Nos mots pour évoquer les deuils des autres et ceux qui nous touchent personnellement diffèrent

  • Dans cette étude, l'expérience de la mort décrite par les participants souligne une nette différence du vocabulaire employé pour exprimer leurs propres sentiments et ceux des autres.
    Dans cette étude, l'expérience de la mort décrite par les participants souligne une nette différence du vocabulaire employé pour exprimer leurs propres sentiments et ceux des autres. kasto80/Istock.com
Publié le
Relaxnews

(ETX Studio) - Comment parler de la mort et du deuil avec notre entourage ? Une équipe de chercheurs australiens a analysé le vocabulaire employé par un millier d'adultes lorsqu'il s'agit d'aborder ces questions. 

Déjà six ans. Six ans depuis les terribles attentats survenus en France entre le 7 et le 9 janvier 2015, qui ont provoqué 17 décès. Un souvenir collectif et douloureux qui reste difficile à évoquer sans se sentir submergé par la colère ou la tristesse. Et qui soulève cette question légitime : comment aborder la question du deuil, à fortiori lorsqu'elle nous touche personnellement ? 

Une récente étude consacrée au sujet parue dans la prestigieuse revue Plos One apporte quelques éléments de réponse. Des chercheurs ont interrogé 1.491 personnes dans le cadre d'un cours en ligne de six semaines dispensé par l'université Flinders en Australie.

Au moment de l'inscription, les participants au MOOC ont répondu à une courte série de questions concernant leur attitude générale face à la mort. L'idée était d'analyser le choix des mots des participants pour exprimer leurs sentiments et leurs idées sur ce sujet précis, puis de comparer ces réponses avec elles obtenues après les six semaines de formation.

Dans cette étude, l'expérience de la mort décrite par les participants souligne une nette différence du vocabulaire employé pour exprimer leurs propres sentiments et ceux des autres. Les termes "triste", "peur", "effrayant" ou "perte" leur venaient par exemple plus naturellement lorsqu'il s'agissait de parler du deuil concernant une tierce personne.

En revanche, lorsque la question de la mort les concernait directement, les personnes qui ont suivi la formation se montraient plus enclines à employer des termes moins négatifs sur le plan émotionnel, tels que "inévitable", "paix" ou "naturel". À la fin du programme, les participants étaient toutefois capables d'utiliser "des mots plus agréables, plus calmes et plus maîtrisés pour exprimer leurs sentiments", observent les chercheurs.

"Ces informations pourraient avoir un impact sur notre volonté d'entamer des conversations sur la mort avec les autres", ajoute le Dr Miller-Lewis, co-auteur de la recherche. "Est-ce que nous l'évitons parce que nous pensons que les autres seront contrariés si nous en parlons ou est-ce que ce type de réaction contribue plutôt à entretenir des non-dits sur des sujets aussi importants ?", souligne le chercheur. 

Selon la professeure Jennifer Tieman qui a également participé à l'étude, d'autres recherches impliquant l'analyse des sentiments face à la mort et au deuil pourraient fournir des informations précieuses sur la façon dont les gens appréhendent d'autres situations en lien avec la santé, notamment les soins palliatifs, l'euthanasie et la pandémie de Covid-19.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?