Canal+: le CSA impose à Bolloré des garanties sur l'indépendance éditoriale

  • L'homme d'affaires français Vincent Bolloré sort du siège du CSA à Paris, le 24 septembre 2015 à Paris
    L'homme d'affaires français Vincent Bolloré sort du siège du CSA à Paris, le 24 septembre 2015 à Paris AFP - JACQUES DEMARTHON
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Centre Presse Aveyron

Sous la pression du CSA qui l'a auditionné jeudi, Vincent Bolloré, nouveau patron de Vivendi et de Canal+, a dû prendre des engagements pour assurer l’indépendance éditoriale à Canal+, créant un "comité d'éthique" pour "garantir, sous le contrôle du CSA, l'indépendance éditoriale comme celle de l’information".

Le CSA a interrogé l'homme d'affaires pendant plus de deux heures, notamment sur son respect de l'indépendance de l'information, après les accusations d'un collectif de journalistes et de la Scam d'avoir fait censurer des reportages.

En outre, devant les multiples changements menés tambour battant par Vincent Bolloré depuis sa prise de contrôle du groupe (remplacement des dirigeants de Canal+, iTélé, D8 et D17, changement de nom de chaînes, suppression des "Guignols" en clair, documentaires déprogrammés) le CSA a annoncé qu'il allait mettre en place un "groupe de travail" pour examiner les conséquences de ces changements sur la régulation du groupe.

Il s’agira notamment, selon une source proche du dossier, de renforcer la convention de Canal+ dans le domaine de l'indépendance de l'information par rapport aux intérêts des actionnaires. Ces nouvelles règles, qui existent déjà à TF1 et M6, seront indispensables pour asseoir le pouvoir d'un comité d'éthique, selon une source proche du dossier.

Le Conseil a aussi rappelé que son autorisation était nécessaire pour plusieurs des modifications annoncées par le groupe, dont le changement de nom d'iTélé (qui deviendra CNews) et de D8 et D17 (futurs C8 et C17).

Le CSA doit aussi par exemple autoriser toute modification entre place du clair et place du payant, qui figurent dans la convention de Canal+. Des leviers qui permettent au Conseil d'imposer à Vincent Bolloré des garanties sur l'indépendance éditoriale.

De son côté, l'homme d'affaires s'est notamment expliqué sur l'éviction de dirigeants de Canal+ qui n'avaient pas su anticiper la concurrence, selon une autre source proche du dossier.

Cette audition était une première pour l'homme d'affaires, qui en est sorti de l’audition en souriant, se contentant de dire qu'il "croit beaucoup à la régulation française" et a "toujours respecté" la réglementation.

Mercredi un collectif de journalistes d'investigation ainsi que la Scam ont demandé au CSA de protéger l'indépendance de l'information à Canal+.

Deux reportages d’investigation qui devaient être diffusés dans l'émission "Spécial investigation" ont été déprogrammés par Canal+, l'un portant sur les manoeuvres fiscales du crédit mutuel, l'autre sur le duel Hollande-Sarkozy. Un autre reportage sur l'OM diffusé sur Canal Plus Sport, a été retiré de l’offre de télévision de rattrapage.

"Ces décisions sont graves. Ce sont des auteurs privés de leur liberté, c’est le public privé de son droit à l’information", a accusé la Scam (Société civile des auteurs multimédia) qui y voit "un mécanisme inacceptable de censure pure et simple" et a demandé mercredi au CSA d'intervenir.

De même un collectif de journalistes et personnalités, dont Elise Lucet, Fabrice Arfi et le secrétaire général de RSF, ont appelé mercredi le CSA à protéger l'indépendance éditoriale de la chaîne et accusé Vincent Bolloré d'avoir "piétiné à de multiples reprises le principe d'indépendance des médias, pilier de notre démocratie".

Source : AFP

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