Il y a 40 ans la peine de mort était abolie en France

  • Le 17 septembre 1981, Robert Badinter défend l'abolition de la peine de mort à l'Assemblée nationale.
    Le 17 septembre 1981, Robert Badinter défend l'abolition de la peine de mort à l'Assemblée nationale. Repro CPA
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Centre Presse Aveyron

Le 18 septembre 1981, il y a quarante ans jour pour jour, l’Assemblée nationale adoptait l’abolition de la peine de mort que lui avait demandé, « au nom du gouvernement de la République », le garde des Sceaux Robert Badinter. 

« J'ai l’honneur, au nom du gouvernement de la République, de demander à l’Assemblée nationale l’abolition de la peine de mort en France. » Il y a quarante ans, le 17 septembre 1981, à 15 h 30, Robert Badinter entame devant les députés la défense enflammée d’un texte historique : la loi n° 81-908 mettant fin à la peine capitale. 

Le ministre, ce 17 septembre, plaide comme l’avocat qu’il n’a jamais cessé d’être. Souligne le retard de la France, « dernier pays en Europe occidentale à ne pas avoir aboli ». Balaye l’idée d’un effet dissuasif de la sanction. « Il n’a jamais été établi une corrélation quelconque entre la présence ou l’absence de la peine de mort dans une législation pénale et la courbe de la criminalité sanglante », rappelle-t-il, évoquant un choix d’abord « politique et moral ». Un choix dicté par une double conviction : « Aussi terribles, aussi odieux que soient leurs actes, il n’est point d’hommes en cette terre dont la culpabilité soit totale et dont il faille pour toujours désespérer totalement. Aussi prudente que soit la justice, (…) elle demeure humaine, donc faillible », argumente le garde des Sceaux, avant de conclure, confiant : « Demain, grâce à vous, la justice française ne sera plus une justice qui tue. Demain, grâce à vous, il n’y aura plus, pour notre honte commune, d’exécutions furtives, à l’aube, sous le dais noir, dans les prisons françaises. »

 

Un « système carcéral français à revoir »

Le 18 septembre, la loi était votée par 363 voix contre 117. Le Sénat suit quelques jours plus tard et le texte est promulgué le 9 octobre. La France est alors le 35e État à faire ce choix. « Ce n’était pas une performance », a convenu mercredi Robert Badinter, lors d’un colloque à l’Assemblée, soulignant surtout que « le combat n’est pas terminé ». Dans le viseur de l’infatigable militant de 93 ans, la bataille pour l’abolition universelle, ces États « très puissants ou fanatisés » (Chine, Iran, Égypte, Arabie saoudite…) qui continuent de pratiquer la peine capitale, mais aussi un « système carcéral français à revoir ». « À l’intérieur comme à l’extérieur, il nous faut encore convaincre », a assuré Robert Badinter, dans une allusion aux 50 % de Français qui seraient favorables au rétablissement de la peine de mort (Ipsos, août 2021). Alors que le procès des attentats du 13-Novembre vient de s'ouvrir, il prévient : « Il est hors de question de lutter contre les terroristes avec les armes des terroristes. »

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