Brésil: des dizaines de milliers de manifestants contre Dilma Rousseff

  • Colonne de manifestants brésiliens exigeant la démission de la présidente de gauche Dilma Rousseff, le 16 août 2015 sur le front de mer de Copacabana, à Rio de Janeiro
    Colonne de manifestants brésiliens exigeant la démission de la présidente de gauche Dilma Rousseff, le 16 août 2015 sur le front de mer de Copacabana, à Rio de Janeiro AFP - TASSO MARCELO
  • Des manifestants protestent contre la présidente de gauche Dilma Rousseff, le 16 août 2015 à Brasilia
    Des manifestants protestent contre la présidente de gauche Dilma Rousseff, le 16 août 2015 à Brasilia AFP - EVARISTO SA
  • La manifestation à Brasilia, avec le bâtiment du Congrès au fond, le 16 août 2015
    La manifestation à Brasilia, avec le bâtiment du Congrès au fond, le 16 août 2015 AFP - EVARISTO SA
  • Aecio Neves, sénateur du Parti social démocrate brésilien (PSDB) et rival malheureux de Dilma Rousseff au élections de 2014, participe aux manifestations contre le gouvernement de gauche, le 16 août 2015 à Belo Horizonte, dans l'est du pays
    Aecio Neves, sénateur du Parti social démocrate brésilien (PSDB) et rival malheureux de Dilma Rousseff au élections de 2014, participe aux manifestations contre le gouvernement de gauche, le 16 août 2015 à Belo Horizonte, dans l'est du pays AFP - Douglas Magno
  • La présidente Dilma Rousseff lors d'une rencontre entre entrepreneurs brésiliens et américains, le 29 juin 2015 à New York
    La présidente Dilma Rousseff lors d'une rencontre entre entrepreneurs brésiliens et américains, le 29 juin 2015 à New York AFP/Archives - KENA BETANCUR
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Centre Presse Aveyron

Des dizaines de milliers de Brésiliens ont manifesté dimanche pour réclamer de nouvelles élections ou la destitution de la présidente de gauche Dilma Rousseff, embourbée dans une triple crise économique, politique et de corruption.

Les organisateurs - des mouvements citoyens de droite soutenus par une partie de l'opposition - ont appelé à manifester dans plus de 200 villes du géant émergent d'Amérique latine.

Ils espéraient mobiliser autant que lors des journées de protestations similaires de mars (au moins un million de manifestants) et avril (600.000).

Mais en début d'après-midi, la mobilisation semblait moindre. Les manifestants étaient entre 137.000 (police) et 225.000 (organisateurs), selon des décomptes provisoires qui allaient enfler dans la journée, notamment avec la manifestation de Sao Paulo, fief de l'opposition et ville la plus peuplée du pays avec 11 millions d'habitants.

Souvent vêtus du maillot vert et jaune de la "Seleçao" de football, les anti-gouvernement ont protesté dès le matin dans la capitale Brasilia (centre), à Belo Horizonte (sud-est), Recife (nord-est), Salvador de Bahia (nord-est) ou Belem (nord).

Arborant des pancartes portant les inscriptions "Dehors Dilma!" et "Non à la corruption!", au moins 25.000 personnes ont défilé à Brasilia, entre l'Esplanade des ministères et le Congrès des députés.

"Nous allons protester jusqu'à la fin. Jusqu'à ce que la présidente tombe. Elle doit s'en aller définitivement et laisser ce pays en paix et libéré de cette mafia du PT", a déclaré à l'AFP Patricia Soares, une fonctionnaire de 43 ans.

- 'C'est pas le Venezuela' -

A Rio de Janeiro, qui accueillera dans un an les Jeux Olympiques, le parcours de l'épreuve test de cyclisme a été en partie modifié pour permettre une manifestation le long de la plage de Copacabana.

Les manifestants ont chanté l'hymne brésilien à pleins poumons. Avant d'entonner en coeur: "Dehors Dilma! Ici c'est le Brésil, pas le Venezuela. Olé, Olé, Olé, nous ne sommes pas communistes, nous sommes patriotes, nous allons déloger ces merdes du pouvoir!".

Le président du Parti social démocrate brésilien (PSDB) et rival malheureux de Mme Rousseff à la présidentielle de 2014, Aecio Neves, a pour la première fois appelé ses militants à se joindre aux cortèges.

"Assez de tant de corruption, mon parti est le Brésil", a déclaré M. Neves, en participant à la manifestation de Belo Horizonte, dans son Etat de Minas.

Mme Rousseff, 64 ans, qui a entamé son deuxième mandat en janvier après une difficile réélection fin octobre, a vu en quelques mois sa popularité chuter brutalement à un niveau historiquement bas de 8%.

Elle est confrontée à une triple tempête: la récession économique qui l'a conduite à adopter des mesures d'austérité impopulaires; les révélations dévastatrices du scandale de corruption autour du géant public pétrolier Petrobras qui éclabousse son Parti des travailleurs (PT) et d'autres partis alliés; enfin, une crise politique aiguë qui menace de faire voler en éclats sa fragile majorité parlementaire.

L'ex-guerillera torturée sous la dictature militaire (1964-85) a récemment affirmé qu'elle ne cèderait "ni aux pressions ni aux menaces", rappelant qu'elle tenait sa légitimité du vote populaire.

- Deux procédures -

Mme Rousseff est sous la menace potentielle de deux procédures. Même si la plupart des juristes estiment que les conditions ne sont pas réunies pour entraîner sa chute.

Le Tribunal des comptes de l'Union (TCU) doit juger prochainement si son gouvernement a enfreint la loi en 2014 en faisant payer aux banques publiques des dépenses incombant à l'Etat. Une décision négative pourrait entraîner le lancement d'une procédure de destitution.

Celle-ci n'aboutirait que si elle recueillait les votes de deux tiers des députés. Dans ce cas, c'est le vice-président Michel Temer, président du Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB) qui assumerait le pouvoir jusqu'aux prochaines élections en 2018.

Le Tribunal suprême électoral devra lui déterminer si les comptes de campagne de la présidente ont été contaminés par de l'argent détourné de Petrobras. Cela pourrait entraîner en théorie l'annulation des élections de 2014 et la convocation d'un nouveau scrutin.

Dans la ligne de mire du président du Congrès des députés Eduardo Cunha (PMDB), qui lui a infligé de douloureux revers au cours du premier semestre, Mme Rousseff a reçu une bouffée d'oxygène la semaine dernière en obtenant le soutien du président du Sénat Renan Calheiros, membre également du PMDB, le puissant allié centriste du PT qui a désormais un pied dans la majorité et un autre dans l'opposition.

Source : AFP

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