Colère des agriculteurs : "Nous allons résister !", en Aveyron, la Confédération paysanne fait pression sur roquefort Société

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  • Un déjeuner paysan improvisé sur le giratoire de Lauras.
    Un déjeuner paysan improvisé sur le giratoire de Lauras. Midi Libre - A. D.
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Aurélien Delbouis

À l'appel de la Confédération paysanne, une centaine de militants et sympathisants sont venus revendiquer une revalorisation du prix du lait auprès de Lactalis, à Roquefort, dont Société est une filiale.

Le Roquefort. Son AOP ancestrale, ses traditions, ses marbrures bleu-vert typiques, son cadre enchanteur ou sa place de choix lors du prochain Salon de l'agriculture... Derrière le vernis, c'est pourtant une tout autre histoire que les militants de la Confédération paysanne ont voulu (ré)écrire, mercredi. 

Le siège national de Lactalis occupé

Profitant de l'opération nationale menée par le syndicat paysan contre Lactalis en Mayenne - venu occuper le site, le premier groupe laitier mondial soupçonné de fraude fiscale aggravée et de blanchiment de fraude fiscale aggravée -, les militants sud-aveyronnais ont voulu marquer le coup en choisissant le giratoire de Lauras implanté au cœur des différents sites de production de Roquefort, ce mercredi 21 février. 

Le giratoire de Lauras occupé

"On est symboliquement ici au milieu des sites industriels du lait sachant que nous avons déposé une plainte contre Lactalis pour extorsion de la valeur, confirme la porte-parole du syndicat Sara Melki. Nous venons ici revendiquer le droit à un revenu paysan et faire cesser les pratiques de prédation de tous ces groupes contre lesquels nous sommes très en colère."

"Le prix du lait ne suit pas"

"Depuis trop longtemps, on ne parle plus de Roquefort en pensant que tout va bien, mais tout va mal, abonde Hugo Capoulade", éleveur de 450 brebis affilié au syndicat. "Nous avons perdu 420 points de collecte en 9 ans. Le prix du lait ne suit pas. L'AOP Roquefort est reconnue dans le monde entier mais nous, éleveurs, nous avons un prix du lait dérisoire qui ne nous permet pas d'être rémunérés à hauteur de notre travail."

"Un scandale absolu"

"Un scandale absolu", pour Christian Cros, gérant de la Gaec de Terre Blanc qui siège aussi au sein de la Confédération générale de Roquefort. "Je suis producteur bio chez Société dans une ferme qui comme beaucoup d'autres est aujourd'hui très menacée. Si Lactalis ne nous remonte pas le prix de 150 euros les 1000 litres, croyez-moi, on va entendre parler du pays. Je l'ai annoncé en réunion de Confédération, nous allons résister. Le temps n'est certainement pas à la fête." Allusion non dissimulée au centenaire l’AOP Roquefort fêté cette année. 

"C'est le serpent qui se mord la queue"

Comme Christian Cros, avec "un litre de lait négocié en moyenne 1,17 €", beaucoup d'éleveurs ne peuvent plus faire face dénonce le syndicat. "Et font le choix de produire davantage. En travaillant plus. En investissant plus, en empruntant encore plus... C'est le serpent qui se mord la queue", résume Hugo Capoulade, troisième génération d'exploitants ovins lait. "Si mon grand-père était encore là, il vous dirait qu'il vivait mieux que nous avec un cheptel trois fois plus petit.." 

"Tout passe par le prix !"

Réunis pendant deux heures sur le giratoire de Lauras pour un déjeuner paysan, tous ont ensuite pris la direction des locaux de Société - filiale de Lactalis - pour "négocier le prix du lait" pour les années à venir. "Ça ne pas être facile parce qu'en face nous avons des gros productivistes et des libéraux, peste Christian Cros. On me dit que je me trompe, que je suis d'une autre époque. Mais aujourd'hui comme hier tout passe par le prix !" 

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Les commentaires (1)
RienCompris Il y a 2 mois Le 23/02/2024 à 09:27

Si le consommateur accepte de payer plus cher, ce qui n'est pas gagné. Alors les agriculteurs augmenteront leur revenu.