Manuel Cantos. «Inlassable ambassadeur de nos entreprises»

  • Si c’était à refaire, Manuel Cantos pense qu’il garderait la même ligne de conduite. Avec la même volonté de défendre les entreprises, quels que soient leurs tailles, leurs secteurs géographiques ou leurs secteurs d’activité. Et de « toujours mettre en valeur le rôle majeur joué par nos dirigeants d‘entreprises. »
    Si c’était à refaire, Manuel Cantos pense qu’il garderait la même ligne de conduite. Avec la même volonté de défendre les entreprises, quels que soient leurs tailles, leurs secteurs géographiques ou leurs secteurs d’activité. Et de « toujours mettre en valeur le rôle majeur joué par nos dirigeants d‘entreprises. » Joël Born
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Joël Born

Le président de la Chambre de commerce et d‘industrie, Manuel Cantos, s’apprête à passer le relais. Il fait le point sur sa mandature mais aussi sur ses longues années au service des entreprises. L’occasion pour l’homme de tomber un peu le masque.

Le président de la Chambre de commerce et d‘industrie, Manuel Cantos, s’apprête à passer le relais. Il fait le point sur sa mandature mais aussi sur ses longues années au service des entreprises. L’occasion pour l’homme de tomber un peu le masque.

Vous vous apprêtez à laisser la présidence de la Chambre de commerce et d’industrie. Avez-vous le sentiment du devoir accompli ?

Ce n’est pas à moi d’apprécier si la mission qui m’a été confiée fut plus ou moins bien réussie. Je peux simplement dire que je m’y suis investi totalement avec la volonté de toujours mettre en valeur le rôle majeur joué par nos dirigeants d’entreprises et notre institution. Votre objectif était de positionner la CCI comme le référent économique de proximité.

Pensez-vous avoir réussi et n’y a-t-il pas encore un manque de lisibilité entre les diverses structures intervenant dans le domaine économique ?

Je pense effectivement que la CCI est le véritable référent économique de proximité représentant, défendant et accompagnant les 13 000 établissements inscrits au registre du commerce et des sociétés. Si les relations entre les diverses structures concernées par l’économie départementale peuvent apparaître insuffisamment lisibles, je pense qu’elles sont toutes désireuses de bien s’investir chacune dans leurs domaines de compétences, dans l’intérêt de notre territoire.

Y a-t-il toujours un avenir pour les CCI départementales ?

Je dis clairement oui. Les bons chiffres de notre département sur le chômage (7,5 %) et sur le taux très faibles de défaillances de nos ressortissants (1,3 % contre plus de 3 % au niveau national) démontrent que nous sommes un des acteurs performants jouant un rôle efficace sur son territoire. Par contre si la volonté de nos hautes instances est non seulement de continuer de nous affaiblir mais de nous supprimer, ce serait un coup fatal porté à la plupart de nos entreprises.

Ne pensez-vous pas avoir parfois la dent un peu dure avec les politiques ?

Je fais le distinguo entre le politique local que je respecte, très attaché en général à son territoire, qui n’est pas un politique professionnel, et le haut niveau de nos décideurs politiques qui souvent n’ont pour objectif prioritaire que la gestion de leur propre carrière. Ils sortent généralement des très grandes écoles et n’ont jamais véritablement occupé le moindre emploi dans le monde de l’entreprise. Ils sont totalement coupés des réalités et très éloignés des véritables problèmes ou préoccupations de nos concitoyens. Il est exact que pour ceux-là, je n’ai guère d’admiration !

Quelles sont les personnes qui vous ont le plus marqué ?

Le Général de Gaulle qui payait sur ses deniers le repas de ses invités.

On connaît votre caractère. L’un de vos anciens collaborateurs disait que vous êtes « attachiant »

Je crois connaître mes défauts. Le mot utilisé est juste et me convient. J’adore pratiquer l’autodérision. La richesse de notre vocabulaire nous permet heureusement d’aborder des sujets très sérieux sans que l’on ne se prenne trop au sérieux.

Quels ont été les moments les plus forts de votre vie ?

Mon mariage, il y a bientôt 55 ans, avec mon épouse que j’ai toujours admirée sans avoir jamais eu le courage de le lui déclarer. J’espère qu’elle n’aura jamais connaissance de cette tardive déclaration d’amour. (Rires)

Et votre plus belle réussite professionnelle ?

Avoir pu transmettre à mes enfants cette passion de l’entreprise. Ce désir de toujours entreprendre, cette volonté farouche de jouer un rôle utile dans notre société permettant la vie sur notre territoire. Je considère que c’est la plus belle des réussites professionnelles.

Dans les entreprises, le dialogue social est souvent difficile, voire impossible. Comment expliquez-vous ces situations de blocage ?

Notre pays est hélas installé dans une culture de conflits, c’est notre histoire, notre passé, mais nous devons tout mettre en œuvre pour que, comme en Allemagne ou en Norvège notamment, les discussions et négociations puissent se dérouler dans un climat serein en intégrant les demandes des collaborateurs et qu’elles puissent être compatibles avec les possibilités de l’entreprise. Il faut absolument aboutir sur du gagnant-gagnant. C’est vital !

Vous avez investi dans les énergies renouvelables. Comprenez-vous les critiques qui s’élèvent régulièrement, notamment pour l’éolien ?

Non. J’avoue humblement ne pas comprendre tous les arguments développés par les opposants, qui ne font jamais, hélas, de propositions. Faire de l’énergie avec de l’eau, du vent, des déchets, les rayons du soleil, rien que des éléments naturels ne polluant pas notre planète devrait faire consensus. La volonté exprimée à maintes occasions par des têtes bien pensantes consistant à réduire la part du nucléaire dans notre pays s’explique peut-être en grande partie par le fait que le traitement des déchets nucléaires enfouis dans les profondeurs de nos sols n’est pas une solution pérenne et probablement préoccupante pour l’avenir. À moins de revenir à la bougie, il n’y a pas de solutions parfaites, les miracles n’existent pas. Si, j’ai une idée. La lune va probablement pouvoir offrir dans les années qui viennent des possibilités d’accueil pour tous ceux qui veulent vivre au calme sans bruit, sans odeur, sans nuisance ni contrainte.

Si vous deviez vous définir en quelques mots ?

Un inlassable ambassadeur de nos entreprises quels que soient leurs tailles, leurs secteurs géographiques ou leurs secteurs d’activités.

Dominique Costes est appelé à prendre votre suite. Quel conseil lui donneriez-vous ? 

Je ne peux me permettre de donner des conseils à mon successeur, mais je lui fais confiance dans la poursuite de la mission que l’équipe sortante a menée pendant cette mandature. J’en profite pour appeler nos ressortissants à se mobiliser et voter massivement pour la nouvelle équipe.

Si c’était à refaire, que referiez-vous différemment ?

Je n’ai pas de regrets. J’ai toujours agi en mon âme et conscience. Avec du recul, j’espère ne pas avoir failli dans mes diverses activités. Si c’était à refaire je pense que je garderais la même ligne de conduite.

Si Manuel Cantos n’avait pas été chef d’entreprise, qu’aurait-il aimé être ?

Batteur dans un orchestre de jazz New Orleans.

N’avez-vous pas parfois le sentiment d’être trop exigeant ?

Si, c’est évident et j’en suis conscient. Je l’ai été avec mon entourage à qui j’ai demandé 150 % d’investissement, mais également avec moi-même, ce qui me donne l’illusion d’avoir la conscience tranquille, mais je ne fais peut-être pas la bonne analyse.

On a du mal à imaginer Manuel Cantos ne rien faire. Comment va-t-il occuper sa retraite ? 

Je n’ai pas encore préparé mon plan de carrière. (Rires).

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