Au club Virage, la fête est loin d’être finie

  • Le club Virage est situé dans le 17ème arrondissement de Paris, sous le périphérique entre les portes de Saint-Ouen et Clichy.
    Le club Virage est situé dans le 17ème arrondissement de Paris, sous le périphérique entre les portes de Saint-Ouen et Clichy. Louis Tardy / ETX Studios
  • La scénographie post-automobile et végétale de la discothèque a été imaginée par Adrien Utchanah.
    La scénographie post-automobile et végétale de la discothèque a été imaginée par Adrien Utchanah. Louis Tardy / ETX Studios
  • L'agence parisienne Bonjour/Bonsoir a réhabilité ce lieu atypique, qui était autrefois une fourrière automobile.
    L'agence parisienne Bonjour/Bonsoir a réhabilité ce lieu atypique, qui était autrefois une fourrière automobile. Louis Tardy / ETX Studios
  • RAG (G) et Benjamin Charvet (D) sont en charge du club Virage.
    RAG (G) et Benjamin Charvet (D) sont en charge du club Virage. Louis Tardy / ETX Studios
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ETX Daily Up

(ETX Daily Up) - Avec le Covid-19, les discothèques ont fermé. Puis rouvert. Puis re-fermé. Certaines boîtes de nuit n’ont pas survécu à cette période éprouvante pour le monde de la nuit, mais pas le club Virage. Ce nouvel établissement, situé dans le XVIIème arrondissement de Paris, compte bien monter le son dans une capitale, trop souvent, endormie.

Au 26 rue Hélène et François Missoffe, dans le nord-ouest de Paris, l’ambiance n’est pas à la fête ce mardi pluvieux d’octobre. Rien ne laisse transparaître que ce lieu, lové sous le périphérique entre les portes de Saint-Ouen et Clichy, a pris un véritable tournant, depuis l’été, en accueillant le club Virage. Une discothèque que l’agence Bonjour/Bonsoir a voulu ouverte, inclusive et éco-responsable, à l’image de l’air du temps.

Ce chantier de réhabilitation a été confié à Benjamin Charvet, directeur artistique du Badaboum et du Panic Room, deux temples des nuits parisiennes, et à RAG, actrice majeure de la scène LGBTQIA+ et membre du collectif lesbien Barbi(e)turix. Un beau duo, si l’on en croit Benjamin Charvet. "Je trouve que c’est très important d’avoir un binôme mixte dans le monde de la nuit. C’est l’un des premiers d’ailleurs", confie-t-il à ETX Studios.

Ensemble, ils vont construire en quelques semaines une boîte de nuit d’inspiration berlinoise dont la scénographie post-automobile et végétale n’est pas sans rappeler celles du Sisyphos et du Club der Visionnäre. À l’intérieur, l’esprit est à l’upcycling. Des portières de voiture ont été transformées, sous l’impulsion d’Adrien Utchanah, en éléments de décoration, tout comme des jantes en aluminium, des rétroviseurs, des volants et même des LED automobiles. Pas besoin de connaître la genèse du club Virage pour comprendre qu’il s’agit d’une ancienne fourrière. Pour les moins observateurs, des graffitis comportant les onomatopées "Vroom", "Rooaaar" et "Tuut Tuut" font directement allusion à la vie antérieure de ce lieu atypique.

"Le plus gros souci à Paris, c’est les voisins"

Mais ce n’est qu’à la nuit tombée que le club Virage montre réellement qu’il en a sous le capot. En fin de semaine, des hordes de fêtards viennent se déhancher jusqu’au petit matin sur une programmation musicale que RAG a voulu la plus éclectique possible, à l’image de la discothèque elle-même. On y trouve des noms établis des musiques électroniques tels que Mall Grab, Jacques, Damiano von Erckert, Grace Dahl et Piu Piu, mais aussi des talents émergents comme Olympe4000, Mira Lò, Ange Paradiz et Yuko Kakizawa. "À l’avenir, j’espère qu’on pourra créer des partenariats avec des collectifs comme La Créole pour accueillir des artistes racisés, par exemple. On s’efforce de s’entourer de personnes issues de divers horizons pour proposer des soirées avec des thématiques qui sortent de l’ordinaire", souligne RAG.


Un événement avec La Créole était prévu durant l’été, mais n’a finalement jamais eu lieu à cause de la fermeture temporaire du club pendant plusieurs semaines. La raison ? Des plaintes des habitants du quartier concernant le bruit. "Lors de notre soft opening [soirée d’ouverture, ndlr], de nombreux riverains se sont manifestés concernant d’importantes nuisances sonores qu’iels attribuaient hâtivement à l’activité de Virage", pouvait-on lire dans un communiqué, publié le 1er juillet, sur le compte Instagram de la discothèque.

Un épisode encore douloureux pour Benjamin Charvet. "Le plus gros souci à Paris, c’est les voisins. Mais ce n’est pas une nouveauté. Le Kilomètre 25 connaît les mêmes problèmes que nous. Ils ont sans doute l’un des plus beaux emplacements de tout Paris, avec une capacité d’accueil de 3000 personnes. C’est dingue. S’ils ne peuvent pas jouer de la musique fort, c’est qu’il y a un vrai problème", explique-t-il.

Casser les codes du monde de la nuit

Ce problème ne date pas d’hier : la Mairie de Paris a organisé, en novembre 2010, des états généraux de la nuit parisienne, afin de renouer le dialogue entre les noctambules et les riverains aspirant à plus de tranquillité. Douze ans plus tard, les tensions ne semblent pas s’être apaisées et le monde de la nuit peine à garder le rythme dans une ville qui dort, plus qu’elle ne s’amuse. Surtout que le Covid est passé par là, accélérant, sur son passage, la fermeture de nombreux établissements emblématiques comme le Metropolis ou le Bus Palladium. L’Hexagone compte désormais 1200 discothèques, contre 4000 dans les années 1980, d’après le Monde.

Mais pour RAG, le sens de la fête continue d’animer les Français. "Le Covid nous a appris à faire la fête différemment, en intérieur et en plus petit comité. Mais l’envie est toujours bel et bien présente", affirme-t-elle. Virage compte là-dessus pour sa dernière soirée de l’année, le 15 octobre prochain, à laquelle participeront, derrière les platines, Pantha du Prince, Nicol, Le Saint et RAG elle-même.

Ce grand "closing" ne marque pas la fin de Virage pour autant ; Benjamin Charvet et RAG ont plein d’idées en tête pour faire vivre le club différemment jusqu’à l’été 2023. "On n’a pas encore exploité le lieu tel qu’on le voudrait. On aimerait y organiser des tables rondes, des performances, un 'ball' [de voguing], des expositions de photographie et un marché de Noël. Voire des soirées en doudoune pendant l’hiver !", détaille RAG. "On a surtout envie de casser les codes et de transformer Virage en un véritable lieu de vie". Le top départ est lancé.

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