La Roumanie élit son président, l'indépendance de la justice en jeu

  • Des affiches électorales du Premier ministre roumain Victor Ponta, le 29 octobre 2014 dans les rues de Bucarest
    Des affiches électorales du Premier ministre roumain Victor Ponta, le 29 octobre 2014 dans les rues de Bucarest AFP/Archives - Daniel Mihailescu
  • Klaus Iohannis (c), candidat de droite à la présidentielle roumaine, lors d'un meeting électoral, le 31 octobre 2014 à Sibiu
    Klaus Iohannis (c), candidat de droite à la présidentielle roumaine, lors d'un meeting électoral, le 31 octobre 2014 à Sibiu AFP - Mircea Restea
  • Carte et fiche pays de la Roumanie Carte et fiche pays de la Roumanie
    Carte et fiche pays de la Roumanie AFP - K.Tian/D. Mayer
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Centre Presse Aveyron

Les Roumains votent dimanche pour le premier tour d'une élection présidentielle dominée par des craintes d'une reprise en main de la justice par le pouvoir, un scrutin que le Premier ministre social-démocrate Victor Ponta semble assuré de remporter.

Les bureaux de vote ont ouvert à 05H00 GMT (7H00 locale) et fermeront à 19H00 GMT, heure à laquelle seront diffusés les premiers sondages effectués à la sortie des urnes. Au total, 18,3 millions d'électeurs sont attendus pour le vote.

Ancien procureur âgé de 42 ans, M. Ponta est crédité de 41% des intentions de vote, devant le challenger de droite Klaus Iohannis (55 ans), maire de Sibiu (centre) issu de la minorité allemande, qui obtiendrait 30% des voix, selon un dernier sondage réalisé par l'institut IRES.

"J'espère que le futur président va oeuvrer pour donner une chance aux jeunes et pour stimuler les petits entrepreneurs. Ce sont eux qui portent le fardeau le plus lourd, il y a trop de taxes", déclare à l'AFP Elena Pascu, une comptable de 57 ans rencontrée dans un bureau de vote du centre de Bucarest.

Au total, 14 candidats sont en lice pour ce scrutin qui mettra fin à dix ans de pouvoir du président sortant de centre droit Traian Basescu. Le second tour est prévu le 16 novembre.

Elu pour un mandat de cinq ans, le chef de l'Etat est notamment responsable de la politique étrangère et des nominations dans la haute fonction publique, y compris des chefs des parquets.

"Si Victor Ponta gagne, les sociaux-démocrates exerceront un pouvoir sans partage jusqu'aux élections législatives de 2016 car ils détiendront la présidence, la majorité au Parlement et le gouvernement", indique à l'AFP le politologue Ovidiu Voicu de la Fondation Soros.

A ce titre, M. Ponta pourrait "prendre des décisions nuisibles visant la justice", et il lui suffirait d'invoquer une "mauvaise gestion" pour révoquer les chefs des parquets, ajoute-t-il.

La majorité de centre gauche avait fait passer en décembre 2013 des amendements au code pénal octroyant une super-immunité aux élus.

Ces modifications ne sont finalement pas entrées en vigueur mais les analystes craignent que le projet n'ait pas été abandonné.

S'il s'est engagé à préserver l'indépendance de la justice, M. Ponta n'a pas hésité à critiquer le parquet anticorruption (DNA), qu'il juge partisan, alors que les enquêtes visant des élus et d'anciens ministres se sont multipliées.

"La lutte contre la corruption est importante mais il faut qu'elle aboutisse à la confiscation des avoirs des personnes condamnées. On ne fait rien contre l'évasion fiscale", juge Ileana Diamantopol, ingénieur à la retraite de 70 ans après avoir voté.

- Inquiétude des investisseurs -

Ce scrutin, qui entraînera sans doute un changement de gouvernement, est également suivi de près par le milieu des affaires.

Deuxième pays le plus pauvre de l'Union européenne après la Bulgarie, la Roumanie avait enregistré en 2013 l'une des plus fortes croissances du bloc, soit 3,5%.

Mais l'introduction de plusieurs taxes au printemps a freiné l'appétit des investisseurs, plongeant le pays en récession au deuxième trimestre. Pour 2014, la prévision de croissance a été revue à 2,2%.

"La marge de manœuvre pour un changement d'orientation économique est limitée, car la Roumanie a un accord avec le Fonds monétaire international (FMI) et l'UE, des engagements qui devront être respectés", a déclaré l'analyste économique Aurelian Dochia.

"Mais on évoque de possibles hausses de taxes et d'impôts en 2015, et cela suscite de l'inquiétude parmi les investisseurs", ajoute-t-il.

Les premiers résultats partiels seront publiés dans la nuit de dimanche à lundi.

Source : AFP

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