Une nouvelle vague nordique déferle sur la Croisette

  • Le réalisateur suédois Ruben Östlund, Palme d'or 2017 pour "The Square", est de retour samedi avec "Sans filtre".
    Le réalisateur suédois Ruben Östlund, Palme d'or 2017 pour "The Square", est de retour samedi avec "Sans filtre". Anne-Christine POUJOULAT / AFP
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ETX Daily Up

(AFP) - Après Ingmar Bergman puis Lars von Trier, une nouvelle génération de cinéastes scandinaves, parfois à la double culture, s'impose sur le devant de la scène, avec pas moins de trois réalisateurs en lice pour la Palme d'or à Cannes cette année.

Le Suédois Ruben Östlund, Palme d'or 2017 pour "The Square", est de retour samedi avec "Sans filtre".

Son compatriote Tarik Saleh (son film est présenté ce vendredi) et le Danois Ali Abbasi, dont les films se déroulent pour l'un dans l'Egypte de son père et pour l'autre dans l'Iran de son enfance, sont pour la première fois en compétition.

Pour Claus Christensen, rédacteur en chef de la revue spécialisée Ekko, le cinéma nordique, et particulièrement les productions suédoises et danoises, ont en commun de "pousser les limites du langage cinématographique", une des raisons de leur attrait.

"Il y a à la fois cette mission de divertissement mais aussi parfois de mettre au défi le public", explique-t-il à l'AFP.

En 2018, Ali Abbasi, archétype du cinéma d'auteur danois, avait remporté le prix Un certain regard à Cannes avec "Border", un conte fantastique sur une douanière difforme.

A l'époque, l'actuel quadragénaire avait déjà le projet de réaliser "Les nuits de Mashhad". Filmé en Jordanie, car les conditions d'un tournage en Iran empêchaient une totale liberté créative, son troisième opus suit une journaliste enquêtant sur un tueur en série dans une ville sainte iranienne. Une oeuvre en apparence très éloignée de la précédente.

"Vous ne pouvez pas le cataloguer. Quand vous pensez l'avoir saisi, il change de forme et fait autre chose", résume son producteur Jacob Jarek.

Juste avant la Croisette, il a réalisé des épisodes d'une série pour HBO basée sur un jeu vidéo à succès, "The Last of Us", preuve de la variété de ses intérêts cinématographiques et de la flexibilité de sa génération.

- Perspectives d'ailleurs -

Pour Tarik Saleh, né à Stockholm il y a 50 ans d'une mère suédoise et d'un père égyptien, le multiculturalisme est une composante cruciale de son oeuvre cinématographique, comme pour Francis Ford Coppola et Milos Forman.

Être un immigrant de la seconde génération lui a donné le recul nécessaire pour dérouler l'histoire de "Boy from Heaven".

"Vous êtes à la fois à l'intérieur et à l'extérieur, et c'est en quelque sorte le rôle du réalisateur (...) de voir à la fois les similarités et les différences".

Être un outsider a aussi été essentiel pour la réalisation du film, pour lequel ses collègues égyptiens auraient été "jetés en prison", explique-t-il à l'AFP.

Filmé en arabe, comme son polar à succès "Le Caire confidentiel", récompensé à Sundance en 2017, le thriller suit un garçon pauvre qui a obtenu une bourse d'études à la prestigieuse université d'Al-Azhar au Caire et se retrouve entraîné dans un drame politique à connotation religieuse.

Très désireux de ne pas être catalogué, Ali Abbasi, issue de la classe moyenne supérieure iranienne, estime lui que l'environnement social prime souvent sur l'origine géographique.

"Vous arrivez avec un bagage, une couleur de peau, un genre. Mais ces choses n'ont pas autant d'importance que certains le pensent, elles sont plus fluides par rapport à une chose: votre classe", assurait-il à Politiken en 2018.

Les réflexions de classe occupent également une part importante dans l'oeuvre de Ruben Östlund, 48 ans, le plus établi des trois réalisateurs scandinaves en compétition. Avec "Sans filtre", il offre une parodie du monde de la mode et des super-riches obsédé par l'apparence.

Avant "The Square", seules deux productions suédoises avaient été récompensées par la Palme d'or. De son côté, le Danemark a reçu deux trophées suprêmes notamment pour "Dancer in the Dark" de Lars von Trier en 2000.

Deux autres films nordiques, le norvégien "Sick of Myself" de Kristoffer Borgli et le dano-islandais "Godland" de Hlynur Pálmason sont présents à Cannes, dans la section Un certain regard.

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