Turquie: les manifestants décidés à ne rien lâcher malgré les menaces d'Erdogan

  • Des jeunes rejoignent le mouvement d'opposition au gouvernement d'Erdogan, à Izmir, en Turquie, le 10 juin 2013
    Des jeunes rejoignent le mouvement d'opposition au gouvernement d'Erdogan, à Izmir, en Turquie, le 10 juin 2013 AFP - Ozan Kose
  • Un large portrait de Mustafa Kemal Ataturk est déployé dans les rues d'Izmir, dans l'ouest de la Turquie, le 10 juin 2013 Un large portrait de Mustafa Kemal Ataturk est déployé dans les rues d'Izmir, dans l'ouest de la Turquie, le 10 juin 2013
    Un large portrait de Mustafa Kemal Ataturk est déployé dans les rues d'Izmir, dans l'ouest de la Turquie, le 10 juin 2013 AFP - Ozan Kose
  • Des opposants au gouvernement tiennent le drapeau national turc à Izmir, le 9 juin 2013
    Des opposants au gouvernement tiennent le drapeau national turc à Izmir, le 9 juin 2013 AFP - Ozan Kose
  • Un homme marche devant une inscription, à Izmir, le 9 juin 2013
    Un homme marche devant une inscription, à Izmir, le 9 juin 2013 AFP - Ozan Kose
Publié le
AFP

Les manifestants turcs restaient déterminés à ne rien lâcher lundi, au 11e jour de leur mobilisation contre le gouvernement, malgré les menaces du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan qui, de plus en plus agacé, a promis de leur faire payer "un prix élevé".

Au lendemain d'un week-end qui a encore vu des dizaines de milliers de personnes défiler dans plusieurs grandes villes du pays aux cris de "Tayyip, démission!", l'emblématique place Taksim d'Istanbul tardait en fin de journée à retrouver l'affluence monstre de la nuit du samedi à dimanche.

"Nous allons à l'école mais nous reviendrons plus tard dans la journée", promettait Ecem Yakin, une lycéenne de 17 ans.

"Ma patience a des limites"

Les contestataires se sont promis de ne pas céder aux diatribes du chef du gouvernement, qui a enflammé ses troupes dimanche dans une série de discours au vitriol contre les "pillards" et les "extrémistes" défiant son autorité dans la rue.

"Je suis urbaniste, pas homme politique, mais je pense qu'aussi longtemps qu'Erdogan persistera dans sa rhétorique violente, le mouvement va continuer", a assuré Akif Burak Atlar, le secrétaire du collectif Taksim Solidarité, dont l'opposition à la destruction du parc Gezi, près de Taksim, a donné le coup d'envoi de la fronde le 31 mai.

"C'est ce type de discours et la brutalité de la police qui ont mené la contestation aussi loin. Il doit faire marche arrière (...) il doit reconnaître les exigences de la population", a ajouté M. Atlar, qui s'est refusé à tout pronostic sur la suite des événements. "Honnêtement, je ne sais pas où tout ça va, personne ne contrôle plus rien".

Dimanche, le chef du gouvernement, qui préside lundi en fin de journée son conseil des ministres hebdomadaire, avait nettement durci le ton face à la contestation. Tout au long de la journée, il avait saturé le terrain médiatique en haranguant à six reprises des milliers de partisans sur un ton de plus en plus belliqueux.

"Ceux qui ne respectent pas le parti au pouvoir dans ce pays en paieront le prix", a lancé le leader turc à Ankara devant une foule chauffée à blanc. "Si vous continuez comme ça, j'utiliserai le langage que vous comprenez parce que ma patience a des limites".

Sûr du soutien d'une majorité de Turcs, le Premier ministre a demandé à plusieurs reprises à ses fidèles de "donner une leçon" de démocratie aux manifestants lors des prochaines élections municipales de 2014.

Stratégie de la tension

En 2011, son Parti de la justice et du développement (AKP), issu de la mouvance islamiste, avait recueilli 50% des suffrages. En mars dernier, le dernier sondage du Pew Research Center créditait le Premier ministre de 62% d'opinions favorables.

Au moment où M. Erdogan achevait le dernier de ses discours, la police a violemment dispersé dimanche soir des milliers de manifestants réunis place Kizilay à Ankara, le coeur de la contestation dans la capitale. Plusieurs personnes ont été blessées et d'autres interpellées.

Le dernier bilan publié vendredi par le syndicat des médecins turcs faisait état de trois morts, deux manifestants et un policier, et de près de 5.000 blessés depuis le début du mouvement.

La stratégie de la tension adoptée par le chef du gouvernement fait craindre des dérapages entre les manifestants et ses partisans. Des accrochages entre les deux camps, jusque-là limités, ont été signalés la semaine dernière, notamment à Rize (nord-est), le village d'origine de la famille d'Erdogan sur les bords de la mer Noire et à Adana (sud).

Très sensible aux événements et au ton employé par le chef du gouvernement, la Bourse d'Istanbul a clôturé lundi une nouvelle fois en baisse (-2,48%).

"Ce refus apparent de faire baisser la tension n'est pas bon pour les marchés, il pourrait même susciter encore plus de spéculation contre les marchés turcs", a averti Deniz Ciçek, analyste à la Finansbank.

La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a appelé dimanche à "une solution rapide" en Turquie et demandé aux opposants comme aux partisans du chef du gouvernement de faire preuve de "retenue".

L'AKP a d'ores et déjà prévu d'organiser deux réunions publiques de masse samedi prochain à Ankara et le lendemain à Istanbul, officiellement pour lancer sa campagne pour les élections municipales de l'an prochain.

Les organisateurs de la 17e édition des Jeux méditerranéens, prévus du 20 au 30 juin prochain à Mersin, dans le sud de la Turquie, ont annoncé lundi qu'il se tiendraient normalement, en dépit de l'agitation politique actuelle.

Source : AFP

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