Cinq ans de prison avec sursis requis contre la mère qui a tué sa fille handicapée

  • Croquis d'audience montrant l'accusée Laurence Nait Kaoudjt (d) et ses avocats Eric Dupond-Moretti (c) et Anna-Maria Sollacaro au premier jour du procès, le 14 septembre 2015, devant la cour d'assises d'Ille-et-Vilaine à Rennes
    Croquis d'audience montrant l'accusée Laurence Nait Kaoudjt (d) et ses avocats Eric Dupond-Moretti (c) et Anna-Maria Sollacaro au premier jour du procès, le 14 septembre 2015, devant la cour d'assises d'Ille-et-Vilaine à Rennes AFP - BENOIT PEYRUCQ
Publié le
Centre Presse Aveyron

L'avocat général a requis mardi cinq ans de prison avec sursis à l'encontre de la mère jugée pour avoir tué sa fille de 8 ans lourdement handicapée, en 2010 à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine).

Au fil d'un réquisitoire très sensible de plus d'une heure et demie aux assises à Rennes, Yann Le Bris a appelé avec insistance la cour et les jurés, quatre femmes et deux hommes, à faire preuve de "raison" pour déclarer coupable la mère infanticide, Laurence Nait Kaoudjt, 49 ans.

"Ne pas la déclarer coupable, cela signifierait que quelqu'un qui a un enfant handicapé, qui éprouve des difficultés importantes à un moment donné" pourrait bénéficier d'une "exonération" et "tuer son enfant parce que c'est le sien", a-t-il souligné.

"Si vous dites aujourd'hui: +elle n'est pas coupable+, vous niez cette humanité (...) Cette petite fille, elle fait partie de l'humanité", a-t-il ajouté.

"Personne n'est propriétaire de son enfant", a poursuivi l'avocat général. "Même si cet enfant est handicapé, il est autonome, il a sa vie, il a son humanité: si vous dites aujourd'hui +elle n'est pas coupable+ vous niez cette humanité. Dans le référentiel commun de la société, on a toujours le choix de ne pas étrangler une petite fille", a-t-il martelé.

Il a déploré "l'absence", lors de cette audience de deux jours, de la victime, qui n'était représentée par aucune partie civile. "Tellement absente que certains experts, ça m'a heurté, parlent de coquille vide, d'enveloppe de peau, on est au delà de l'absence. Elle n'existe plus, elle est recouverte par le handicap elle n'est plus qu'un handicap", a martelé l'avocat général.

Il a rappelé les derniers éléments de la vie de la petite Méline, brune aux longs cheveux frisés dont plusieurs photos, y compris sur son lit de mort, ont été montrées à l'audience juste avant le réquisitoire: "elle avait des peluches, des jouets, elle souriait, elle aimait faire du poney (pas toute seule), elle aimait la musique, elle aimait le contact... C'est quelqu'un qui a eu une existence, elle a eu une vie, elle a été heureuse".

Il a toutefois appelé les jurés à faire preuve "d'humanité" et à reconnaître les "conséquences de la vie difficile d'une mère seule qui élève un enfant handicapé".

"A aucun moment je n'aurais envisagé (...) une peine comportant une partie ferme avec incarcération", a-t-il souligné.

Source : AFP

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