Trésor de Rodez : les trois saints oubliés enfin remis en lumière

Ce sont donc les crânes de Saint-Amans, Saint-Dalmas et Saint-Naamas qui ont été «redécouverts» par le père Barrié et les conservateurs du patrimoine Diane Joy et Laurent Fau, et que le public a pu admirer dimanche. Des crânes intacts, bien protégés, et qui datent pour le plus ancien de plus de 1600 ans. Une découverte exceptionnelle à l’échelle de l’histoire de la région. Saint-Amans a en effet marqué l’histoire de l’Aveyron. Il est celui qui, au IVe siècle, alors qu’il était à Lodève, revint dans sa ville natale pour évangéliser celle-ci.

La ville était alors déchristianisée depuis l’évangélisation de la région par Saint-Martial, évêque de Limoges. Pour cela, il va notamment s’appuyer sur un jeune Ruthénois, Naamas, dont il fera son diacre. Tous deux parviendront à convertir le peuple Rutène, avec le soutien de nombreux miracles comme le rapporte la tradition. Quant à Saint-Dalmas, c’est le quatrième évêque de la région. Originaire de Rodez, il avait succédé à Saint-Quintien vers 516.

Avec cette découverte, c’est pour ainsi les plus vieux ossements connus de Ruthénois que la ville a désormais en sa possession. S’ils ont pu traverser le temps ainsi, et passer entre les foudres de la Révolution, c’est entre autre grâce à la bienveillance de quelques Aveyronnais. Ainsi, comme l’a rapporté l’abbé Servières, dans ses écrits du XIXe siècle, lors de la Révolution, le secrétaire de la commune, nommé Tarayre, recueillit Saint-Amans, et un habitant de Réquista mit, lui, à l’abri les têtes de Dalmas et Naamas. Ces trois chefs furent restitués à l’église quand les temps furent devenus meilleurs.

Quant aux tombes des deux évêques, Saint-Amans et Saint Dalmas, elles se trouvent dans la cathédrale. Cette découverte remet également en lumière l’église de Saint-Amans qui abrite entre autres de superbes tapisseries. Une église qui a été reconstruite entre 1758 et 1764, l’ancienne, en ruine, menaçant de s’écrouler. La vie s’est organisée autour de celle-ci, tandis que la cité s’organisait autour de la cathédrale. Faisant du coup du quartier Saint-Amans, à l’époque, le faubourg de la ville.

D’ici peu le retable abritant l’armoire reliquaire va faire l’objet d’un travail de restauration, de même que quelques plafonds de l’église. Les crânes seront, eux, mis en sécurité. Ils feront l’objet de diverses expertises avant de retrouver leur église d’ici deux à trois ans. Et ils devraient cette fois-ci, avec toutes les mesures de sécurité nécessaires, rester exposés, histoire de ne pas tomber une nouvelle fois dans l’oubli !