L'Aveyron de... Cyril Kamir : "L’Aveyron doit garder son côté sauvage"

  • Quand sa plume se fait lyrique, Cyril Kamir nous dévoile son attachement presque viscéral au département. Conor Horgan
    Quand sa plume se fait lyrique, Cyril Kamir nous dévoile son attachement presque viscéral au département. Conor Horgan Repro CP - Conor Horgan
Publié le , mis à jour
Aurélien Delbouis

Addictologue en région parisienne, le natif de Montrozier est aussi, et sans doute avant tout, un amoureux de nature, d’aventures, de grands espaces et de petites rivières. Réalisateur de documentaires pour Canal + ou Seasons, en charge de la rubrique shopping pour "Tirmag", Cyril Kamir a aussi créé "Le Mouching" un site internet dédié à la pêche à la mouche et a tous ses à-côtés. Pour l’Aveyronnais, il nous dévoile sa passion du département. Une saine addiction à laquelle il cède avec délice.

Un lieu emblématique

Un de mes endroits favoris est Saint-Jean le Froid. Sentiment d’austérité et d’abnégation avec cet ermitage, grandeur et beauté de la vue, tourbillons des nuages sur l’Aubrac lointain, le Rougier et la douceur des vignes à nos pieds. J’aime cet endroit comme tant d’autres en Aveyron qui, en un regard, nous offre toute la diversité de notre pays.

Un endroit où se ressourcer

L’Aveyron qui coule au pied du moulin de Roquemissou : la rivière est de taille humaine, le moulin est désuet, les falaises et les abris-sous-roche sont les témoins de la richesse préhistorique de notre région. Petit, j’y ai attrapé ma première truite et j’y suivais ma mère, archéologue, qui trouvait sans cesse des silex taillés ou des morceaux de poteries de la Graufesenque de Millau, qui servaient dans la villa Romaine d’Argentelle. J’y buvais l’eau de la source qui sort de sous le causse et récoltais le cresson du ruisseau. Les cèpes qui poussent sous les pins de la dévèze et les fraises sauvages dont on se goinfrait dans nos cabanes d’enfants.

Un rituel immuable

C’est plus fort que moi, à peine arrivé je ne peux m’empêcher d’aller chez le boucher, peu importe où il est, j’ai un besoin irrépressible de viande, et quand je pousse la porte, je ne peux résister : fricandeaux, tripoux, côtes de bœuf, côtelettes d’agneau, et la saucisse, miladiou ! Un rituel immuable.

Un souvenir, une anecdote

Un soir d’été où je rentrais de Paris, sur la route de l’Aubrac, près de Saint-Côme, j’ai garé ma voiture près d’un petit ruisseau. En slip et en baskets, ma canne à pêche dans une main, une boîte à mouches dans l’autre, je suis parti faire le coup du soir. Dans un courant sous la berge d’en face, j’ai repéré un petit gobage. Après deux passages, la truite s’est emparée de ma mouche ! Et quelle truite ! Presque le kilo (à l’époque on ne mesurait pas, on pesait). Exceptionnellement, je l’ai gardé. Je suis remonté vers ma voiture, transi de froid mais heureux. J’ai roulé vers Montrozier, avec le dîner.

Une personnalité marquante

Eugène Viala pour ses peintures qui transmettent l’âme de l’Aveyron. Ou alors Maurice Fenaille, mais c’est un peu facile. (Cyril Kamir est un familier du célèbre industriel, collectionneur d’art et mécène français qui s’installa au château de Montrozier où était née son épouse NDLR)

Une spécialité

Le bœuf d’Aubrac ! Je ne peux pas résister. Souvent je calcule mon trajet de Paris pour arriver chez le boucher avant la fermeture, juste à temps pour arriver à la maison avec une bonne côte. Le temps de défaire mes bagages et préparer le feu, la récompense du voyage c’est cette grillade ! J’aime aussi les babissous (pleurotes du panicaut NDLR), mais il n’y en a pas toute l’année !

Un poisson

Une truite, pardi ! Une belle fario avec les points rouges bordés de noir, la truite sauvage qui nous fait tous rêver !

Une journée idéale

J’aime l’hiver dans l’Aveyron, au mois de février, quand le matin gelé offre un paysage en noir et blanc, que la neige étouffe tous les sons. Aller regarder l’eau qui court sous le pont, rouler sur le causse et aller chercher le déjeuner, le dîner, puis rentrer alors que les flocons tombent à nouveau. Se réchauffer enfin auprès du feu en se disant que demain, on ira sur l’Aubrac !

Un souhait, un projet, un rêve…

J’aimerais que les rivières soient bien entretenues et surveillées. Que les parcours "prendre et relâcher" soient plus nombreux et que l’on puisse y attraper plein de poissons ! Que l’Aveyron si difficile d’accès, garde son côté sauvage, et devienne une destination de premier choix pour la pêche à la mouche. Que cette économie, si désuète chez nous, devienne un fer de lance comme elle l’est dans d’autres pays ou même d’autres régions. Du Tarn au Lot, du Viaur à l’Aveyron, j’aimerais tant que nos rivières soient propres et poissonneuses !

Retrouvez l'univers de Cyril Kamir sur Le Mouching.com

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