Mobilisation des profs de prépas qui ne veulent pas être "soldés"

  • Des professeurs et étudiants de classes prépa manifestent contre le projet de réforme, à Paris le 9 décembre 2013
    Des professeurs et étudiants de classes prépa manifestent contre le projet de réforme, à Paris le 9 décembre 2013 AFP - Martin Bureau
  • Des professeurs et étudiants de classes prépa manifestent contre le projet de réforme, à Paris le 9 décembre 2013
    Des professeurs et étudiants de classes prépa manifestent contre le projet de réforme, à Paris le 9 décembre 2013 AFP - Martin Bureau
  • Des professeurs et étudiants de classes prépa manifestent contre le projet de réforme, à Paris le 9 décembre 2013
    Des professeurs et étudiants de classes prépa manifestent contre le projet de réforme, à Paris le 9 décembre 2013 AFP - Martin Bureau
Publié le
AFP

Plusieurs milliers d'enseignants et d'élèves de classes préparatoires ont manifesté lundi à Paris et dans plusieurs villes pour contester un projet de réforme qui modifierait leurs conditions de travail et signifier au gouvernement qu'ils n'ont "pas voté pour ça".

L'appel à la grève lancé pour l'occasion a été très suivi, plus que lors des précédents mouvements contre cette réforme controversée, par près de 60% de ces enseignants dans tout le pays selon le ministère de l'Education nationale et 80% selon les syndicats.

"C'est une très forte mobilisation", se félicite le président du Syndicat national des lycées et collèges (Snalc) François Portzer, qui se réjouit de son "ampleur nationale" avec de multiples cortèges en province. Selon le Syndicat national des enseignements de second degré (Snes), dans 62 lycées, tous les enseignants étaient en grève.

"On est consternés par ce projet", s'insurge Nadine Favre, enseignante au lycée La Bruyère à Versailles, qui confesse avoir voté socialiste aux dernières élections mais "pas voté pour ça". Après avoir enseigné dans le secondaire, cette professeure de langues a choisi les "prépas" malgré "les charges de travail importantes".

Jusqu'à présent, les enseignants étaient soumis à l'obligation réglementaire de service (ORS) de dix heures hebdomadaires, "déchargeables" de deux heures, une heure pour les enseignants de deuxième année et une heure au moins pour ceux qui ont des classes de plus de 35 élèves (c'est-à-dire la plupart). Le ministère de l'Education nationale propose de supprimer ces décharges, et que tous les enseignants de prépas fassent dix heures hebdomadaires, au profit de ceux qui enseignent en zone d'éducation prioritaire (ZEP).

Les syndicats estiment qu'une telle modification entraînerait une baisse de 10% à 20% de leurs rémunérations. Des chiffres réfutés par le ministre Vincent Peillon.

Nadine Favre ne comprend pas l'opposition entre prépas et ZEP: "On a 30% d'étudiants boursiers", explique-t-elle pour démontrer que les classes préparatoires ne sont pas réservées à une élite.

"Saboter l'élite"

En contrepartie d'une modification du temps de travail, Vincent Peillon a suggéré le versement d'une indemnité de 3.000 euros par an pour ceux qui enseigneraient au moins quatre heures devant plus de 35 élèves.

Une mesure qui ne suffit pas à calmer les enseignants.

"Peillon veut supprimer les classes préparatoires et les grandes écoles en diminuant massivement les rémunérations", accuse Pascal Tonnelier, enseignant au lycée de Janson de Sailly à Paris, qui a collé sur son dos une affiche "professeur soldé à 20%".

Beaucoup d'élèves de classes préparatoires sont venus grossir le cortège dans la capitale. Pour Alexandre Legrand, 18 ans, étudiant à l'école Stanislas, "ce projet cherche à saboter les classes prépas et l'élite". "Ce sont ces classes préparatoires qui permettent de former les meilleurs ingénieurs", ajoute le jeune homme, candidat au concours de Centrale, prestigieuse école parisienne.

"Si on ne valorise pas leur travail, on risque d'avoir ensuite de moins bons professeurs", qui formeraient une "élite moins compétente", analyse-t-il.

"Nos professeurs seront moins efficaces s'ils sont moins bien payés", s'inquiète Louis Vilain, 18 ans, coiffé d'un calot comme ses camarades. "Ils gagnent beaucoup d'argent mais ils le méritent."

Plusieurs centaines d'élèves et d'enseignants ont également manifesté à Strasbourg derrière des banderoles proclamant "Touche pas à ma prépa".

A Marseille et à Avignon, des assemblées générales ont eu lieu. Quelque 80 étudiants ont bloqué le site de l’Ecole supérieure du professorat et de l'éducation (ESPE) dans la cité phocéenne, selon la FSU. Plus de 50% des enseignants étaient mobilisés dans l'académie de Grenoble, selon le rectorat.

Source : AFP

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