Banlieues: la presse pas convaincue par les mesures de Manuel Valls

  • Le Premier ministre Manuel Valls en visite le 26 octobre 2015 dans le quartier de la Vigne Blanche aux Mureaux
    Le Premier ministre Manuel Valls en visite le 26 octobre 2015 dans le quartier de la Vigne Blanche aux Mureaux AFP - LIONEL BONAVENTURE
Publié le
Centre Presse Aveyron

Offensives contre les communes en retard sur le logement social, campagne de "testing" pour combattre les injustices à l'embauche, caméras piétons sur les policiers: les mesures annoncées par Manuel Valls contre les discriminations et pour la mixité sociale ne convainquent pas mardi la presse qui y voit une "opération de com".

"Ah! Mixité sociale, que de beaux discours ont déjà été prononcés pour faire ton éloge! Que de dispositifs bien sur +innovants+ ont déjà été promis ou instaurés en ton nom!", ironise Bruno Mège, de La Montagne.

Communication et novlangue politicienne... c'est également l'impression de Yann Marec, du Midi Libre pour qui l'intervention du Premier ministre offre même un "air de déjà vu", de "l'affichage comme pour dire +banlieue, je vous aime+".

L'Humanité fustige une énième "opération de com'" de la part d'un premier ministre amateur de "grands mots". Le quotidien communiste énumère ses fondamentaux: "des emplois, des formations, des logements, des services publics, une école de l’égalité, plus de liberté et de justice".

Eric Dussart, à La Voix du Nord, partage l'amertume de ses confrères. Et se demande quelles leçons ont été retenues depuis la mort des adolescents Zyed et Bouna, et les émeutes qui suivirent, à l'automne 2005. "Des gamins un peu délurés sur un trottoir sont-ils plus en sécurité aujourd’hui ? On dirait bien que c’est tout le contraire. Auraient-ils plus confiance en la police ? La police a-t-elle les moyens de travailler plus sereinement ? Non. Mille fois non. On ne sait pas mieux vivre ensemble qu’il y a dix ans. Et il faudra bien plus que des logements sociaux ou des petites caméras d’appoint pour y arriver."

- 'Abandonnées par la République' -

Pour Hervé Chabaud, dans l'Union, ce n'est pas tant lutter contre le mal-logement dans ces cités qui sauvera sa jeunesse désoeuvrée que de veiller à rendre les régions environnantes - campagnes et villes moyennes - beaucoup plus prospères et attractives. Pour lui : "le regroupement dans des métropoles de plus en plus obèses des centres de décision et de production, accélère le déménagement du territoire dont la banlieue est l’une des illustrations au même titre qu’une ruralité délaissée et qui peste d’être abandonnée par la République".

Yann Marec (Midi Libre), rêve d'un véritable "Plan Marshall" pour que les cités rejoignent "le pacte social nécessaire à une vie communautaire". Mais l'éditorialiste reste lucide: "pour cela, il faut du temps, de l'argent et une volonté commune. Bref, tout ce que n’a plus en magasin le personnel politique".

Contre le pessimisme ambiant, Florence Couret, du quotidien chrétien La Croix, décrit un verre à moitié plein. Elle observe la vigueur "d'une solidarité que bien des quartiers aisés pourraient envier, d’une inventivité et d’un esprit de résistance dont l’ensemble du pays pourrait utilement s’inspirer en ces temps de morosité nationale".

Source : AFP

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?