Nucléaire iranien: la négociation entre dans le détail

  • Le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif à Vienne le 18 novembre à la reprise des négociations sur le nucléaire iranien avec les Occidentaux
    Le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif à Vienne le 18 novembre à la reprise des négociations sur le nucléaire iranien avec les Occidentaux AFP - Joe Klamar
  • La crise nucléaire iranienne
    La crise nucléaire iranienne AFP - gil/jj/vl/dmk/pld
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Centre Presse Aveyron

L'Iran et les grandes puissances entrent mercredi dans le détail des discussions, au second jour de leur ultime réunion à Vienne en vue de trouver un accord historique sur le programme nucléaire iranien.

Les diplomates du "5+1" (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne) et ceux de la République islamique doivent se retrouver pour la première fois en séance plénière, après des discussions bilatérales mardi. Ils ont jusqu'au 24 novembre pour aboutir.

Les grandes puissances soupçonnent depuis 2002 l'Iran de vouloir se doter de la bombe atomique sous couvert d'un programme nucléaire civil, ce que Téhéran a toujours démenti.

La controverse a occasionné des tensions allant jusqu'à des menaces de guerre, alimentées notamment par la crainte qu'un Iran nucléaire inspire à Israël et aux pays arabes du Golfe.

L'Iran souhaite la levée des lourdes sanctions qui étouffent son économie, tandis que les grandes puissances exigent qu'il limite ses capacités nucléaires de façon à rendre l'option militaire virtuellement impossible.

La négociation est extrêmement complexe, rendant son issue incertaine après presque un an de dialogue intensif.

A son arrivée dans la capitale autrichienne, le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif a promis de "mener des efforts jusqu'au dernier jour". Il a jugé un accord "possible", mais a mis en garde ses interlocuteurs contre toutes "demandes excessives".

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a exhorté de son côté Téhéran à faire "tous les efforts possibles".

Attendu à Vienne en milieu de semaine, tout comme les autres ministres du "5+1", après les premières réunions des diplomates sous la houlette de Catherine Ashton, l'ex-représentante diplomatique de l'UE, qui a conservé la responsabilité de ce dossier, le secrétaire d'Etat a finalement décidé de repousser son voyage.

"Il restera à Londres mercredi pour poursuivre ses consultations avec l'équipe de négociateurs" à Vienne ainsi qu'avec l'exécutif américain à Washington, a indiqué mardi soir la porte-parole du département d'Etat, Jennifer Psaki. Et il se rendra "jeudi matin à Paris pour des entretiens distincts avec le ministre saoudien des Affaires étrangères (le prince Saoud al-Fayçal) et le ministre français des Affaires étrangères (Laurent) Fabius à propos des négociations sur le nucléaire iranien", a-t-elle ajouté.

John Kerry "se rendra à Vienne plus tard dans la semaine, mais nous n'avons pas encore déterminé la date", a conclu sa porte-parole, sans fournir plus d'explications.

- Encore des divergences -

Les déclarations des derniers jours ont été prudentes de toutes parts. "Il reste des écarts à combler, et nous ne savons pas encore si nous y parviendrons", confie ainsi une source américaine.

Les négociateurs doivent d'abord trancher la question des capacités d'enrichissement d'uranium que l'Iran pourrait conserver après un accord. Téhéran exploite des milliers de centrifugeuses susceptibles de fournir la matière première pour des bombes atomiques.

L'Iran, insiste une autre source occidentale, "doit consentir à réduire significativement des capacités actuelles", quitte à bénéficier ensuite de "coopérations sur le nucléaire civil".

Le réacteur à eau lourde d'Arak, un équipement qui pourrait produire du plutonium - l'autre voie d'accès à l'arme nucléaire - est aussi en question, tout comme le régime d'inspections de l'ONU auquel l'Iran serait soumis après un accord, ou encore le rythme de la levée des sanctions.

Sur ce dernier point, une source occidentale reproche à l'Iran de "vouloir tout, tout de suite, ce qui n'est pas du tout réaliste".

Un éventuel accord ouvrirait la voie à une normalisation des relations entre l'Iran et l'Occident, et rendrait possible des coopérations, notamment face aux crises en Irak et en Syrie.

- Ajournement risqué -

Des analystes estiment qu'il réduirait aussi le risque de prolifération nucléaire au Proche-Orient - même si d'autres pensent qu'un Iran réintégré dans le jeu international inquièterait encore plus ses voisins.

Enfin, un accord permettrait à l'Iran de relancer son économie et de reprendre toute sa place parmi les principaux producteurs mondiaux de pétrole.

L'enjeu est suffisamment important pour que Washington et Moscou aient mis de côté, le temps de travailler sur ce dossier, leurs divergences sur le conflit ukrainien.

Nombre d'observateurs ne croient guère à un accord définitif le 24. Selon eux, il est plus probable que l'Iran et le "5+1" concluent un "accord intérimaire" permettant de prolonger la discussion, comme cela a déjà été fait en juillet.

La formule serait toutefois très risquée, et laisserait prise aux critiques des faucons dans les deux camps.

Pour l'analyste Kelsey Davenport, de l'institut Arms Control Association, "il serait insensé (...) de gaspiller cette chance historique" de parvenir à un accord, "vu tout le capital politique investi de part et d'autre" dans la négociation.

Source : AFP

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