C'est l'un des antibiotiques les plus utilisés par les Français : tensions sur l’amoxicilline

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  • La tension est la plus forte concernant la version pédiatrique.
    La tension est la plus forte concernant la version pédiatrique. S. C.
Publié le
Ollivier Le Ny

Alors que la demande explose et que la production ne suit pas, le ministère de la Santé demande aux médecins et aux patients de faire le meilleur usage possible de cet antibiotique.

Des vingt-sept membres de l’Union européenne, "la France reste le quatrième pays consommateur d’antibiotiques". Et la voici qui fait face à l’indisponibilité de la forme pédiatrique – en poudre soluble – de l’un des plus utilisés d’entre eux, l’amoxicilline, au moment où sa consommation s’envole à des niveaux qui n’avaient pas été observés depuis 2019.

Le ministère de la Santé a dressé ce vendredi un point de situation, au lendemain de la réunion conduite par le ministre François Braun sur la prévention des risques de pénuries de médicaments. Aux "origines multifactorielles, approvisionnements des industriels, production, défauts de qualité ou hausse de la demande", a rappelé l’ANSM, l’Agence nationale de sécurité du médicament, ces risques de rupture ont été "multipliés par cinq de 2015 à 2021", précise la Direction générale de la santé.

Pénurie mondiale

Dans une logique d’anticipation, les industriels ont depuis 2016 l’obligation légale d’informer les autorités de santé d’une menace sur les médicaments dits d’intérêt thérapeutique majeur. "Il y en a plusieurs milliers dans ce cas". Ces signaux – "il en arrive tous les jours" – font l’objet "d’un suivi quotidien" et la loi a imposé des stocks de sécurité de deux mois. Dans le cas de l’amoxicilline, s’il a "permis d’amortir le choc, ce stock n’est pas suffisant pour éviter le risque de rupture" dans un contexte de pénurie mondiale.

La France a eu besoin de 30 millions de boîtes sur la période janvier- octobre en 2020 et 2021. La demande est montée à 40 millions sur la même période en 2022, du fait d’une "hausse importante des infections respiratoires hautes et basses, d’une épidémie très précoce de bronchiolite, de la survenance de grippes et toujours d’affections à Covid-19", observe l’ASN. Ceci alors que l’appareil de production des fabricants de médicaments tournait en sous-capacité, après la baisse de la demande des années passées.

Prescriptions injustifiées

Ce vendredi l’ANSM a confirmé que des mesures d’interdiction d’exportation ont déjà été prises et admis que les importations étaient compliquées par le caractère généralisé de la pénurie. "Nous avons activé des mesures de contingentement (NDLR, réduction des livraisons aux pharmaciens) pour mieux gérer les stocks disponibles, demandé aux laboratoires d’augmenter leur production pour réapprovisionner les pharmaciens au plus vite". Face à l’urgence, l’agence en appelle désormais aux prescripteurs, les médecins, et patients, par un "message de meilleur usage".

"Au moins la moitié des consommations d’antibiotiques en France sont non justifiées médicalement", insiste-t-on dans l’entourage ministériel.

En pointant le fait qu’un antibiotique est inutile dans le cas d’une affection virale, que beaucoup de bronchiolites ont justement cette origine : "Nous allons rappeler les pathologies qui ne nécessitent pas d’antibiotique, la disponibilité de tests rapides (NDLR, déterminant le caractère viral ou bactérien d’une affection), la gestion des prises au temps strictement nécessaire à la guérison."

Mais le ministère prévient : "C’est une problématique globale qui pourrait durer jusqu’en mars 2023."

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