Ukraine: Hollande et Merkel à Kiev et Moscou avec un nouveau plan de paix

  • Le président ukrainien Petro Porochenko (g) et le secrétaire d'Etat américain John Kerry, le 5 février 2015 à Kiev
    Le président ukrainien Petro Porochenko (g) et le secrétaire d'Etat américain John Kerry, le 5 février 2015 à Kiev Pool/AFP - Jim Watson
  • Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg lors d'une conférence de presse, le 5 février 2015 à Bruxelles
    Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg lors d'une conférence de presse, le 5 février 2015 à Bruxelles AFP - John Thys
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Centre Presse Aveyron

François Hollande et Angela Merkel vont présenter jeudi à Kiev et vendredi à Moscou un plan de paix pour l'Ukraine, plus importante tentative diplomatique de sortir de la crise en dix mois d'un conflit aux portes de l'Europe qui a fait plus de 5.000 morts.

L'initiative des dirigeants européens intervient au moment où le secrétaire d'Etat américain John Kerry se trouve à Kiev pour discuter avec les autorités pro-occidentales de l'opportunité de livraisons d'armes à l'Ukraine afin de renverser la situation sur le terrain, où l'armée ukrainienne est en très mauvaise posture face à des rebelles prorusses au moral regonflé par l'enchaînement des victoires militaires et conforté dans leur ambition d'étendre leur territoire.

L'annonce de la visite des Européens a été faite par le président français depuis Paris.

"Nous ferons une nouvelle proposition de règlement sur le conflit lui-même, qui sera fondée sur l'intégrité territoriale de l'Ukraine. Nous irons la discuter avec le président (Petro) Porochenko et vendredi à Moscou avec le président russe", a déclaré M. Hollande.

"L'option de la diplomatie ne peut être prolongée indéfiniment", a-t-il ajouté en marquant cependant sa différence avec l'attitude des Etats-Unis: "la France ne rentre pas dans le débat sur la fourniture des armes à l'Ukraine".

L'Otan a aussitôt soutenu le "nouvel effort" franco-allemand. "Nous soutenons cela et je pense qu'il est très important que nous comprenions que la situation en Ukraine est très grave", a déclaré le secrétaire général de l'Alliance Jens Stoltenberg.

Alors que Kiev et les Occidentaux accusent la Russie d'armer les rebelles et d'avoir déployé ses troupes en Ukraine où plus de 5.300 personnes ont été tuées en dix mois du conflit, le gouvernement de Kiev réclame depuis des mois aux Occidentaux de lui fournir des armes pour se défendre.

"Nous continuons d'examiner (cette demande) puisque la situation sur le terrain change les besoins sécuritaires des Ukrainiens", a confirmé sous anonymat un haut responsable du Département d'Etat à la presse en route vers Kiev. "Mais aucune décision n'a encore été prise", a-t-il ajouté.

Les Etats-Unis avaient déjà débloqué 118 millions de dollars d'aide militaire pour Kiev en novembre, mais ses livraisons se limitaient jusqu'à présent à des équipements dits "non-létaux": gilets pare-balle, équipement médical ou radars.

Quant aux fournitures d'armes "létales", Washington a longtemps écarté cette idée avant de commencer à l'envisager, selon des responsables américains, en raison de l'appui apporté par la Russie aux rebelles.

Pour sa part, Kiev dit avoir besoin d'armes sophistiqués, comme "des outils de communication, de brouillage électronique ou des radars", selon le chef de la diplomatie ukrainienne Pavlo Klimkine.

Un rapport indépendant, publié lundi par plusieurs groupes de réflexion américains, évoque aussi des drones et des missiles anti-véhicules blindés, dont l'Ukraine manque cruellement. Washington étudierait également la possibilité d'équiper Kiev des puissants missiles antichar Javelin.

- La Russie "alimente le conflit" -

Une réponse positive des Américains risquerait cependant d'être interprétée comme une implication directe de Washington dans ce conflit par Moscou, et d'aggraver encore les relations russo-américaines, qui traversent leur pire crise depuis la Guerre froide.

Des livraisons d'armes porteraient un "préjudice colossal" aux relations entre les deux pays, a ainsi averti jeudi le porte-parole de la diplomatie russe Alexandre Loukachevitch.

La priorité de M. Kerry est d'obtenir un nouveau cessez-le-feu dans la zone des combats, qui a connu un nouveau pic d'intensité ces dernières semaines avec des centaines de morts. Rien que jeudi, les bilans séparés de Kiev et des séparatistes ont fait état d'au moins 24 morts dont 19 civils ces dernières 24 heures.

"Le gouvernement russe parle d'un cessez-le-feu, parle de la paix alors que c'est lui qui alimente ce conflit", a fait valoir le responsable américain sous le couvert de l'anonymat.

"Or la question est de savoir : si les autorités ukrainiennes, américaines et européennes appellent à un nouveau cycle des négociations, le Kremlin va-t-il le rejeter? Ou bien vont-ils négocier et pousser leurs auxiliaires à faire de même?", a-t-il poursuivi en référence aux séparatistes.

Pour sa part, l'Otan va décider jeudi s'il renforce sa présence sur son flanc Est, en approuvant la création d'une nouvelle force de réaction de 5.000 hommes et de six "centres de commandement", qui répondraient à "l'agression" de la Russie en Ukraine, selon M. Stoltenberg.

L'Union européenne a de son côté annoncé l'élargissement des sanctions déclenchées par la crise en Ukraine. Dix-neuf personnes, dont aucune cependant n'est "de premier plan", et neuf entités seront ajoutées à sa liste noire de sanctions, selon de sources européennes. Cinq de ces personnalités et une des entreprises sont russes, selon la même source.

Source : AFP

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