Le couple franco-allemand à l'épreuve de la crise grecque

  • Le président français François Hollande donne un point de presse à son arrivée au sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro, le 12 juillet 2015 à Bruxelles
    Le président français François Hollande donne un point de presse à son arrivée au sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro, le 12 juillet 2015 à Bruxelles AFP - Thierry Charlier
  • La chancelière allemande Angela Merkel, le président français Francois Hollande et le Premier ministre grec Alexis discutent le 12 juillet 2015 au sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro, à Bruxelles
    La chancelière allemande Angela Merkel, le président français Francois Hollande et le Premier ministre grec Alexis discutent le 12 juillet 2015 au sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro, à Bruxelles AFP - John MacDougall
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Centre Presse Aveyron

En première ligne de la crise grecque, le couple franco-allemand traverse ce week-end une des plus graves crises de son histoire, Angela Merkel et François Hollande s'opposant frontalement sur la stratégie face à Athènes.

A leur arrivée au nouveau sommet de la zone euro dimanche, les positions allemandes et françaises paraissaient irréconciliables, Mme Merkel envisageant clairement la possibilité d'un "Grexit", scénario exclu depuis le début par Paris.

"Il n'y aura pas d'accord à n'importe quel prix (...) la valeur la plus importante, à savoir la confiance et la fiabilité, a été perdue" avec Athènes, a asséné la chancelière, promettant des "négociations ardues".

"Il n'y a pas de +Grexit+ provisoire ou pas (...) il y a la Grèce dans la zone euro ou plus la Grèce dans la zone euro, mais à ce moment-là c'est une Europe qui recule et cela je n'en veux pas", répliquait peu après le président français affirmant de nouveau vouloir "tout faire pour trouver un accord" dans la soirée.

A l'Eurogroupe samedi "ça a été extrêmement dur, si ce n’est violent", car une bonne partie des ministres des Finances, dont l'Allemand Wolfgang Schauble, "avaient en tête que la seule bonne solution était le Grexit", a relaté dimanche un responsable européen.

Mais "Mme Merkel est passée par là", a-t-il ajouté, suggérant "un partage des rôles" entre la chancelière et son ministre des Finances". "Ils sont tout à fait capables l’un et l’autre et collectivement, y compris avec l’allié SPD (socio-démocrate), d’être politiquement intelligents", a-t-il observé.

L'écart entre M. Hollande et Mme Merkel s'était creusé depuis l'annonce surprise par le Premier ministre grec Alexis Tsipras du référendum du 5 juillet qui s'est conclu par un non massif des Grecs au plan des créanciers du pays.

L'Allemagne avait alors imposé une ligne dure face à Paris et Bruxelles en fermant la porte à des négociations avec Athènes sur le renflouement du pays.

Les fausses notes se sont ensuite multpipliées dans la partition qui semblait pourtant bien rôdée entre Angela Merkel adepte de la "fermeté" et du "respect des règles", et M. Hollande plus enclin au "compromis" et à "la solidarité".

Même si ce n'est pas la première fois que le moteur franco-allemand fonctionne ainsi en deux temps: partir sur des positions divergentes pour finalement aboutir à une position commune, la fracture européenne face à l'urgence de la crise grecque avait rendu cette stratégie peu lisible et anxiogène.

- 'Trouble jeu' -

Sur le plan intérieur, M. Hollande et Mme Merkel ne sont pas confrontés aux mêmes enjeux. Très impopulaire, le président français joue sur le dossier grec une partie importante à moins de deux ans de la fin de son mandat.

Il essuie depuis deux semaines les tirs croisés de l'opposition, l'accusant de désolidariser la France de l'Allemagne, et de la gauche radicale, qui lui reproche à l'inverse de céder à Berlin

L'ancien Premier ministre François Fillon (Les Républicains), a accusé au chef de l'Etat d'avoir "joué un trouble jeu : rigoureux en compagnie d'Angela Merkel, complaisant en coulisses avec Alexis Tsipras" dans le . éclipser ses "propres échecs économiques, sociaux et financiers

"Il faut que M. Hollande se ressaisisse et reconstitue une unité avec la chancelière allemande (Angela) Merkel", a prôné l'ex-président Nicolas Sarkozy à Bruxelles pour une réunion du Parti populaire européen (PPE), dont sont membres Les Républicains (ex-UMP). Il a accusé son prédécesseur et rival d'avoir fait miroiter à M. Tsipras "un chèque sans conditions".

La crise grecque a clairement mis au jour le fossé entre socialistes français et sociaux-démocrates allemands, dont le leader Sigmar Gabriel a multiplié les commentaires très offensifs contre l'attitude d'Athènes.

A l'inverse, les risques sur le plan intérieur sont a priori limités, pour Mme Merkel - dont le quotidien populaire Bild Zeitung a réclamé mardi qu'elle soit une "chancelière de fer".

Triomphalement réélue en septembre 2013 pour un troisième mandat, la chancelière doit composer avec la ligne dur des conservateurs de son camp.

Selon un diplomaten à Bruxelles, le sommet des 19 devrait accoucher d'un texte permettant à Mme Merkel d’aller sans risque devant son Parlement, qui doit se réunir deux fois cette semaine.

Source : AFP

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