Aveyron: contre la réforme cantonale, les élus se bâillonnent

Ils avaient prévenu qu'ils passeraient à l'action pour dénoncer les conséquences de la réforme territoriale qui fait passer de 46 à 23 le nombre de cantons dans le département. Ce matin, trois conseillers généraux, au nom de la majorité départementale, se sont bâillonnés pour "symboliser la perte des moyens d'expression et d'existence de nos territoires". Pour Arnaud Viala (Vezins), Jean-Louis Grimal (Salles-Curan) et André At (La Salvetat-Peyralès), ce redécoupage est "la préfiguration de la disparition des départements", à travers un "changement notoire dans la représentation des populations".

L'égalité démographique en question

La gauche plaide pour une meilleure égalité des territoires ? "Mais le contribuable paye sans rechigner au niveau national pour  financer des infrastructures à Paris ou à Toulouse. Et rien dans les zones rurales. Il est normal que ces dernières soient sur-représentées", lance Arnaud Viala. "On a inversé la courbe démographique en Aveyron, on a créé des habitudes de travail, des bassins de vie, une vie socioprofessionnelle organisée dans ces territoires... Et nous oppose une stricte égalité démographique et la parité. Les deux sénateurs de gauche du département  sont élus par un collège de  maires dont 250 d'entre eux dirigent une commune de moins de mille habitants. Là, la représentation et l'égalité des territoires ne leur pose pas de problèmes...Les règles sont à géométrie variable".

Un manifeste et une pétition

Intercommunalité remise à plat, disparition programmée des bourgs centres devenus anciens chefs-lieux de canton (avec baisse des dotations de l'Etat), suppression à terme des services de proximité qui composent aujourd'hui les bassins de vie, projets remis en question... sont au nombre des conséquences néfastes que les élus perçoivent dans cette réforme. Et qui les poussent  "à ne pas se laisser faire sans combattre". Pour ce faire, ils ont rédigé un manifeste qui est aussi une invitation faite aux Aveyronnais de signer une pétition "que l'on fera remonter en haut lieu pour que les parlementaires de gauche se rendent compte qu'ils ont atteint les Aveyronnais dans leur coeur".