'islam est désormais majoritaire (56%) et les catholiques représentent 15% de la population, soit plus que les orthodoxes (11%), une proportion pratiquement inversée par rapport à la première visite d'un pape - Jean Paul II - en 1993.

La première évangélisation de la région, Illyrie, remonte pourtant à l'époque de Saint-Paul, au tout début du christianisme.

Le culte de la Bienheureuse Mère Teresa de Calcutta, Albanaise d'origine macédonienne, et la venue de nombreux religieux étrangers ont aidé à la renaissance du catholicisme dans le pays, à partir de la fin des années 1980, quand Ramiz Alia, le successeur du dictateur Enver Hoxha, a rétabli la liberté des cultes.

A la fin de la Seconde guerre mondiale, un régime communiste fermé au monde s'était en effet implanté. En 1967, Hoxha avait proclamé l'Albanie "premier Etat athée du monde". Entre 1945 et 1985, 7 évêques, 111 prêtres, 10 séminaristes et 8 religieuses sont morts en détention ou exécutés.

Ce sont ces "martyrs de la foi" que Jean Paul II avait honoré lors de son voyage en 1993. Il avait créé alors quatre évêques, dont Michel Koliqi, 91 ans dont 21 en détention, qu'il avait serré dans ses bras dans la cathédrale de Shkodër.

Le voyage de François en Albanie, son premier en Europe, sera suivi fin novembre par une visite au Parlement européen de Strasbourg, puis en Turquie.

"C'est un signal fort et un encouragement à renforcer nos démarches vers l'intégration européenne du pays", a affirmé à Radio Vatican Don Gjergj Meta, responsable de la communication de l'Eglise albanaise. Tirana a fait acte de candidature à l'UE en 2009.

Source : AFP

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