PMA: avoir un enfant en solo, un projet désormais pour de nombreuses femmes en France

  • La loi française autorise les femmes de 18 à 45 ans à bénéficier de la PMA.
    La loi française autorise les femmes de 18 à 45 ans à bénéficier de la PMA. globalmoments / Getty Images
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(AFP) - Avoir recours à la PMA pour faire un enfant toute seule: un projet désormais accessible pour des milliers de femmes en France, souvent célibataires et proches de la quarantaine, mais aussi parfois plus jeunes, animées par la volonté de séparer couple et maternité.

"J'ai toute la vie pour trouver l'amour, mais pas pour devenir maman", témoigne auprès de l'AFP Solenn, 36 ans, célibataire, inscrite sur la liste d'attente pour bénéficier d'une aide médicale à la procréation (AMP ou PMA) avec don de spermatozoïdes.

Cette cadre originaire de Brest (Ouest), qui ne souhaite pas donner son nom de famille, a fait "le deuil du projet d'avoir un enfant à deux" et se réjouit à présent de se lancer seule dans une future maternité. "Sereine", elle attend avec impatience le coup de fil qui lui annoncera que c'est son tour de bénéficier d'un don de gamètes.

Comme elle, de nombreuses femmes se lancent en solo dans cette démarche. Une option rendue possible en France par la loi de bioéthique de 2021, qui a également ouvert la procréation médicalement assistée aux couples de femmes.

Cette démarche était déjà possible pour ces profils de femmes dans une dizaine de pays européens, dont la Belgique, l'Espagne et les Pays-Bas, vers lesquels les Françaises se tournaient jusqu'alors. Elle n'est toujours pas légale dans certains pays européens, comme l'Italie.

Depuis la légalisation de la démarche en France, la demande de PMA a été multipliée par huit, entraînant un allongement des délais d'attente, selon l'Agence de la biomédecine, en pleine campagne de communication pour recruter de nouveaux donneurs de gamètes.

- "Révolution" -

L'organisme a été surpris par la "proportion très forte" de femmes seules parmi les candidates à la PMA: elles représentaient 40% des 6.200 personnes en attente de la procédure, à fin mars 2023, contre 41% de femmes en couple homosexuel et 19% en couple hétérosexuel.

À l'hôpital Tenon, à Paris, la proportion de femmes célibataires est encore plus élevée. Elles ont été plus de 800 à se manifester en 2022, contre 299 femmes en couple avec une femme et 76 en couple avec un homme.

"Nous nous sommes vite rendu compte que ce n'était pas une évolution, mais une révolution", commente la Pr Rachel Levy, cheffe du service de Biologie de la reproduction-Cecos de l'hôpital Tenon. L'établissement a mis en place des groupes de parole dédiés aux femmes seules candidates à la maternité afin qu'elles puissent "rencontrer des personnes vivant le même parcours".

A noter, ces femmes seules sont plus âgées en moyenne (37,3 ans) que celles en couple hétérosexuel (34,5 ans).

A Lille (Nord), le centre d'étude et de conservation des œufs et du sperme humain (Cecos, communément appelé "banque du sperme") constate aussi que les femmes seules qu'il reçoit sont en moyenne plus âgées que celles en couple.

"En majorité, il s'agit de femmes qui auraient aimé dans l'idéal avoir un enfant au sein d'un couple, mais qui sont célibataires, avancent en âge et se rendent compte que l'horloge biologique tourne", indique à l'AFP Bérengère Ducrocq, responsable de ce centre. Les plus de 38 ans y représentent 35% des candidates à la PMA en solo, les moins de 29 ans, 5%.

- Demandes qui interpellent -

"Nous discutons beaucoup entre professionnels des demandes qui nous interpellent, celles par exemple de femmes très jeunes, à peine sorties de l'adolescence", parfois très mûres dans leur projet, mais pas toujours, précise Bérengère Ducrocq.

La loi française autorise les femmes de 18 à 45 ans à bénéficier de la PMA.

Femmes jeunes, vierges, asexuelles... Pour Margaux Gandelon, présidente de l'association Mam'ensolo, les profils des femmes seules sont "plus divers que ce à quoi les professionnels s'attendaient". "Les femmes asexuelles, par exemple, sont souvent plus jeunes car elles ne se projettent pas dans le couple", explique-t-elle à l'AFP.

Les femmes jeunes ne sont toutefois pas toujours bien reçues dans les centres, quelques-uns refusent même de donner rendez-vous aux moins de 29 ans, alerte l'association.

Pour avoir quand même un enfant, elles vont alors "passer par d'autres circuits: partir à l'étranger ou se tourner vers l'insémination artisanale", en demandant un don de spermatozoïdes à un particulier, "avec tous les risques sécuritaires, sanitaires et juridiques que cela comporte", avertit Margaux Gandelon.

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