Le FN tente de prendre "Racine" à l'école

  • Marine Le Pen lors de la conférence de lancement du groupe Racine le 12 octobre 2013 à Paris
    Marine Le Pen lors de la conférence de lancement du groupe Racine le 12 octobre 2013 à Paris AFP - Lionel Bonaventure
  • Marine Le Pen lors de la conférence de lancement du groupe Racine le 12 octobre 2013 à Paris
    Marine Le Pen lors de la conférence de lancement du groupe Racine le 12 octobre 2013 à Paris AFP - Lionel Bonaventure
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AFP

Convaincre un monde enseignant très hostile au FN, proposer pour une école "en démantèlement continu" des remèdes fondés sur le mérite, le respect, l'autorité: c'est l'ambition affichée du collectif Racine lancé samedi à Paris par Marine Le Pen et des professeurs.

Création qui, "il y a quelques années encore, était inimaginable", a relevé la présidente du Front national, conquérante à la veille d'un second tour de cantonale à Brignoles (Var) où son candidat part favori. C'est "la preuve que le poids de la bienpensance recule, y compris dans le monde enseignant, où le conformisme idéologique est en train de se briser", veut-elle croire.

Elle s'exprimait dans une salle du XVème arrondissement affichant complet.

Dans l'assistance, quelques dizaines d'enseignants, des étudiants, des militants. "Vous dire mon nom ? Vous plaisantez, demain j'aurai grève", s'exclame une quinquagénaire, proviseur d'un lycée situé "au nord de la Loire et je n'en dirai pas plus".

Mais sur l'estrade, il y avait cinq enseignants dûment identifiés, dont deux ex-chevènementistes, Yannick Jaffré, professeur de philosophie à Lyon, qui se définit comme "patriote de gauche", et Valérie Laupies, directrice d'école "dans une Zep de Tarascon", ville qu'elle veut conquérir au municipales de 2014. C'est la seule encartée au FN, selon Florian Philippot, vice-président de ce parti, alors qu'un autre intervenant, Gilles Lebreton, professeur de droit au Havre, est Rassemblement Bleu Marine.

Tous se sentaient pionniers en "terre de mission", dixit M. Jaffré, selon qui "seuls 5 à 6%¨ du corps enseignant ont voté FN en 2012. Racine, "qui n'est pas un syndicat, rassemble "une centaine" de profs, mais son site à déjà "4.000 visites" quotidiennes, affirme-t-il.

L'égalité par l'excellence et non l'égalitarisme par la médiocrité

"Les langues se délient" dans les salles de profs, a assuré Mme Le Pen, tout en se défendant de "prosélytisme" dans les écoles. A ses yeux, "la laïcité ne se limite pas au religieux, mais suppose une scrupuleuse neutralité politique".

Relevant avoir souffert du "poids de l'idéologie" quand elle était écolière, la fille de Jean-Marie Le Pen a assuré à l'AFP que ses trois enfants étaient à l'école publique, comme elle-même l'avait été.

Niveau des élèves, discipline, montée des communautarismes: tous ont décrit "un demi-siècle de démantèlement continu".

De tous les ministres de l'Education un seul est au tableau d'honneur, Jean-Pierre Chevènement, avec des accessits pour Gilles de Robien et Xavier Darcos. Au contraire, ils ont dénoncé "le complaisant Bayrou" et "le pédagogisme mortifère du citoyen Peillon".

Sur le banc des accusés, "la droite libérale qui parle anglais, la gauche libertaire qui parle brésilien ou esperanto", a raillé M. Jaffré. Et aussi l'égalitarisme "qui sert bien mal l'égalité" puisque les enfants des classes populaires sont moins nombreux en prépas et grandes écoles, "l'individualisme né de 68", "le communautarisme", alors que selon Mme Laupies, dans certaines classes, les enfants d'immigrés tendent à devenir majoritaires, "ce qui rend le travail difficile"."

"L'égalité par l'excellence au lieu de l'égalitarisme par la médiocrité", tel est un des leitmotiv de Racine.

"Nous sommes amoureux de l'école et de la France, il faut redresser la première pour que vive la seconde", a lancé Alain Avello, professeur de philosophie. Nostalgiques d'une école de la IIIème République dont les hussards noirs ont formé "Péguy, Camus et même cet ingrat de Bourdieu", ils veulent un retour de l'autorité. "L'élève obéit, le professeur transmet", a tranché Mme Laupies.

L'uniforme, le cours magistral, la sanction et la récompense figurent parmi les solutions envisagées.

Selon le FN, un comité d'étudiants est en train de se mettre en place. Autant d'étapes essentielles dans la "dédiabolisation", à ses yeux.

Source : AFP

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