Rodez : la terre promise au cimetière de La Penderie

  • Grâce à cette extension, le cimetière de La Penderie va passer de 6,2 à 7,2 ha.
    Grâce à cette extension, le cimetière de La Penderie va passer de 6,2 à 7,2 ha. RB
Publié le
R.B.

Travaux. L’extension du cimetière de La Penderie est terminée. Et même si par définition tous les cimetières français sont laïcs, celui-ci a été pensé pour satisfaire à toutes les croyances.

Immobile. Debout au pied de la butte, A.B. contemple en silence la succession de petits plateaux rectangulaires qui viennent d’être creusés dans la colline du quartier de La Penderie. "J’espère que j’aurais une place tout là-haut", murmure le vieil homme d’une voix teintée de joie et d’émotion. L’émotion de se retrouver face au lieu où il devrait un jour -"mais le plus tard possible"- trouver le repos éternel. Et la joie d’avoir, enfin, à  87ans, trouvé cet endroit, ici, à Rodez, pas très loin de chez lui et des siens. Car A.B., comme des centaines de milliers d’autres immigrés nord-africains de la première génération, a été longtemps confronté à un grand dilemme: celui de trouver un cimetière où il pourra être mis en terre selon ses croyances.

"Mon pays, c’est la France"

On ne se refait pas. Bien qu’il soit en France depuis l’âge de 19 ans (l’Algérie était encore française), "je me suis enfui car mon père voulait absolument me marier", et qu’il n’a jamais vraiment suivi les préceptes de l’islam, A.B. souhaite quand même reposer "sur le côté, tourné vers La Mecque". "Je me suis marié avec une Européenne élevée dans une famille protestante, explique le vieil homme. Nous avons eu quatre enfants à qui nous n’avons jamais rien imposé en terme de religion. D’ailleurs, j’étais le seul à la maison à ne pas manger de cochon." Ne pas manger de porc, c’est peut-être la seule chose à laquelle A.B. s’est tenu. Car pour le reste...

"Je ne bois pas, mais pour les fêtes et les anniversaires je ne crache pas sur une petite coupe de champagne, concède-t-il volontiers. Le ramadan, je l’ai fait quand j’étais plus jeune, en Algérie, et c’est tout. Je n’ai pas non plus effectué le pèlerinage à La Mecque que chaque bon musulman doit faire une fois dans sa vie. D’un autre côté, j’ai toujours essayé d’être droit, honnête, travailleur et mes enfants n’ont jamais manqué de rien." 

Une question taboue

Durant tout ce temps en France, A.B. est bien retourné quelquefois dans son village natal de Kabylie. "Cinq ou six fois, pour les vacances. Mais mon vrai pays maintenant c’est la France. En plus, mes frères et sœurs sont tous morts, je n’ai plus là-bas que quelques neveux et cousins. Alors être enterré au bled, je ne vois pas trop l’intérêt. Et ma femme et mes enfants ne sont pas trop pour non plus." Autant dire que la question de la mise en bière le taraude depuis belle lurette. "Il y a pas mal d’immigrés en France ou même des Français de confessions musulmanes, mais très peu d’endroit pour les enterrer". Aujourd’hui, même si la question est encore souvent taboue, c’est visiblement en train de changer. "Moi, je cherchais depuis longtemps. Alors je suis vraiment heureux et soulagé d’avoir enfin trouvé", conclut A.B. tout sourire. D’après le nombre de musulmans vivants à Rodez et Onet, il ne devrait pas être le seul.

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