Faut-il s'inquiéter à chaque découverte d'un nouveau variant ?

  • La plupart des nouveaux variants n'augmentent pas le danger de contamination.
    La plupart des nouveaux variants n'augmentent pas le danger de contamination. Repro CP - Archives
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R. S.

En l'espace d'une semaine, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé qu'elle surveillait de près deux "variants d'intérêt". Mais au sein de la communauté scientifique, les opinions sur ces alertes varient, elles aussi : la majorité des mutations du SARS-CoV-2 ne sont en effet pas des sources d'inquiétude...

Alpha, Bêta, Delta... En un an et demi, depuis le début de la pandémie de Covid-19, le coronavirus SARS-CoV-2 responsable de la maladie nous a fait découvrir une grande partie de l'alphabet grec. Le virus mute, se transforme, s'adapte, change, à tel point qu'il n'a cessé d'inquiéter les autorités sanitaires et la communauté scientifique.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a d'ailleurs fait de l'étude et de la surveillance des nouveaux variants du Covid-19 son cheval de bataille, ou sa corne de brume, c'est selon. Dernier exemple en date ce mardi 31 août : l'organisme a fait savoir qu'il surveillait de près une nouvelle souche du coronavirus, baptisée "Mu", relève La Dépêche du Midi. Une nouvelle lettre grecque donc. Classée comme "variant à suivre", celle-ci avait été détectée pour la première fois en Colombie en janvier dernier. Sa principale caractéristique selon les derniers éléments d'analyse : un risque "d'échappement immunitaire", c'est-à-dire une résistance accrue du variant aux vaccins existants. 

Ces alertes, l'OMS en a formulé plusieurs ces derniers mois : depuis le début de l'épidémie, près de 500 variants du SARS-CoV-2 ont été détectés. Depuis des mois, seuls les variants les plus contagieux ont été les plus surveillés. "Jusqu'à présent, les variants qui nous ont posé des problèmes sont ceux qui ont accéléré la course de l'épidémie dans une population qui n'était pas immunisée", explique l'épidémiologiste Martin Blachier à nos confrères. 

Près de 500 variants détectés

Aujourd'hui pourtant, l'apparition de nouveaux variants, plus contagieux ne doit pas être constamment sources d'inquiétude selon l'épidémiologiste. "La découverte d'un variant plus contagieux, à cette phase-là de l'épidémie en France, ce n'est pas grave, tempère l'épidémiologiste. La peur d'un variant plus contagieux n'a aujourd'hui plus lieu d'être, étant donné qu'une une majorité de la population française est immunisée soit par la vaccination, soit par une immunité naturelle". En France, plus de 65% de la population fait aujourd'hui l'objet d'un schéma vaccinal complet. 

Subsiste pourtant la peur d'un "super variant". Une mutation qui serait particulièrement résistante à l'immunité naturelle et vaccinale. "C'est le scénario qui fait peur", évoque l'épidémiologiste, reprenant l'exemple du variant "Mu". Le médecin se montre pourtant prudent : "La priorité, c'est de savoir si ce variant est à ce point dangereux qu'il envoie à l'hôpital des personnes qui ont déjà été contaminées ou qui ont un schéma vaccinal complet avec les vaccins que l'on utilise en Europe. Or, pour l'heure, nous ne disposons pas de ces données-là."

Pure spéculation donc pour l'instant. D'autant que Martin Blachier se veut rassurant. "Lorsque l'on avait ce niveau d'analyse avec le variant Alpha et Delta, les premiers résultats montraient que ces variants n'étaient pas sensibles aux vaccins et que l'on observait des résistances in vitro. Or aujourd'hui on voit très bien que les vaccins fonctionnent sur ces variants-là." L'épidémiologiste l'affirme : aucun scientifique n'a fait pour l'heure la découverte d'une mutation du SARS-CoV-2 qui échapperait à la fois à l'immunité naturelle et à l'immunité vaccinale.

"Lorsque ce sera le cas, on pourra s'en inquiéter".

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