Rodez. Filière réhabilitation : quand la psychiatrie pousse les murs

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  • À Rodez, le centre de réhabilitation psychosociale dispose notamment d’un bar thérapeutique.
    À Rodez, le centre de réhabilitation psychosociale dispose notamment d’un bar thérapeutique. J.A.T
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Xavier Buisson

L’objectif de la Semaine d’information sur la santé mentale est cette année d’informer autour du thème "santé mentale et discriminations" à travers plusieurs manifestations. Inclure les malades dans la société, modifier le regard qu’elle porte sur eux pour leur permettre une "qualité de vie optimale", c’est ce à quoi s’emploie la filière réhabilitation du centre hospitalier Sainte-Marie de Rodez. Entretien avec le docteur Pierre Kivits, médecin psychiatre et responsable de cette filière, à la tête d’une équipe de près de 80 personnes en charge de l’insertion des malades psychiatriques aveyronnais.

Le centre hospitalier Ste-Marie compte, outre un service d’urgences psychiatriques (UADO), une filière réhabilitation psychosociale, créée en 2015. Comment fonctionnait le suivi des patients avant cette date ?

Différemment ! On fonctionnait de façon incomplète avec des difficultés dans la continuité des parcours et par ailleurs on manquait d’outils.

Désormais, on favorise un suivi des patients (schizophrènes, bipolaires, dépressifs, etc.) depuis la phase de crise jusqu’à une phase de réhabilitation psychosociale, avec un ensemble d’actions à mettre en œuvre pour des patientes avec des difficultés chroniques pour leur permettre une qualité de vie optimale.

Des actions sont menées à au centre hospitalier Sainte-Marie, mais aussi hors les murs ?

Surtout hors les murs ! Une fois passée la phase aiguë, le patient quitte l’unité de crise et peut passer dans une autre unité pour un travail plus long.

Nous favorisons les actions à l’extérieur, l’inclusion dans la cité, autour notamment de l’Équipe mobile de réhabilitation (EMR), composée d’infirmier, éducateur spécialisé, assistante sociale, psychologue… nous assurons un suivi des personnes, notamment les patients admis en appartement relais.

Dans leur démarche d’insertion, les patients ont accès à une quarantaine de studios ou appartement dans le département…

Oui, 25 appartements et 16 studios ainsi qu’un appartement thérapeutique, et on continue à augmenter le parc ! Ce sont des logements supervisés, l’équipe mobile se déplace jusqu’à deux fois par jours chez les patients, et le but est de leur permettre d’accéder à un logement autonome, hors du giron de la filière réhabilitation.

De quels autres outils disposez-vous pour favoriser l’insertion de vos patients ?

Le Centre de réhabilitation psychosociale (CRPS), rue de l’Abbé Bessou à Rodez, est le centre de rassemblement des équipes. Il y a les studios relais mais c’est aussi un lieu de mise en relation des patients avec les centres d’aide par le travail ou les entreprises intermédiaires, avec aussi un bar thérapeutique géré par et pour les patients qui se sentent très impliqués. De nombreuses activités à visée de réhabilitation, comme des ateliers de remédiation cognitive, sociaux ou psycho-éducatif, car les patients s’en sortent mieux quand ils ont accepté leur maladie. Il y a aussi des ateliers plus classiques avec des arts plastiques, de la musique, de la cuisine…

La Semaine d’information sur la santé mentale se tient actuellement, avec pour thématique "santé mentale et discriminations". Une occasion de changer les regards sur les malades souffrant de pathologies psychiatriques ?

Les discriminations sont une entrave à l’insertion. L’insertion des malades dépend de leurs capacités et de leurs motivations, mais aussi à l’accueil que leur réserveront la société et le monde du travail. Beaucoup de stéréotypes sont associés à la maladie mentale. C’est une action importante de sensibilisation, qui permet à la société d’avoir davantage d’informations.

Du théâtre pour sensibiliser davantage

La Semaine d’information sur la Santé Mentale – SISM- aura cette année pour thème "santé mentale et discriminations". En effet, les discriminations sont de réels facteurs de risque pour la santé mentale, qu’elles soient liées à la situation de précarité, à la nationalité, au genre, aux problèmes de santé, au handicap, etc.

Ainsi, les discriminations envers les personnes concernées par les troubles psychiques sont nombreuses, telles celles qui peuvent être vécues à l’embauche, dans l’accès aux soins ou au logement, par exemple.

C’est dans ce cadre que l’Union nationale des familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques, et ses partenaires, invite les Aveyronnais à partager différents moments qui se rapportent à cette question.

À Sébazac : samedi 10 octobre à 20 heures – salle de La Doline et à Millau dimanche 11 octobre à 17 heures à la Maison du Peuple, la compagnie Mmm présente sa pièce G.R.A.I.N comme Groupe de Réhabilitation Après un Internement ou N’importe, une "farce sur la représentation de la folie et la folie de la représentation" autour de situations issues d’une enquête fouillée près de professionnels du milieu psychiatrique.

La seule comédienne sur le plateau y joue son propre rôle. À partir de 12 ans, entrée libre et gratuite (libre participation aux frais), masques et mesures barrières seront obligatoires.

Renseignements au 07 77 38 96 00

La filière réhabilitation psychosociale dans le détail

La structure a vu le jour en février 2015 avec pour but de "développer la réhabilitation psycho-sociale en tant que soin visant la réinsertion des malades et la consolidation à long terme", mais aussi de "renforcer l’articulation des acteurs autour de réponses collectives".

Elle se compose de deux unités d’hospitalisation spécifiques : USR, Unité de soins et de réhabilitation et UHC, Unité d’hospitalisation contenante ; d’une UTM, Unité des thérapies médiatisées ; d’alternatives à l’hospitalisation complète : AFT (Accueil familial thérapeutique) et Appartements thérapeutiques.

La filière dispose par ailleurs d’une activité ambulatoire, le CRPS, Centre de réhabilitation psycho-sociale basé à Rodez avec 16 appartements relais et un bar thérapeutique et d’une équipe mobile de réhabilitation.

Du côté des personnels intervenant au sein de la filière, 19 infirmiers, 13 aides-soignants et 7 agents hôteliers sur les unités de soins (USR / UHC) ; 6 infirmiers et 2 aides médico-psychologiques sur l’Unité de Thérapie Médiatisée ; 10 infirmiers sur le Centre de réadaptation psycho-sociale (CRPS) et deux autres sur les appartements thérapeutiques. Enfin sur l’équipe mobile de réhabilitation, six infirmiers et 1 éducateur spécialisé soit au total 51 infirmiers (dont 8 de nuit), 20 aides-soignants (dont 7 de nuit), un éducateur spécialisé, 2 aides médico-psychologiques et 7 agents hôteliers

En termes de résultats, si tant est que l’action de la filière soit "quantifiable", 225 bénéficiaires sont comptabilisés dont 67 en "résidentiel" et 25 ont quitté la structure pour des logements autonomes. "Je le vois, au quotidien. Je rencontre des patients, stabilisés, qui vivent une rémission de leur maladie", explique Pierre Kivits, médecin psychiatre et responsable de cette filière

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