Yassin Salhi, qui avait décapité son patron en Isère, s'est suicidé en prison

  • Yassin Salhi à la sortie de son appartement, emmené par les policiers de la BRI le 28 juin 2015 à Saint-Priest
    Yassin Salhi à la sortie de son appartement, emmené par les policiers de la BRI le 28 juin 2015 à Saint-Priest AFP/Archives - PHILIPPE DESMAZES
  • Herve Cornara en juin 2014 à Chassieu
    Herve Cornara en juin 2014 à Chassieu Les marronniersVoisins d'en haut/AFP - --
  • Des enquêteurs à l'endroit où le corps décapité d'Hervé Cornara, patron d'une  entreprise de transport, le 26 juin 2015 à Saint-Quentin-Fallavier
    Des enquêteurs à l'endroit où le corps décapité d'Hervé Cornara, patron d'une entreprise de transport, le 26 juin 2015 à Saint-Quentin-Fallavier AFP/Archives - Philippe DESMAZES
  • Laurence et Kevin, la femme et le fils d'Hervé Cornara, lors d'une marche le 30 juin 2015 à Saint-Quentin-Fallavier
    Laurence et Kevin, la femme et le fils d'Hervé Cornara, lors d'une marche le 30 juin 2015 à Saint-Quentin-Fallavier AFP/Archives - PHILIPPE DESMAZES
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Centre Presse Aveyron

Il avait décapité son patron et attaqué un site gazier en juin en Isère : Yassin Salhi, qui avait recouru à une mise en scène islamiste, s'est suicidé mardi soir dans sa cellule de la prison de Fleury-Mérogis.

Ses actes, qui avaient brutalement rappelé l'enjeu de la sécurité des sites industriels sensibles, s'étaient inscrits dans la liste des attentats, et projets d'attentats, qui ont jalonné l'année 2015 en France, de l'attaque contre Charlie Hebdo en janvier au carnage du 13 novembre à Paris.

Yassin Salhi s'est suicidé dans sa cellule du quartier d'isolement de la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis (Essonne), a-t-on appris mercredi auprès de l'administration pénitentiaire. Le détenu n'avait pas été repéré comme suicidaire, a-t-on précisé de même source.

"Il n'avait jamais posé de difficultés depuis le début de sa détention", a confirmé une source judiciaire. Selon cette source, Yassin Salhi s'est pendu aux barreaux de sa cellule avec "le câble électrique de sa bouilloire". Il est décédé à 21H15.

"Il aura été un lâche jusqu'au bout", a réagi sur Europe 1 Laurence Cornara, la veuve du patron assassiné. "Je suis en colère. C'est la peur que j'avais, mais je ne pensais pas que ça arriverait. Soi-disant, il n'était pas suicidaire. Il y a bien une erreur quelque part", a-t-elle lancé.

Yassin Salhi, un chauffeur-livreur de 35 ans, avait été placé en détention provisoire fin juin 2015 à la suite de l'attentat perpétré à Saint-Quentin-Fallavier (Isère), après avoir été mis en examen notamment pour assassinat en relation avec une entreprise terroriste.

A l'inverse d'un Mohamed Merah, des frères Kouachi, d'Amédy Coulibaly ou des jihadistes qui ont frappé Paris en novembre, Salhi a toujours contesté toute motivation islamiste, invoquant un différend professionnel avec son patron.

Mais pour la justice, le patron de son entreprise de transport, Hervé Cornara, qu'il a avoué avoir tué, était bien une victime du terrorisme islamiste.

- Selfie macabre -

Selon le récit des enquêteurs, Yassin Salhi avait quitté le 26 juin 2015 au matin l'appartement qu'il occupait avec son épouse et ses trois enfants à Saint-Priest (Rhône) pour se rendre au siège de son entreprise, Colicom, à Chassieu, au sud-est de Lyon. Il avait sur lui un couteau et un fusil à pompe factice.

Au siège de Colicom, il avait chargé son utilitaire de bouteilles de gaz en vue d'une livraison puis attendu Hervé Cornara, avec lequel il avait eu une vive altercation deux jours plus tôt pour une palette renversée.

Il avait fait monter son patron dans son véhicule puis l'avait assommé avant de l'étrangler. Il s'était ensuite dirigé vers l'usine de gaz industriels Air Products. Sur place, il avait décapité sa victime avec son couteau. Il avait ensuite pénétré sur le site, où on lui avait ouvert la porte sans formalité car il était connu du personnel pour ses livraisons.

Il avait alors sorti la tête de Cornora pour la fixer sur un grillage, parachevant sa mise en scène macabre en accrochant à proximité deux drapeaux frappés de la "chahada", la profession de foi musulmane.

Après avoir pris des photos, il les avait envoyées à un ami parti combattre en Syrie, dont un selfie auprès de la victime. Puis il avait repris son utilitaire et était entré en collision avec des bouteilles de gaz, provoquant un explosion, avant d'être maîtrisé par des pompiers arrivés sur place et auxquels il avait lancé: "Allah Akbar".

L'attentat "correspond très exactement aux mots d'ordre de Daech" (acronyme arabe de l'organisation jihadiste Etat islamique, l'EI), avait estimé le procureur de Paris François Molins.

Le suicide de Salhi "est un dysfonctionnement pour quelqu'un qui était à l'isolement. Avec sa mort, une nouvelle boîte noire du terrorisme disparaît", s'est indignée Me Samia Maktouf, qui intervient pour les victimes de plusieurs dossiers terroristes, dont l'affaire Merah et Charlie Hebdo. "C'est un nouvel attentat contre lui-même. Les terroristes doivent le considérer comme un martyr", a-t-elle poursuivi.

L'EI a revendiqué les attentats parisiens de novembre, qui ont fait 130 morts et des centaines de blessés.

Source : AFP

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