À la ferme de Daoudou, c’est l’appel de la forêt

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    À la ferme de Daoudou, c’est l’appel de la forêt
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GDM

Alors qu’octobre bascule, l’été n’en finit pas de tirer ses ultimes hallebardes sur les hauteurs du pays de Najac. Là, au milieu d’une trentaine d’hectares de forêt et autant de prairies, avec son approche paysanne atypique, Marie-Pascale Gaufre refuse de s’enfermer dans le confort de l’habitude.

Chez elle, pas besoin de débat sur le glyphosate, puisque la molécule et les composants des infusions chimiques de Monsanto y sont interdits de séjour. Car après avoir développé des approches collectives autour de ses troupeaux de chèvres et de cabécous qui firent chavirer bien des papilles, puis s’être focalisée autour d’une agriculture plus équestre, Marie-Pascale n’entend pas enfermer ses pieds dans les sabots du ronronnement de l’habitude. Depuis plus de trois ans, avec l’énergie débordante qui est la sienne, elle s’attelle à l’immense chantier de remettre en état sa forêt sur ce bout de Rouergue.

Tronçonneuse en main et idées en tête, avec ses équipes, elle défriche, nettoie, coupe et tranche avant d’offrir, dans la plus grande des libertés, bois et sous-bois parsemés de feuilles et d’herbacés aux mâchoires de ses fjords, avant que brebis et chèvres ne parachèvent le travail de débroussaillage. « Il est important de rester agriculteur, tout en s’occupant de la forêt qui est une composante à 100% de toute exploitation », opine la maîtresse des lieux.

Cette idée de pousser le plus loin possible la protection de la nature via la remise en état de la forêt n’est pas, chez elle, née de la dernière pluie. Conjointement à une formation agricole standard, elle s’est penchée sur le berceau d’un diplôme de guide dans lequel la substantifique moelle environnementale sauta aux yeux. « En fait, ce n’est pas très compliqué, analyse-t-elle, il suffit de regarder quels arbres poussent sur telle parcelle, d’en supprimer quelques-uns s’ils sont trop tassés, puis d’aérer en les élaguant, afin d’apporter plus de lumière pour aider tout ce qui est herbacés et arbustes à s’épanouir... et de ressemer de la prairie. »

Tout est question d’équilibre consent-elle. D’autant que sur ce plateau fait de combes et de puechs, les terroirs se superposent en sautant du granito- schisteux, marque de fabrique du Ségala, à l’argilo-calcaire du causse. Avec les espèces en adéquation avec chaque terre. Mais attention, ici tout est calculé, pensé, mesuré. L’improvisation n’accompagne pas le cheminement. « Nous essayons qu’à chaque endroit, la forêt garde sa conception et ses essences, tout en remaniant un peu le paysage. » Marie-Pascale le reconnaît : « Nous n’inventons rien, car nous nous contentons de faire ce qu’assuraient les anciens il y a cinquante ans en arrière en entretenant leurs forêts. »

Avec, cependant, pas mal de petits plus. Car elle ne se départit jamais de la fibre d’agrotourisme qui est la sienne. Ainsi, des sentiers pour randonneurs pédestres ou équestres - valides ou handicapés c’est l’autre particularité de Daoudou- accompagnent l’aménagement. Si chaque parcelle est étudiée avec précision pour bien connaître les essences qui y poussaient auparavant, le long du parcours, une quinzaine de panneaux didactiques promènent leurs légendes et plongent dans la symbolique de l’arbre. Autour d’un imposant châtaignier « rousse de Laguépie », elle explique les boursouflures en rappelant qu’il y avait là la greffe originelle.

Intarissable lorsqu’elle saute d’un merisier à un alisier, « pendant la guerre, on séchait les fruits qui servaient à remplacer le café... » Chêne pubescent des terres chaudes du Quercy proche ou chêne pédonculé des hauteurs ségali cohabitent. Les espèces fourragères, comme le frêne, sont un pur bonheur pour les animaux qui se gavent de leurs feuilles à leur tombée. « On passe de la châtaigneraie à la chêneraie, ce projet c’est de la folie pure, mais j’adore. » Au bout du bout, c’est bien tout un patrimoine végétal qu’elle entend sauver de l’oubli. Sans perdre de vue le plus que cela induit pour les hôtes de la ferme sur fond d’agriculture et de tourisme.

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