Guerre en Ukraine : est-il utile de demander de l’iode à votre pharmacien en cas de menace nucléaire ?

  • De nombreuses personnes souhaitent consommer ou stocker de l’iodure de potassium en prévention d’une éventuelle attaque nucléaire.
    De nombreuses personnes souhaitent consommer ou stocker de l’iodure de potassium en prévention d’une éventuelle attaque nucléaire. Repro CPA
Publié le
Centre Presse Aveyron

Trois jours après l'attaque russe d'une centrale nucléaire en Ukraine, la France a confirmé l'envoi de comprimés d'iode sur place. En France, par crainte, certaines personnes réclament en officine des comprimés d’iodure de potassium. Pourtant, sans accident nucléaire avéré, c'est inutile, voire dangereux. 

L'Europe a retenu son souffle lors de l'attaque par la Russie de la plus grande centrale nucléaire d'Europe à Zaporijia, en Ukraine, dans la nuit du jeudi 3 au vendredi 4 mars. L'incendie a été maîtrisé et aucune augmentation de la radioactivité alentour n'a été observée, selon Barbara Pompili, la ministre de la Transition écologique. Mais la peur d'un accident nucléaire causé par des combats persiste. 

Une attaque nucléaire est-elle possible ?

Des propos du président russe, Vladimir Poutine, ont pu attiser les craintes. « J’ordonne au ministre de la Défense et au chef d’état-major de mettre les forces de dissuasion de l’armée russe en régime spécial d’alerte au combat », a indiqué dimanche, au cours d’un entretien avec ses chefs militaires retransmis à la télévision, le maître du Kremlin, cité par l’Agence France-Presse (AFP).

Jeudi, Jean-Yves Le Drian avait rappelé que plusieurs puissances de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), dont la France, disposent de l’arme nucléaire. 

« Je pense que Vladimir Poutine doit aussi comprendre que l’Alliance atlantique est une alliance nucléaire. Je n’en dirai pas plus », avait souligné sur TF1 le ministre de l’Europe et des affaires étrangères, cité par l’agence de presse Reuters.

Qui peut obtenir gratuitement des comprimés d’iode en pharmacie ?

Les personnes résidant à moins de vingt kilomètres d’une installation nucléaire civile ont la possibilité d’obtenir une pastille d’iode gratuitement.

Des campagnes de distributions d’iode sont mises en œuvre depuis 1997, destinées aux personnes résidant « autour des installations présentant un risque d’émission d’iodes radioactifs (centrales nucléaires, réacteurs de recherche et certaines installations de la défense), dans un rayon » compris entre 500 mètres et 20 kilomètres, explique l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) sur son site.

Une sixième campagne a commencé en « septembre 2019 »« La première phase de cette campagne consistait […] à mettre à disposition les comprimés d’iode dans les pharmacies partenaires pour les 2,2 millions de personnes et plus de 200 000 établissements, entreprises, écoles, administrations, etc., sur tout le territoire », faisait savoir en mars 2021 le ministère de l’Intérieur sur son site. Depuis février de l’année dernière, les comprimés ont été « adressés par voie postale à 600 000 foyers identifiés ne les ayant pas retirés en pharmacie », précisait le ministère.

Cependant, les établissements recevant du public (ERP) qui n’a pas fait de retrait en officine, « ainsi que les nouveaux arrivants des communes concernées sont invités à les retirer dans les pharmacies partenaires ». Le retrait peut être fait « sur simple présentation d’un justificatif de domiciliation, de capacité d’accueil du public et/ou du nombre de salariés », explique le ministère de l’Intérieur.

Pourquoi la prise d’iode est-elle recommandée en cas d’accident nucléaire ?

En cas d’accident lié à une installation nucléaire civile, la prise d’iode est recommandée à titre préventif, tout comme « la mise à l’abri ». Ce geste constitue « un moyen de protéger efficacement la thyroïde contre les effets d’iode radioactif qui pourraient intervenir en cas d’accident nucléaire », indique l'Autorité de sûreté nucléaire sur son site.

« La thyroïde va absorber l’iode stable jusqu’à saturation, et ne pourra donc plus assimiler l’iode radioactif qui serait éventuellement respiré ou ingéré. Les comprimés d’iode doivent être administrés en situation accidentelle et uniquement sur instruction des autorités », précise le ministère de l’Intérieur.

Les pharmacies disposent-elles d’iode en quantité suffisante ?

D’après le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), Philippe Besset, l’ensemble des « pharmacies du pays peuvent être mobilisées par les préfets pour délivrer des pastilles d’iode en cas de risque, mais rien de tel n’est activé à l’heure actuelle ».

« Contrairement aux masques, on aurait les stocks nécessaires, si nécessaire », a souligné Philippe Besset auprès du Parisien/Aujourd’hui en France.

Selon l’Autorité de sûreté nucléaire, l’« Etat a constitué des stocks et des circuits de distribution pour être en mesure de protéger la population se trouvant en dehors des périmètres définis autour des installations nucléaires ». L’objectif est « de couvrir les besoins de la population française en cas de risque d’exposition à l’iode radioactif », rappelle l’ASN.

Pourquoi est-il inutile d'en chercher en France ?

Certaines pharmacies en Allemagne, en Belgique et en France ont observé une demande accrue de pastilles d'iode ces derniers jours. Dans le Nord, en Occitanie ou encore en Alsace, les appels et questions de personnes inquiètes se sont multipliés. Mais ces clients ont été éconduits. En effet, les pharmacies françaises n'ont pas l'autorisation de vendre ces comprimés.

Le phénomène n'est pas nouveau. En 1986 déjà, juste après l'accident de Tchernobyl, des pharmaciens avaient été sollicités et avaient mis en garde contre les risques de l'automédication, relate l'Institut national de l'audiovisuel.

L'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire rappelle que les comprimés d'iode "doivent être administrés en situation accidentelle et uniquement sur instruction des autorités". Leur prise ne doit donc pas être préventive, insiste un article mis à jour en mars 2022, relayé par l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine.

En plus d'être inutile, un apport excessif et régulier en iode peut entraîner des "dysfonctionnements de la thyroïde" et "certains effets indésirables, notamment au niveau cardiaque ou rénal", explique l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). Parmi les effets secondaires plus communs, "des nausées, des vomissements, des diarrhées, des maux d'estomac ou des palpitations cardiaques", énumère Sciences et Avenir.

De plus, l'Ordre national des pharmaciens rappelle qu'en cas de danger nucléaire, les stocks d'iode de l'Etat, fabriqués par la Pharmacie centrale des armées et le laboratoire Serb, "permettraient une distribution de comprimés à l'ensemble de la population"

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?

Les commentaires (1)
Altair12 Il y a 2 années Le 08/03/2022 à 10:35

Si le feu nucléaire est déclenché, point n'est besoin d'iode !
La Bible nous dit "Les vivants envieront les morts !"
Qui voudrait survivre à cet enfer nucléaire, à cet hiver radioactif de trois années, à ces souffrances permanentes et irrémédiables .... ? ? ?
L'Apocalypse des deux premières guerres mondiales ne sera que peu de chose face à celui de la troisième s'il se produit !
La faute à nos dirigeants si peu clairvoyants et si peu courageux face aux dictateurs ! ! !