Decazeville. Manu Cantos : "L’économie est en danger", en Aveyron aussi

Abonnés
  • Manu Cantos est très inquiet.
    Manu Cantos est très inquiet. BHSP.
Publié le
SAINT-PAUL Bernard-Hugues

Face à la situation actuelle du confinement et des mesures gouvernementales, nous avons sollicité Manu Cantos, qui fut entre autres président de la CCI de l’Aveyron de 2011 à 2016, et auparavant durant 15 ans juge puis président du tribunal de commerce de l’Aveyron.

Manu Cantos est actuellement conciliateur de justice auprès de la cour d’appel de Montpellier. Ancien chef d’entreprise, il est toujours administrateur de Cantos Holding.

Quelle est votre opinion sur le contexte économique lié au reconfinèrent?

Le contexte économique est aujourd’hui très préoccupant, car la plupart de nos entreprises et de nos commerçants sont actuellement en grand désarroi et n’ont aucune visibilité sur leur devenir. Beaucoup redoutent que le travail de toute une vie et les sacrifices quelquefois faits par plusieurs générations soient réduits à néant dans cette période catastrophique pour notre économie.

À vos yeux, quelles seraient les bonnes mesures qui allient à la fois sécurité sanitaire et préservation d l’économie?

Je considère qu’aujourd’hui toutes les mesures liées à la pandémie et à la protection de nos concitoyens dans l’aspect sanitaire ont été prises. Je rends hommage à l’ensemble des personnels médicaux, irréprochables dans leur mission.

Je crains qu’il soit un petit peu trop facilement passé sous silence qu’aujourd’hui la crise sanitaire ait été probablement sous-évaluée. Avec une deuxième vague pourtant annoncée et des annonces trop souvent contradictoires ou incompréhensibles que nous traduisons : "Quand on n’a rien à dire, il faut le faire savoir".

Nos gouvernants me semble-t-il ont manqué de vigilance et devraient avoir un stage obligatoire dans une PME PMI ou chez un commerçant avant d’exercer une mission aussi importante sur le plan national.

En effet, le nombre de défaillances de PME, de PMI, de commerçants et de petites structures sont actuellement au fond du gouffre et malgré les aides accordées, ils ont également besoin de réconfort, de considération et de signaux forts d’encouragement.

Les mesures prises, ont souvent été considérées comme injustes car la libre concurrence a été manifestement faussée.

Les petits ont été trop durement sanctionnés. Les grandes surfaces et bien entendu les grandes structures dont les GAFA sortent les grandes gagnantes de cette douloureuse épreuve, touchant de plein fouet la grande majorité des entrepreneurs, des petites structures et des commerces de proximité.

Nos gouvernants ont pris c’est évident une lourde responsabilité en considérant que seuls les petits commerces devaient fermer leurs portes alors que les grosses structures avaient la possibilité de vendre les mêmes articles sans contraintes.

Nos petits entrepreneurs sont rarement invités autour de la table et quand ils le sont, le repas est terminé.

Selon moi, les bonnes mesures n’étaient pas d’interdire aux grandes surfaces de vendre ces mêmes articles, mais plutôt de permettre aux autres commerçants de rester ouverts car ils ont été parfaits dans leurs obligations de mettre en place des gestes barrières et de limiter le nombre de personnes dans leurs magasins.

Que pensez-vous des arrêtés de certains maires défendant leurs commerces de proximité?

L’économie est en grand danger. J’apprécie les maires qui ont eu le courage de prendre un arrêté municipal pour soutenir ces petits commerçants, même si le risque est grand que le tribunal administratif les annule.

Avec ce signal fort certes symbolique, ils se sont montrés solidaires avec le commerce de proximité.

Heureusement, nos entrepreneurs ne se considèrent jamais battus ; font toujours preuve de beaucoup d’imaginations et continuent à lutter car cette lutte est un ADN, pour ne pas dire un don que la nature offre à chaque individu.

Néanmoins les solutions d’urgence ne peuvent pas être pérennes ; elles ne peuvent que retarder une issue se présentant fatale.

Beaucoup sont déjà dans le rouge dans une situation plus que préoccupante.

Vous êtes donc inquiet sur l’avenir?

Effectivement, les sujets d’inquiétude sont multiples.

La délinquance quotidienne qui s’installe me préoccupe beaucoup.

Il n’est pas normal que les forces de l’ordre soient souvent prises pour cible, par exemple le non-respect de l’obligation d’obtempérer en fonçant sur les représentants de l’ordre public. Et si par malheur cela se passe mal, ce sont les forces de l’ordre qui sont en accusation. C’est difficilement compréhensible.

Si cela continue, je redoute que nos gouvernants deviennent à terme des professionnels de la passivité, faisant beaucoup de mousse avec peu de savon.

Se rajoute à ce climat de forte inquiétude, le terrorisme qui s’installe de façon chronique dans notre société, provoquant la terreur du lendemain, ce qui est loin de favoriser une bonne activité économique. L’horreur ne peut avoir un avenir.

Je fais confiance à nos entrepreneurs pour résister et surmonter une nouvelle fois cette épreuve. Je sais qu’ils y parviendront.

En dépit des inquiétudes, l’optimisme est toujours une bonne solution".

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
L'immobilier à Decazeville

127000 €

2 Km Centre-ville, Maison T6 avec garage, terrasse, cave et terrain clos de[...]

Toutes les annonces immobilières de Decazeville
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?