Rue Paraire, la folle et ardente chapelle d’Artaud

  • Une patrouille cabossée vole ces temps-ci sous la voûte.
    Une patrouille cabossée vole ces temps-ci sous la voûte.
  • Rue Paraire, la folle et ardente chapelle d’Artaud Rue Paraire, la folle et ardente chapelle d’Artaud
    Rue Paraire, la folle et ardente chapelle d’Artaud
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Centre Presse / Philippe Routhe

Parée de la couleur rougeâtre d’un coucher de soleil, la petite chapelle Paraire se voit de loin. On a en revanche parfois un peu de mal à en trouver le chemin. Il faut emprunter ces escaliers de la rue Paraire, située sous le lycée Foch, pour en trouver l’entrée.

Un peu loin du tumulte de la ville, décalée des axes de passages, cet édifice du XIXe siècle aurait pu tomber dans l’oubli. C’était sans compter sur l’association « Rodez Antonin Artaud » qui y a trouvé un formidable écrin pou y exposer des œuvres en résonance avec cet artiste qui les passionne.

En témoigne l’exposition actuelle, à voir jusqu’au 20 novembre (1) : « L’univers cabossé de Cyrill Hatt ». Où l’on retrouve un formidable avion de la patrouille de France suspendu dans la salle. Un avion réalisé avec cette technique qui le caractérise. A savoir agrafer des clichés photographiques de l’objet qu’il reproduit. Une moto, un piano, un paon... tout ce qui est exposé a quelque chose de fascinant.

Il faut dire qu’au fil des quinze dernières années, ce sont des expositions fascinantes qui ont été proposées par l’association. Qu’elles soient collectives, ou signée d’un seul artiste, elles ont toutes ce brin de folie, ou pas, qui renvoie à Antonin Artaud.

« Elle s’en donne du mal pour trouver des expositions, et elle y arrive tout le temps. elle nous impressionne », confie un des membres de l’association à l’évocation de Mireille Larrouy, la présidente de l’association. Qui, il y a bientôt quinze ans, n’a pas caché sa joie de voir le conseil départemental lui confier cette chapelle. Enfin un espace Antonin-Artaud dans la ville.

Cette ville de Rodez dans laquelle cet être complexe qu’est Artaud a passé des années décisives. Et notamment à l’hôpital psychiatrique Paraire (qui sera transféré à Cayssiols) de 1943 à 1946, où il était soigné par le docteur Ferdières. Pris de crises mystiques, il venait dans cette chapelle se recueillir.

« Mais c’est quand même dommage, nous n’arrivons pas ce qu’elle figure sur les panneaux de signalisation », regrette un membre de l’association. Qui se souvient de cet épisode qui agaça quelque peu l’association cet été. « Des Chinois étaient au musée Soulages. Après la visite, ils souhaitaient se rendre à la chapelle Paraire. Et à l’accueil, on leur a dit que ce n’était sans doute pas à Rodez ! »

Antonin Artaud a pourtant son coin de bar, au Broussy, où une plaque avec son nom a été apposée. Il a aussi son buste dans la salle du conseil municipal. Dernièrement, le conseil départemental a acquis des manuscrits et une photo mis aux enchères par son neveu Serge Malosséna. Fut un temps, des portraits réalisés au pochoir ornaient quelques murs de la ville, comme il orne une des façades de la chapelle Paraire.

Mais l’année prochaine, nul doute que la chapelle Paraire fera la Une. L’association fêtera les 70 ans de la mort d’Antonin Artaud, les 20 ans de l’association et les 15 ans... de la chapelle Paraire. Peut-être que quelques panneaux de signalisation dans la ville inviteront alors les visiteurs, de plus en plus amateurs d’art, à déambuler dans ce coin de la ville...

Rue Paraire, la folle et ardente chapelle d’Artaud
Rue Paraire, la folle et ardente chapelle d’Artaud

(1) Exposition ouverte du mercredi au samedi, de 15 heures à 18 heures, jusqu’au 20 novembre. Entrée libre.

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