Ehpad : « Il faut revoir l’accueil collectif : plus de personnalisation, moins de stigmatisation »

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    Ehpad : « Il faut revoir l’accueil collectif : plus de personnalisation, moins de stigmatisation »
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Centre Presse / Christophe Cathala

Moyens, tarifs, conditions de travail des personnels en Ehpad. Entretien avec Pierre Roux, à la tête de trois établissements en Aveyron.

À travers ces états généraux, s’agit-il d’être force de proposition face au Département et à l’ARS ?

Mais le 30 janvier déjà nous avons rencontré le président du conseil départemental, le secrétaire général de la préfecture et le directeur territorial de l’ARS. Nous avons exposé nos attentes. Le Département nous a expliqué qu’il n’avait pas la possibilité d’y répondre, la préfecture nous a dit que c’était l’ARS qui décidait et cette dernière a répondu que l’on donnait aux établissements les moyens qui sont définis par la loi, ce qui est vrai...

On tourne donc en rond...

Et pour le coup, nous allons nous adresser désormais à l’opinion publique pour l’éclairer sur la réalité, mettre le débat sur la table : quelle place pour les personnes âgées demain ? Car les moyens affectés au grand âge sont nettement insuffisants et le malaise dure depuis plusieurs années pour ce secteur qui est face à un défi à relever pour notre société. Ces états généraux associent directeurs d’établissements et syndicats pour créer une plateforme de réflexion. Il n’y a aucun enjeu corporatiste, nous défendons tous une même cause : le respect des aînés.

Ce respect n’est-il pas assuré en Aveyron ?

Certes, on est un peu plus dotés en nombre de places d’Ehpad dans le département, rapporté au nombre des plus de 60 ans. Ceci étant, cela ne veut pas dire que nous sommes suréquipés. Car on a besoin de toutes les places pour faire face aux délais d’attente. Et le coût à la place est un peu plus bas que la moyenne nationale où le prix de journée (hébergement, dépendance, maladie) est de 115 €, contre 105 en Aveyron. Pour autant, sur ce prix, il reste à la charge des résidants 60 € par jour, l’ARS versant 33 € et le Département 12 €. Pour les résidants, le coût reste toujours trop élevé, même s’ils payent moins que dans la plupart des autres départements.

Alors, quelles sont les principales urgences ?

Globalement, les ratios en personnel. Ce qui est important, c’est d’identifier ce que l’on donne aux résidants comme accompagnement à leur vie quotidienne. On ne peut aujourd’hui, en moyenne, que consacrer 1 h 15 chaque jour à chacun d’eux. Le soignant n’a que dix minutes pour accompagner un résidant au coucher par exemple. Et pour s’occuper alors de gens dont on doit préserver l’autonomie quand ils n’ont plus leur capacité cognitive, comment on fait ? Le soignant cumule les charges physiques et psychologiques : non seulement il en a « plein le dos » au propre comme au figuré - et les accidents du travail ne cessent de progresser - mais il subit aussi une charge mentale énorme, avec le sentiment de mal faire son travail. Ce double phénomène devient insupportable. Les personnels n’attendent pas plus de salaires, mais plus de collègues.

Quel est donc le frein à l’embauche ? Comment y remédier ?

Embaucher revient à alourdir le prix de journée au risque de rendre nos établissements inaccessibles au plus grand nombre. Non, il faut mettre en œuvre au plus vite le Plan solidarité grand âge. Qui prévoit notamment 2 h 15 d’accompagnement par soignant, par jour et pour chaque résidant. Soit une heure de plus qu’actuellement. Ce Plan permet cette prise en charge, et nos établissements peuvent rester accessibles.

De plus, il est la solution pour proposer de nouveaux cadres bâtis, adapter le lieu de vie aux résidants et non aux moyens en personnel comme on le fait aujourd’hui. « Un chez soi parmi les autres », c’est ce qu’il faut retrouver en Ehpad. C’est faire sens pour nos aînés.

La loi d’adaptation de la société au vieillissement n’ouvre-t-elle pas des perspectives en ce sens ?

Elle vise surtout à renforcer les moyens du maintien à domicile. On le sait, plus on favorise le maintien à domicile, plus les aînés arrivent tardivement en établissements, qu’il faut, du coup, renforcer. Le grand âge reste un problème majeur, il faut raisonner globalement.

Cela étant, la loi est intéressante car elle trace les grandes lignes de ce que devrait être la prise en charge de la vieillesse demain, dans sa globalité : quelle filière, quel parcours, comment intervenir sur l’ensemble de ces registres... Mais les moyens évoqués ne sont pas du tout à la hauteur de l’enjeu. Le nouveau mode de financement des établissements ne leur permet pas de faire face aujourd’hui, ni de savoir comment demain on peut accueillir dignement les gens.

À quoi doivent ressembler les établissements de demain ?

Ils doivent être de véritables équipements de vie. Il faut revoir l’accueil collectif : plus de personnalisation, moins de stigmatisation, plus d’individualisation et d’organisation. C’est un énorme chantier à mettre en route et c’est l’objet de ces états généraux : il est urgent de réfléchir tous ensemble, avec les élus, les associations familiales, les résidants... C’est un projet de société qu’il faut mettre en œuvre tous ensemble.

Ehpad : « Il faut revoir l’accueil collectif : plus de personnalisation, moins de stigmatisation »
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