EADS s'efforcera de limiter les licenciements

  • Michel Molesin (d), délegué CGT, le 10 décembre 2013 à Toulouse
    Michel Molesin (d), délegué CGT, le 10 décembre 2013 à Toulouse AFP - Eric Cabanis
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AFP

Le groupe d'aéronautique et de défense EADS a assuré mardi qu'il s'efforcerait de limiter les licenciements secs au terme d'une restructuration de ses activités défense et espace, qu'il juge indispensable pour garantir l'avenir.

"Nous devons agir maintenant", a lancé Tom Enders, le patron du futur groupe Airbus, en défendant les 5.800 suppressions de postes sur trois ans annoncées lundi et qui affecteront pratiquement à égalité l'espace et les activités de défense.

Les commandes militaires sont en baisse et la compétition internationale sur les marchés émergents s'accentue. "Ne rien faire serait irresponsable et entraînerait une situation beaucoup plus grave pour nos employés et pour la performance du groupe d'ici deux ans", a-t-il averti lors d'une conférence de presse téléphonique.

Le directeur des ressources humaines Thierry Barril a précisé que 1.300 contrats temporaires ne seraient pas renouvelés en 2014. De plus, 500 postes seront supprimés dans les fonctions centrales du groupe et, au sein des divisions, approximativement 2.000 en Allemagne, 1.260 en France, 557 en Espagne, 450 en Grande-Bretagne, 180 dans le reste du monde.

Après les mesures de reclassement au sein du groupe, les retraites anticipées et les départs volontaires, la direction s'attend à 1.000 à 1.450 licenciements secs. Tom Enders a jugé prématuré de dire quel pays serait le plus affecté au final.

Cependant, "nous faisons de notre mieux pour limiter les licenciements au terme du processus", a déclaré Thierry Barril, le groupe devant engager des négociations avec les syndicats.

Le ministre français du Travail Michel Sapin a estimé qu'EADS avait le devoir d'éviter "tout licenciement". Le ministère allemand de l'Economie a appelé EADS à procéder à sa restructuration "en douceur" et à ne pas la faire peser exclusivement sur les sites allemands.

"Plan inadmissible"

"Je suis très détendu face aux réactions politiques", a déclaré Tom Enders, expliquant que les gouvernements espagnol, français, britannique et allemand avaient été prévenus des réductions de postes.

Les syndicats, l'allemand IG Metall et le français Force Ouvrière, ont critiqué le projet, qu'ils voient dicté par la seule logique financière. Le même reproche est venu de la CGT, minoritaire, qui, devant le siège d'EADS, a dénoncé un "plan inadmissible" et "scandaleux".

"Nous avons entendu les mêmes critiques" lors de la restructuration d'Airbus il y a sept ans, a rappelé Tom Enders, mais ce plan, baptisé Power 8 et qui a supprimé 7.900 postes, a été un succès, selon lui.

Exigeant le "retrait immédiat" du nouveau plan, la CGT a souhaité une action commune de protestation pour défendre l'emploi. Un appel également lancé par la CFDT, qui juge "floue" la stratégie présentée. Pour la CFE-CGC, EADS doit être capable d'"équilibrer en interne ses effectifs".

Le président du comité d'entreprise européen d'EADS, Rüdiger Lütjen, a indiqué ne pas s'attendre à avoir le détail des suppressions de postes par site avant janvier ou février. Ensuite "les négociations vont sans doute durer des mois", a prévenu Jürgen Kerner, d'IG Metall, voulant s'assurer que la restructuration ne se fasse pas sur le dos du personnel.

Cette restructuration verra la fusion des divisions Astrium (espace), Cassidian (défense) avec l'activité avions de transport militaire d'Airbus, pour former une seule division Airbus Defense and Space.

"Cette activité n'est pas rentable du tout", a affirmé le patron de la nouvelle division Bernhard Gerwert, soulignant que l'américain SpaceX lance des satellites pour 30% moins cher que la fusée européenne Ariane.

La liste de tous les sites qui seront fermés n'est pas encore connue. M. Gerwert a simplement mentionné le transfert du siège de Cassidian à Unterschleissheim vers Ottobrunn, tous deux dans la banlieue de Munich, la vente du siège historique d'EADS à Paris, et le transfert des activités de Suresnes, dans la banlieue parisienne, vers les centres d'Elancourt et Les Mureaux, dans les Yvelines.

Si EADS avait pu fusionner avec le fabricant d'armes britannique BAE Systems l'année dernière, "nous aurions eu moins de réductions de postes que dans la situation où nous devons le faire seuls", a affirmé M. Enders. Le gouvernement allemand avait opposé une fin de non-recevoir à ce projet l'année dernière.

Source : AFP

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