Saint-Jean-et-Saint-Paul. Sud-Aveyron : les archéologues ont repris leur travail de fourmis sur le site des Touriès

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  • La treizième campagne de fouilles a lieu cet été sur le site naturel de Saint-Jean-et-Saint-Paul.
    La treizième campagne de fouilles a lieu cet été sur le site naturel de Saint-Jean-et-Saint-Paul. Eugénie Cantier
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Eugénie Cantier

Les fouilles se poursuivent sur le site des Touriès, à Saint-Jean-et-Saint-Paul, pour la treizième campagne annuelle de fouilles.

Sur un promontoire rocheux, au cœur du cirque naturel de Saint-Jean-et-Saint-Paul, ils fouillent sous un soleil de plomb pour l’avant-dernière année. Bénévoles, étudiants ou chercheurs sont réunis sur ce site des Touriès depuis le 25 juillet, pour cette 13e campagne annuelle de fouilles conduite par la Direction de l’archéologie de l’Aveyron. L’épilogue est prévu pour 2024. L’an prochain, ce sera relâche.

"Nous sommes à l’avant causse de Saint-Affrique, sur un site dominé à 360°. Ici se dressait un sanctuaire du premier âge de fer", détaille Philippe Gruat, directeur de l’archéologie au Département de l’Aveyron. Depuis 2008, plus de 4 000 m2 ont été décapés et à peu près dix tonnes de grès retrouvés, soit 70 000 fragments, dont ceux d’une statue de char à quatre roues. Cette découverte majeure a permis au site d’être déclaré d’intérêt majeur sur le plan européen, en 2011, par le ministère de la Culture. Ce site s’avère rare à plusieurs égards : d’abord pour cette sépulture en plein air, mais aussi pour la configuration initiale des fouilles.

Il faut visualiser un tertre de 15 à 20 mètres de diamètre, érigé au Ve siècle avant J.-C. Un podium de 50 m de long et de 10 à 20 m de large s’aligne sur un bâtiment en bois de 80 m2 et se développe jusqu’au plateau. "Tout a été fait pour être monumentalisé", assure l’archéologue.

Un sanctuaire régional

Les investigations démontrent qu’entre 40 et 50 stèles étaient mises en scène sur ce site, sur lequel ont été décelées des traces d’offrandes. Reflétant plusieurs générations d’élites guerrières régionales, elles laissent penser que ce sanctuaire dépassait la sphère locale, par tradition orale. "Nous sommes comme les lecteurs d’un livre qui brûle au fur et à mesure qu’on le lit", métaphorise Philippe Gruat. Et d’ajouter : "C’est comme une enquête policière. On reconstitue le fil de l’histoire. On constitue les archives du sol et on documente les zones." Une quinzaine de personnes s’attellent à ces tâches, souvent minutieuses. Le préfabriqué du site fourmille de sachets et de boîtes répertoriant les vestiges trouvés, comme une fibule, l’ancêtre de l’épingle à nourrice.

Les fouilles ont permis d’appréhender le fonctionnement, l’organisation et l’évolution d’un sanctuaire héroïque archaïque entre les IVe et VIIIe siècles avant J.-C., des découverts sans précédent en Europe celtique et en Méditerranée nord occidentale.

Le site des Touriès sera mis à l’honneur à l’occasion d’un colloque internation qui se tiendra du 14 au 16 septembre prochain à Cluj-Napoca et Sarmizegetuse Regia, en Roumanie. En attendant la "colle" s’active jusqu’au 20 août avant de bâcher la partie fouillée pour l’hiver.

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