Irak: Maliki limoge des hauts commandants, le pays s'enfonce dans le chaos

  • Des combattants kurdes peshmerga vont se mettre à l'abri après avoir été pris pour des combattants de l'EIIL par un hélicoptère de l'armée irakienne, près de Jalawla le 14 juin 2014
    Des combattants kurdes peshmerga vont se mettre à l'abri après avoir été pris pour des combattants de l'EIIL par un hélicoptère de l'armée irakienne, près de Jalawla le 14 juin 2014 AFP/Archives - Rick Findler
  • Des hommes appartenant à des tribus chiites brandissent des armes pour montrer leur détermination à rejoindre les forces de sécurité itakiennes pour lutter contre les jihadistes, à Karbala, le 17 juin 2014
    Des hommes appartenant à des tribus chiites brandissent des armes pour montrer leur détermination à rejoindre les forces de sécurité itakiennes pour lutter contre les jihadistes, à Karbala, le 17 juin 2014 AFP - Mohammed Sawaf
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AFP

Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a limogé mardi plusieurs hauts commandants, une semaine après le début de l'offensive fulgurante des jihadistes dans le pays, qui s'enfonce dans le chaos.

L'envoyé spécial de l'ONU à Bagdad, Nickolay Mladenov, a jugé dans un entretien à l'AFP que l'attaque lancée le 9 juin par les insurgés constituait "une menace vitale pour l'Irak" ainsi qu'"un grave danger pour la région".

En une semaine, les combattants de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), qui bénéficient du soutien de partisans du régime déchu de Saddam Hussein, ont pris le contrôle de la deuxième ville irakienne, Mossoul, d'une grande partie de sa province Ninive (nord), de Tikrit et d'autres secteurs des provinces de Salaheddine, Diyala (est) et Kirkouk (nord).

Durant les premiers jours de cette offensive, les forces de sécurité ont fait preuve d'une très faible résistance, nombre de policiers ou de soldats abandonnant leurs positions.

Dans ce contexte, M. Maliki a limogé mardi plusieurs hauts commandants. Le commandant en chef responsable de la province de Ninive, la première à être tombée en grande partie aux mains des insurgés, a notamment été démis de ses fonctions, de même que le chef de la troisième brigade d'infanterie, qui sera traduit devant un tribunal militaire pour désertion.

Le Premier ministre a par ailleurs ordonné à l'état-major de former des conseils de discipline pour enquêter sur les officiers ayant "abandonné leurs positions".

Après la débandade des premiers jours, les forces irakiennes semblent néanmoins commencer à relever la tête.

- Combats à 60 km de Bagdad -

"Nous avons des raisons de croire que les forces armées irakiennes durcissent leur résistance et leur dispositif de sécurité", a déclaré le contre-amiral John Kirby, porte-parole du ministère américain de la Défense.

Dans la nuit de lundi à mardi, l'armée régulière est parvenue à repousser les jihadistes qui ont "lancé une attaque à l'arme automatique" contre Baqouba, à 60 km au nord-est de Bagdad, a indiqué un général.

Dans la province de Kirkouk, elle a aussi écarté les jihadistes à Bachir, mais ces derniers se sont en revanche emparés de Moultaqa.

A une centaine de km de la frontière avec la Syrie, les insurgés ont aussi pris le contrôle de la plus grande partie de Tal Afar (380 km au nord-ouest de Bagdad), a indiqué un responsable du conseil provincial de Ninive.

Cinquante civils et plusieurs dizaines d'insurgés et membres des forces de sécurité ont été tués dans les combats, selon cette source.

Cette ville-clé se trouve sur la route vers la frontière syrienne, alors que l'EIIL aspire à créer un Etat islamique dans la zone frontalière et occupe déjà plusieurs secteurs en Syrie.

A l'est de Samarra (110 km au nord de Bagdad), la police a par ailleurs annoncé avoir découvert les corps de 18 membres des forces irakiennes.

Enfin, 17 personnes ont péri dans divers attentats à Bagdad, sur lequel les insurgés ont promis de "marcher".

- Inquiétude internationale -

L'offensive jihadiste suscite l'inquiétude croissante de la communauté internationale, notamment des Etats-Unis qui se sont militairement retirés d'Irak fin 2011 après huit ans de présence.

Selon l'envoyé spécial de l'ONU à Bagdad, "l'Irak fait face à la plus grande menace à sa souveraineté et à son intégrité territoriale" depuis des années.

M. Maliki, un chiite, a accusé l'Arabie saoudite sunnite de soutenir les "groupes terroristes".

La veille, Ryad avait ouvertement accusé M. Maliki d'avoir conduit l'Irak au bord du gouffre par sa politique d'exclusion des sunnites.

Mardi, de hauts responsables sunnites et chiites, dont M. Maliki et son rival, le président du Parlement Ossama al-Noujaifi, se sont engagés à poursuivre le dialogue et à préserver l'unité du pays, selon un communiqué commun lu à la télévision.

Alors que les Etats-Unis, l'Australie et l'ONU notamment ont commencé à retirer une partie de leur personnel diplomatique de Bagdad, la Turquie a évacué son consulat général de Bassora (sud), une semaine après l'attaque de son consulat de Mossoul (nord).

Le secrétaire d'Etat John Kerry a indiqué que le président américain Barack Obama procédait à "un examen minutieux de chaque option" pour aider son allié irakien, parmi lesquelles des frappes via des avions de combat ou des drones.

Les Etats-Unis se sont de plus dit ouverts à des discussions directes avec l'Iran, allié chiite de Bagdad, excluant cependant toute coopération militaire avec Téhéran.

"Nous sommes disposés à poursuivre notre engagement avec les Iraniens, tout comme nous le sommes avec les autres acteurs régionaux, à propos de la menace que pose l'EIIL sur l'Irak", a déclaré mardi la porte-parole du département d'Etat américain, Jennifer Psaki.

Mme Psaki a confirmé que le sujet avait été évoqué lors d'une rencontre "brève" entre le secrétaire d'Etat adjoint William Burns et des responsables iraniens lundi à Vienne, en marge des négociations entre l'Iran et les grandes puissances sur le programme nucléaire de Téhéran.

Mais la porte-parole a répété qu'aucun autre échange sur la situation irakienne n'était programmé à Vienne.

M. Obama a en outre annoncé le déploiement de 275 militaires américains pour protéger l'ambassade des Etats-Unis à Bagdad, une force "équipée pour le combat".

Alors que l'Iran chiite a promis une aide à son allié Bagdad s'il le lui demandait, quelque 5.000 Iraniens se sont portés volontaires pour défendre les lieux saints chiites en Irak, selon un site conservateur iranien.

Source : AFP

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