Les destructions d'emploi continuent mais moins qu'attendu

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    Une caissière dans un supermarché AFP/Archives - Philippe Huguen
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AFP

En ligne avec l'entrée de la France sans sa deuxième récession depuis 2009, les chiffres de l'emploi dans le secteur marchand au premier trimestre 2013 publiés jeudi ont enregistré une nouvelle dégradation, mais moindre qu'attendue grâce à un léger redressement de l'intérim, prudemment analysé par les experts.

Ainsi, 20.300 postes salariés (-0,1%) ont été rayés de la carte dans les secteurs marchands (hors agriculture), selon l'estimation provisoire de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).

Sur un an, l'économie française a perdu 133.800 postes (-0,8%), portant à 15,940 millions le nombre des emplois dans ces secteurs. Il s'agit du quatrième trimestre consécutif de baisse constatée par l'Institut, après des pertes d'environ 45.000 postes aux deux trimestres précédents.

Au lendemain de l'annonce d'un deuxième trimestre consécutif de contraction du Produit intérieur brut (PIB), cette estimation laisse craindre un nouvel afflux d'inscrits à Pôle emploi, qui recensait fin mars plus de 3,2 millions de chômeurs sans aucune activité en métropole, un record, et 5,3 millions toutes catégories dans la France entière.

L'Insee publie aussi des prévisions aggravées pour les investissements industriels.

Tombé à un niveau jamais vu d'impopularité, le président François Hollande s'emploiera néanmoins jeudi après-midi, à l'occasion de sa deuxième grande conférence de presse du quinquennat, au délicat exercice visant à "offrir une perspective d'espoir aux Français" concernant un retour de la croissance et une décrue du chômage, selon un de ses conseillers.

Son objectif d'inverser la courbe du chômage avant la fin d'année est jugé impossible à tenir par nombre d'économistes. Pour y parvenir, 1,5% de croissance annuelle serait nécessaire.

Intérim: une évolution "étonnante"

Pour stopper la hausse du chômage, "il faudrait générer au moins 100.000 emplois par an", selon Mathieu Plane, de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Rien qu'au premier semestre, la population active devrait naturellement augmenter de 59.000 personnes, calcule l'Insee.

Dans ses dernières prévisions, l'Institut anticipait 74.000 suppressions de postes sur les six premiers mois de l'année. Même si les destructions observées au premier trimestre sont "un peu plus faibles qu'attendu", cette prévision est maintenue, a souligné auprès de l'AFP Frédéric Tallet, chef de la cellule conjoncture et emploi à l'Insee.

La bonne surprise au premier trimestre est venue de l'emploi intérimaire. En baisse depuis mi-2011, il connaît une légère reprise, avec 11.400 postes gagnés (+2,2% sur un trimestre). Il "cesse de baisser alors qu'il avait été en 2012 le principal contributeur de la chute de l'emploi mais il faudra attendre plusieurs trimestres pour établir un retournement et voir s'il laisse augurer d'une reprise dans les autres secteurs", prévient cependant M. Tallet.

Réputé précurseur des tendances du marché de l'emploi, l'intérim est un indicateur très "volatile", souligne-t-il.

Cette évolution de l'intérim est "très étonnante", souligne M. Plane. Son hypothèse est "que l'emploi intérimaire se substitue à des emplois plus pérennes", traduisant en réalité "un comportement de prudence des entreprises", qui auraient recours à l'intérim après des départs de salariés en CDI.

Plus généralement, l'écart entre les destructions d'emplois (-0,1%) et la baisse du PIB constatée au premier trimestre (-0,2%) révèle une "inquiétante perte de compétitivité des entreprises", estime l'économiste de l'OFCE. "Soit les entreprises vont encore voir leurs marges se dégrader, soit elles vont ajuster à la baisse les salaires ou la durée du travail", estime-t-il.

Les accords de maintien dans l'emploi, facilités par la réforme du marché du travail définitivement votée mardi après l'accord du 11 janvier entre le patronat et trois syndicats (CFDT, CFTC et CFE-CGC), sont un moyen "d'ajustement", "il faudra les suivre de près dans les prochains mois".

Ces accords d'entreprise, comme les autres "outils" du président (emplois d'avenir, contrats de génération), pourront au mieux "atténuer l'impact du choc de la récession" en fin d'année, juge l'économiste Christine Erhel, du Centre d'études sur l'emploi.

Source : AFP

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