Figure ruthénoise, le coiffeur Antoine tourne la page

Mercredi soir, c’était son dernier jour. Antoine Gioia ne cachait pas son émotion de quitter son métier après 57 ans d’exercice. «Je remercie toutes ces personnes qui m’ont prêté leur tête pour les rendre beaux et belles pendant toutes ces années», confie-t-il avec un accent qu’il n’a jamais réussi à perdre. D’origine italienne, le Ruthénois d’adoption a commencé à couper les cheveux à l’âge de 14 ans. C’était en 1960. Depuis, il n’a jamais changé de métier. Au fil du temps, il a vu le métier évoluer tant côté esthétique qu’au niveau de la pratique. Antoine Gioia a été le premier à créer un salon mixte. «C’était en 1980. Je n’ai pas eu de problèmes, mais ce n’était quand même pas très bien vu. J’ai eu l’idée de mettre des sièges dos contre dos, sans jamais de vis-à-vis pour ne pas gêner les dames», se rappelle Antoine Gioia. Toujours innovant, celui qui «aime la coiffure, le contact avec les gens», a créé un des salons les plus modernes qui soit, à l’époque.

Clientèle fidèle

En 1984, Antoine s’installe boulevard Gambetta et inaugure sa boutique actuelle, La coupe. «Les gens me disaient: c’est la galerie des glaces ici», se souvient Antoine Gioia, le sourire hésitant. Mais ce n’est pas là sa seule fierté. En 1990, il fait partie des salons «Intercoiffure». Seulement 200 d’entre eux pouvaient y prétendre en France et 2000 dans le monde. Il a aussi représenté son métier en tant que président de l’organisation professionnelle, de 1980 à 1987. Ces deux fiertés viennent compléter ce qui lui tient encore plus à cœur, la fidélité de sa clientèle.«J’ai coiffé des générations de Ruthénois. Il y en a qui n’ont connu que moi, d’autres qui sont venus de pères en fils se faire coiffer chez moi», ajoute le futur retraité, aujourd’hui âgé de 71 ans passés. Un âge qu’on ne lui donne pas tellement le temps semble glisser sur ce professionnel. «Ma femme est jeune, mes enfants sont jeunes, j’aime les gens, mon métier… Je crois que c’est tout ça qui me fait garder en forme», dit-il. Jusqu’au bout, Antoine Gioia aura réussi. Pour preuve cette reprise de son local brillamment réalisée puisque c’est Camille Albane qui s’installe à cette adresse.