«Qui a tué Fualdès ?» (6/40)

  • «Qui a tué Fualdès ?» (6/40)
    «Qui a tué Fualdès ?» (6/40)
Publié le
Centre Presse Aveyron

6/40

Savez-vous ce qu’est une lavandière ? Pas une blanchisseuse ni une buandière grand Dieu non ! Non plus une laveuse ou une bugadière, mais chut! En voilà une des plus belles de Rodez qui approche. C’est Anne Benoit, 20 ans, très joli minois. Elle fait rêver tous les gars du pays, bien décidés à s’en octroyer les faveurs! Il est curieux de constater combien on attribue aux lavandières des exploits charnels et une réputation de filles faciles. L’imaginaire de l’homme est aussi prompt à se lever que le reste certainement. Anne vit dans l’insouciance de sa jeunesse, riant de ceux qui lui font la cour de trop près, s’échappant à temps quand les mains se font trop lestes.

La Belle qui n’a pas froid aux yeux, ne peut pas s’empêcher de taquiner ses courtisans quand elle descend à Layoule pour laver son linge dans l’Aveyron : - «Allons jeunes gens! Certes, nous sommes soigneuses de notre personne et nous aimons rire, mais ne fantasmez point sur les lavandières, elles pourraient tellement vous décevoir!» Mais un bellâtre, qui apparemment n’avait d’yeux que pour elle, osa relever la ruade et l’entretenir: - «Mon bel oiseau, aurais-je l’honneur et le plaisir de profiter de votre compagnie en fin d’après-midi afin d’éclaircir ces déceptions dont vous parlez?» Anne se mit à rire.

Consciente de son charme, elle adorait jouer avec ses admirateurs et celui-ci, pour ne rien gâcher, n’était ni gâteux, ni gâté. - «À 19h sur le pont Messire» Anne s’empressa de raconter cet intermède aux autres lavandières. Ravies elles l’encouragèrent tout en riant et mimant la future rencontre. Le soir venu, après avoir terminé sa corvée, Anne arrive sur le lieu du rendez-vous, tout en poussant une brouette chargée de draps propres et de son garde-genoux, la soulageant dans ses travaux de lavage. Le jeune homme, ému par cette image, va à la rencontre de sa dulcinée afin de l’aider. Celle-ci commence à se trémousser mais accepte l’offrande.

Corset ouvert et ruisselant en cette fin d’après-midi eurent presque raison de l’équilibre du jeune sire, mais il se reprit adroitement. Les pressentis amoureux parlaient, riaient et quand le soleil ne fut qu’une nuée rougeoyante à l’horizon, ils étaient les yeux dans les yeux. Une idylle naissait et ils se séparèrent après s’être jurés qu’ils se reverraient lors de sa prochaine permission, dans six mois. En effet, le jeune homme était un militaire en permission et il devait repartir le lendemain dans son régiment. Les jours passèrent et Anne paraissait encore plus rayonnante que d’habitude tant elle était amoureuse et le plus souvent, elle chantait.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?