Hôpital de Millau : "On a progressé sur la surveillance du patient"

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    Béatrice Madonna-Py : "On connaît mieux la maladie." M. C. - MAXIME COHEN
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maxime cohen

La cheffe du service de médecine polyvalente de l’hôpital de Millau, Béatrice Madonna-Py, revient sur l’évolution du traitement du Covid. Entretien.

Comment avez-vous appréhendé l’arrivée du Covid-19 ?

On a commencé à se poser des questions début mars, avant le premier confinement. On n’était pas dans une démarche thérapeutique, mais plutôt "Comment faire le diagnostic ?". Au niveau national, il n’y avait pas beaucoup de moyens pour cela et on était limité en nombre de tests.

Fièvre, courbatures…

On parlait beaucoup de signes respiratoires, c’était assimilé aux symptômes de la grippe. Chez les personnes âgées, c’étaient des chutes, de la confusion, des diarrhées. En revanche, ça ne donnait pas forcément les mêmes pneumo- pathies sur le scanner. Son utilisation nous a beaucoup aidés.

Quelle était la première démarche quand un patient arrivait ?

Il y a toute une organisation mise en place. D’abord, on l’interrogeait, on faisait une prise de sang pour éliminer la grippe parce que c’était la période. Ensuite, on s’orientait vers la PCR mais on savait qu’on n’allait pas avoir les résultats tout de suite. On complétait par un scanner thoracique.

Comment avez-vous soigné les premiers patients ?

Comme on traite la grippe. C’est-à-dire hydratation, oxygène, antibiotiques si on suspectait une surinfection et anticoagulation préventive comme toutes maladies infectieuses.

Avez-vous vu qu’il y avait des différences de réactions par rapport à la grippe ?

Sur le début de l’épidémie, les patients qui étaient positifs allaient à Rodez pour la suite de la prise en charge. Mais on sait qu’il y a parfois eu des difficultés.

Comment vous êtes-vous documentée pour connaître les bonnes pratiques face à cette nouvelle maladie ?

Beaucoup de choses se sont rapidement écrites. A Millau, notre référence était le service des maladies infectieuses de Rodez. S’il y avait des nouveaux traitements, on était à la page. On communiquait beaucoup quand il y avait des modifications de stratégies thérapeutiques. Il y avait aussi des articles scientifiques avec des études.

Y a-t-il une grosse différence de prise en charge des patients depuis le début de la crise ?

On a connu ce qu’ont probablement connu nos collègues sur la première vague en sachant qu’on avait quand même évolué sur la prise en charge thérapeutique. Souvent, le patient arrive bien, puis il se dégrade. On sait à quelle période ça arrive. On a beaucoup appris de l’évolution de la maladie et ses différentes formes. Il y a des périodes d’aggravation et des thérapeutiques adaptées à ces moments.

Quand vous parlez de différentes formes, évoquez-vous les variants ?

Non. Pour le Covid-19, il y a différentes formes d’évolution. Pour certains patients qui ont beaucoup d’antécédents, on s’est dit que la prise en charge allait être compliquée et ça s’est bien passé. Alors que pour d’autres, qui en ont moins, ça s’est dégradé plus vite. On ne sait pas comment ils évoluent.

Soigne-t-on mieux la maladie aujourd’hui ?

Oui, parce qu’on sait qu’on peut utiliser des corticoïdes et que, sur des formes graves, on n’intube pas forcément. Il y a des médicaments qui restent simples, qui ne sont pas des molécules inédites. On a aussi progressé sur la surveillance du patient.

Est-ce que la prise en charge est toujours aussi contraignante ?

On connaît mieux la maladie, mais il faut toujours qu’on soit habillé d’une manière spécifique. Il y a des choses chronophages, on perd du temps sur le déshabillage et sur le fait qu’il faut faire attention. On n’arrive pas sur une maladie bénigne. Certainement moins qu’au mois de mars, où il y a eu tout un apprentissage.

Avez-vous vu une évolution de la maladie ?

En fonction du degré d’atteinte sur le scanner, on sait s’il va y avoir une grosse période inflammatoire ou non. Il n’y a pas eu d’évolution du tableau clinique.

Avez-vous traité des variants sur des patients à Millau ?

On ne peut pas savoir. Le criblage des PCR positifs se fait depuis peu de temps.

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