Thomas et Estelle Dalmayrac sur le devant de la selle pour leur voyage de noces

  • Le couple a parcouru 16200 km à vélo.
    Le couple a parcouru 16200 km à vélo. DR
Publié le , mis à jour
Rui Dos Santos    

Il est certes né à Paris mais a grandi à Millau. Elle est originaire du Havre. Après avoir dit « Oui » au prieuré de Comberoumal, près de Saint-Beauzély, les deux tourtereaux, qui n’avaient alors pas encore 30 ans, ont relevé un défi : couvrir
à vélo la route qui sépare les deux villes. Mais, pour pimenter un peu le périple, ils sont passés par Istanbul, ont traversé l’Asie, avant de sillonner tout le nord de l’Europe. Le couple a ainsi atteint la Normandie 16 200 kilomètres et près de treize mois plus tard ! Un « voyage lent » dont ils sont rentrés changés.

Question à 15,24 € : quelle distance sépare Millau du Havre à bicyclette ? Les générateurs d’itinéraires routiers s’accordent, en moyenne, sur environ 750 kilomètres. Et, pour un cycliste à la pratique régulière, une semaine est suffisante pour avaler ce trajet.

Thomas et Estelle Dalmayrac ont relevé ce beau défi. à la (double) différence près que, à l’arrivée, leur compteur indiquait 16 200 kilomètres avec un temps de route qui a approché les treize mois ! Ils ont, en effet, donné les premiers coups de pédale dans l’Aveyron le 14 septembre 2014 et ils ont atteint l’embouchure de la Seine le 10 octobre 2015. Manque flagrant d’entraînement ? Ils ont eu les yeux plus gros que... les mollets ? Rien de tout ça.Les jeunes mariés ont, tout bonnement, opté pour une année de lune de miel à vélo, qui les a menés jusqu’à Istanbul, où ils ont pris l’avion pour Bangkok, avant de remonter en selle pour traverser Thaïlande, Cambodge,  Laos, Chine et Mongolie. Avantde survoler la Russie. Ils ont enfourché à nouveau leurs engins à deux roues à Saint- étersbourg et sillonné tous les pays du nord de l’Europe pour rejoindre ainsi Le Havre. Non sans un crochet par... les Alpes pour une dernière respiration.

 

Intothewheel - Russia from kakounet on Vimeo.

Transformés depuis ce voyage

Cinq années ont passé depuis ce tour du monde, mais ce prince et cette princessede la "petite reine" n’ont pas oublié. "Nous n’étions plusles mêmes au retour de ce voyage, tout a changé, confirment-ilsen chœur. Nous avons passé
un an dehors à ressentir au plus près les conditions de vie.Notre perception du monde a pris une autre forme. Je crois que c’est en Mongolie que nous avons constaté les premiers effets du dérèglement climatique".

La ligne de départ avait donc été tracée à Millau. Là où Thomas a grandi car, s’il est né à Paris,en 1985, il est arrivé en Aveyron (le département où a vu le jourson père, précisément du côtéde Decazeville) à l’âge de 3 ans pour en repartir uniquement son bac en poche. Il est devenu ingénieur après des études en électronique à Montpellier,Albi et Rouen.

Des fiancailles déjà à vélo

C’est là qu’il a connu Estelle, née en 1986, qui est devenue son épouse. Qu’il a demandée en mariage, déjà lors d’un périple à vélo, sur la via Claudia Augusta entre Munichet Venise, après une journée galère, dans le noir, le soir surles coups de 22 heures. C’est là qu’il a sorti la bague de fiançailles cachée dans une des sacoches !

Le voyage de noces a donc débuté à Millau. Ils ont roulé les premiers kilomètres avec famille et amis. "Lors d’une petite pause sous un pont de pierres de la valléede la Dourbie, mon père m’a dit “Ton grand-père aurait été fierde toi, je suis vraiment content que tu fasses ce voyage”, se souvient Thomas Dalmayrac. Cet instant restera toute ma vie gravé dans ma mémoire".

Deux vélos plutôt qu'un tandem

Ce ne sera pas le seul. Estelle confirme : "C’était la première fois qu’on quittait tous les deux le continent européen. Et on l’a fait ensemble. Le virus du voyage à vélo avait opéré. On a répondu à l’appelde la nature, on a pris plaisirà rencontrer des gens, à vivre aussi des choses inoubliables". Pourquoi pas en tandem ? Si Thomas parle technique ("Deux vélos, c’est plus simple pourle transport. Il y a moins de pièces compliquées"), Estelle va surle terrain de l’humain : "C’est long treize mois. Quand il y avait un peu de tension, on pouvait ainsi prendre nos distances !".

Repartir un jour en famille

Depuis cette longue expédition,la famille s’est agrandie, avecla naissance de deux filles (Alice, 4 ans, et Julia, 2 ans), et le couple attend un heureux événement(un garçon) pour le mois d’avril. Avec un équipement adapté, qui avoisine les cent kilos à déplacer,la tribu Dalmayrac a poursuivises pérégrinations à travers l’Hexagone avec des virées qui varient entre une et deux semaines. "Nous avons, certes, très envie de faire plus long mais, pour cela, il faudra attendre que l’aînée soit autonome, au guidon de son vélo, soulignent les deux trentenaires. D’ici quelques années. Mais oui, nous avons ça dans la peau".

En attendant, entre deux sorties raisonnables, ils partagent ce qu’ils ont vécu avec des témoignages prenant diverses formes : exposition photos, présentation de leur livre "Voir le monde à vélo" qui est "une invitation au voyage lent". Cet ouvrage est-il un carnet de voyage ? "Oui et non !, répond Thomas Dalmayrac. Le livre est très illustré et, pour les textes, nous avons choisi quinze anecdotes qui racontent en détails ce qui nous a le plus marqué."

Fidèles du marché de pays à Bercy

Avec son épouse Estelle, ils sont aussi les invités de la fédération des Aveyronnais d’ici et d’ailleurs, ce mardi 23 février, à 20h30, dansle cadre des visioconférences proposées par la présidente Marilise Miquel et son équipe. "C’est un plaisir d’échanger avec les gens du pays", se réjouitle Millavois. Si le couple a pris désormais ses quartiers à Nantes (elle est infirmière, il travaille dans une PME spécialisée dans le pilotage et l’optimisation de l’éclairage public), il était fidèle du marché des Pays de l’Aveyronà Bercy, du temps où il habitait à Paris. Et Thomas Dalmayrac n’a pas oublié ses origines : "J’ai passé une quinzaine d’années dans le Sud-Aveyron et, malgré mes nombreux voyages, je sais que je suis très chanceux d’avoir grandi là. Au milieu d’une telle richesse, d’une telle diversité".   

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