Une première en Occitanie : les futurs couteliers se forment dorénavant à Laguiole dans un CAP dédié
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Laguiole forme à présent les futurs couteliers dans un CAP unique en Occitanie !
Un certificat d’aptitude professionnel vient d’ouvrir ses portes en Aveyron, sept apprentis suivent actuellement ce nouveau cursus.
Pérenniser le savoir-faire coutelier au cœur du territoire de fabrication du couteau de Laguiole : voilà l’objectif poursuivi par l’ensemble des acteurs qui ont porté la création de cette formation de proximité.
Cette dernière prend la forme d’un Certificat d’aptitude professionnel (CAP) d’une durée de deux ans. Elle a pu voir le jour grâce à la mobilisation du syndicat des fabricants aveyronnais du couteau de Laguiole, créé en 2013 et présidé aujourd’hui par Honoré Durand (lire ci-contre). Manque de main-d’œuvre, image dévalorisée du travail manuel, enclavement géographique, éloignement entre formation et production, etc., sont autant de causes qui ont poussé à la mise en place de cette formation sur le Nord-Aveyron, en quête d’attractivité et de population.
Labellisé tiers-lieu Région
La communauté de communes a ainsi engagé ce centre de formation local sur son territoire, "tiers-lieu formation" labellisé Défi’OCC par la Région Occitanie. Ce sont les services de l’Éducation nationale qui ont répondu à l’appel, et plus particulièrement le centre de formation d’apprentis (CFA) de l’académie de Toulouse, le campus des Métiers et des qualifications d’excellence (industrie du futur) et le lycée La Découverte de Decazeville.
Pour cette grande première, sept apprentis viennent de démarrer la formation étalée sur deux ans. Ce recrutement réussi est le fruit de recherches en amont et d’un accompagnement personnalisé par le biais d’Isabelle Baldit, en charge du volet économique au sein de la communauté de communes.
D’autant que ces apprentis sont jeunes, certains venant de loin, Bretagne, Issoire. Preuve de l’attrait du couteau laguiole. Chacun d’entre eux a signé un contrat d’apprentissage avec trois entreprises du syndicat, à savoir la coutellerie Honoré Durand (qui en accueille trois), la Forge de Laguiole (en accueille deux) et la coutellerie Benoît l’artisan (qui en accueille aussi deux) jusqu’en juillet 2025. "Nous faisons office d’entreprise d’accueil. Cela permet de fédérer l’enseignement et les professionnels du métier, et de transmettre notre savoir-faire", souligne Honoré Durand.
Cette formation qui comprend vingt semaines de cours par an dont dix-sept à Laguiole, propose les cours théoriques (français, mathématiques, anglais, sport) au sein du pôle multi-services à Laguiole, ainsi que trois semaines au lycée La Découverte à Decazeville. D’une pierre deux coups donc, la formation rapproche aussi les couteliers. Ainsi, Benoît Mijoule, Honoré Durand fils, Dorian Dudouit (coutelier chez Honoré Durand) et David Dauvillaire (artisans coutelier à Prades- d’Aubrac), se chargent de la formation le vendredi matin, avec un plateau commun chaque vendredi après-midi pour découvrir la fabrication des couteaux autres que le laguiole. Mais pas la fabrication du Thiers, les couteliers laguiolais n’ont guère envie de remuer le couteau dans la plaie…
Honoré Durand, président du syndicat couteau laguiole Aveyron : "on devient le choix numéro un pour des apprentis couteliers"
En qualité de président du Syndicat des fabricants aveyronnais de couteau laguiole, quelle a été votre participation à la création de cette formation ?
Le syndicat était en demande d’une formation de ce type à Laguiole car la chambre des Métiers à Rodez en proposait une mais elle a fermé à la fin du siècle dernier. Nous avons donc sollicité la chambre des Métiers où je suis élu en tant que coutelier artisan mais elle n’a pas semblé intéressée. C’est la communauté de communes du Nord-Aveyron qui a pris le dossier à bras-le-corps, avec le concours, notamment, de son président Jean Valadier et d’Isabelle Baldit, en charge du développement économique.
En moins de trois mois, le dossier a été monté et l’organisme de formation, à savoir l’Éducation nationale qui a répondu positivement avec un cahier des charges strict pour l’obtention d’un diplôme national. C’est une grosse satisfaction. Il s’agit de la première formation hors les murs, c’est unique en Occitanie.
Qu’en attendez-vous ?
Le dossier de l’Indication géographique me reste en travers de la gorge (cette indication a été octroyée à l’association thiernoise, NDLR). La mise en place de cette formation est la preuve qu’on sait former et que nous sommes un bassin de production. C’est donc une petite revanche par rapport à l’IG. Globalement, cette formation montre que l’activité coutelière a sa place, reconnue par les collectivités locales et l’Éducation nationale.
Le syndicat est là pour assurer la promotion, créer une dynamique et une activité, cela va dans ce sens. On participe à garder des jeunes sur le territoire, on devient le choix numéro un pour des apprentis couteliers. On attire des jeunes qui sont intéressés, c’est une belle image de marque pour notre territoire. Le métier de coutelier devient attractif grâce à ce CAP (certificat d’aptitude professionnel).
Vous évoquez le sujet de l’indication géographique, où en êtes-vous ?
Aujourd’hui, nous avons porté le dossier devant les tribunaux. Il faut attendre le printemps prochain. En attendant, cette formation, sans savoir si elle peut nous aider, répond à un besoin de faire voir qu’on existe. C’est très important car l’association de Thiers veut faire croire qu’on n’a jamais existé dans l’histoire, faisant confondre le premier brevet déposé et la création du premier couteau laguiole. C’est la même histoire que pour le nom de la commune de Laguiole.
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