B.Bougerol :«Les gens reviennent vers les librairies indépendantes»

  • Benoît Bougerol salue entre autre «<TH>l’école très créative » du secteur BD et jeunesse en France.
    Benoît Bougerol salue entre autre «l’école très créative » du secteur BD et jeunesse en France. José A. Torres
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PH.R.

Entretien. Le patron de la Maison du livre à Rodez et de la librairie Privat à Toulouse analyse l’année 2015 qui, selon le syndicat national de l’édition, a vu le cours du livre se relancer.

Benoît Bougerol, patron de la Maison du livre à Rodez et de la librairie Privat à Toulouse, analyse l’année 2015 qui, selon le syndicat national de l’édition, a vu le cours du livre se relancer.

Le marché du livre repart semble-t-il à la hausse, cela vous surprend-il ?

Disons que cela fait quand même deux ou trois ans que le marché du livre va mieux. Il n’a jamais énormément baissé, avec des années à -1 ou +1. La grande nouveauté, depuis deux ans et demi, c’est la baisse des ventes par internet. Il y a un retour vers la librairie de proximité, et c’est vrai aussi dans les grandes villes. Le meilleur exemple vint des librairies Chapitre. Les 37 qui ont été reprises font plus de chiffre d’affaires que lorsque la chaîne en comptait 57.

À quoi attribuez-vous cela ?

On revient vers le libraire et son indépendance. Le libraire met en avant son coup de cœur, il n’y a pas de censure. Puis, les gens ont aussi compris que s’ils veulent une librairie près de chez eux, il faut qu’ils y aillent. Sachant que les librairies indépendantes ont aussi des sites internet. Puis on note également un recul des rayons livres dans les grandes surfaces.

Quid du e-book, qui ne supplante pas le livre papier ?

On prédisait qu’il allait le balayer. Je me souviens d’une table ronde au Sénat, avec des représentants de Google, Amazon et autres, je passais pour le ringard de service. Le confort de la lecture papier est réel. Certes, on peut rentrer cinquante ou cent livres dans sa tablette, mais quand on part en voyage, on en prend en général qu’un ou deux. Remarquez, même aux États-Unis, on voit renaître des libraires.

Mais cela traduit-il vraiment un retour à la lecture ?

Bonne question. La dernière enquête du ministère de la culture, en 2011, montrait que les temps de loisirs augmentaient de façon générale, et la lecture posée était la seule en baisse. Ils en font une tous les cinq ans, depuis 1961, alors on va attendre les résultats de l’enquête de 2016 pour en savoir un peu plus.

Comment s’est déroulée l’année pour la Maison du livre ?

Le début de l’année a été difficile, jusqu’en juin. Puis l’été chaud a vu moins de gens venir en ville. On a besoin de pluie! Ensuite, c’est reparti. Mais l’élan a été coupé par les événements de novembre. Et décembre a été un mois qui a très, très bien marché. Même la semaine entre Noël et le jour de l’an a été bénéfique.

Sait-on ce qui a le plus fonctionné en 2015 ?

Une forte hausse est enregistrée pour les rayons jeunesse et BD, puis littérature et livre du domaine de la santé. Ensuite, tourisme, essais, actualité sont des rayons qui se tiennent. Mais les livres pratiques et de cuisine sont en baisse. Le livre d’art est également à la baisse.

Vous avez connu l’impact Soulages, à Rodez.

Oui, mais d’ordre général, c’est à la baisse. La faute notamment à la multiplication d’éditions à petits prix et l’absence de grandes expositions à Paris. Toutes les librairies de France sont tributaires de l’actualité parisienne. Il n’y a pas eu de grands événements. Du coup, le panier moyen a baissé. 

Vous demeurez optimiste pour 2016 ?

Difficile à dire. On verra au fil de l’eau. Je pense que la bande dessinée va tenir, le rayon jeunesse aussi. Il y a une école très créative en France, reconnue partout dans le monde. Il y a un foisonnement merveilleux ! Pour ce qui est du roman, cela reste une économie fragile.

Il est pourtant supporté médiatiquement par les prix notammentet quelques émissions ?

De toute manière, à partir du moment où l’on parle des livres, c’est bien. Et ce qui fonctionne le mieux, c’est incontestablement le bouche-à-oreille. C’est ce qui répond à notre problématique, à savoir faire venir les gens à la librairie. Parce que s’ils ne viennent pas... 

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