Nantes et Tours: l'État remporte encore une manche contre Dieudonné

  • Un combo d'une photo de Manuel Valls prise le 5 décembre 2013 à Bruxelles et de Dieudonné M'bala M'bala prise le 29 novembre 2009 à Paris
    Un combo d'une photo de Manuel Valls prise le 5 décembre 2013 à Bruxelles et de Dieudonné M'bala M'bala prise le 29 novembre 2009 à Paris AFP/Archives - Georges Gobet, François Guillot
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AFP

Le gouvernement a remporté vendredi une nouvelle manche dans son bras de fer avec le comique controversé Dieudonné, la justice ayant confirmé l'interdiction du spectacle prévu dans la soirée à Tours, comme elle l'avait fait la veille pour la représentation nantaise.

Le tribunal administratif d'Orléans avait été saisi de requêtes d'un spectateur et de Dieudonné M'bala M'bala contre l'arrêté d'interdiction du spectacle "Le Mur" prévu à Tours.

Dans son one-man-show "Le Mur", déjà présenté à Paris, Dieudonné, 47 ans, multiplie les charges contre "les juifs", "la juiverie" ou encore "kippa-city", des attaques coutumières dans ses spectacles.

Dieudonné a déposé devant le Conseil d'Etat un référé contre la confirmation de l'annulation de son spectacle à Tours, demande qui sera examinée vendredi à 17H30, a-t-on appris auprès de la plus haute juridiction administrative.

Jeudi, le Conseil d'Etat a finalement donné raison au ministre de l'Intérieur Manuel Valls en interdisant pour la première fois, et dans un délai record, le spectacle de Dieudonné, deux heures avant sa représentation prévue à Nantes, première étape de la tournée du polémiste en région.

La plus haute juridiction administrative a annulé la décision rendue seulement quatre heures auparavant par le tribunal administratif de Nantes, qui avait suspendu l'arrêté d'interdiction du spectacle de Dieudonné, estimant que "le risque de troubles publics causés par cette manifestation (...) ne pouvait fonder une mesure aussi radicale".

Manuel Valls avait immédiatement saisi le Conseil d'Etat.

La décision du Conseil d'Etat constitue un revirement de jurisprudence, les tribunaux administratifs ayant, à une quinzaine de reprises ces dernières années, invalidé des arrêtés d'interdiction de spectacles de Dieudonné.

"La République a gagné", s'est félicité Manuel Valls, à l'origine d'une circulaire préconisant l'interdiction au cas par cas du spectacle pour troubles à l'ordre public. "Le combat contre ce personnage nauséabond se poursuit", a-t-il ajouté.

"Atteinte au respect de la dignité humaine"

La communauté juive, qui s'est réjouie de cette décision, a appelé à poursuivre le combat contre l'antisémitisme, à l'instar des associations antiracistes qui veulent "sortir du ping-pong" entre Manuel Valls et le polémiste.

"De la même façon que la Licra refusait tout catastrophisme" après la décision du tribunal administratif de Nantes autorisant le spectacle, "elle n’exprime aucun triomphalisme après celle du Conseil d’État d'interdire la représentation" de Dieudonné à Nantes, a jugé la Ligue contre le racisme et l'antisémitisme.

Le Congrès juif européen a salué un "triomphe des valeurs de la démocratie et pour la République française".

En revanche, la Ligue des droits de l'Homme (LDH) s'est inquiétée d'un "cadre juridique lourd de conséquences pour la liberté d'expression". "Le juge n'a pas fait prévaloir la liberté d'expression sur l'interdit et c'est une décision qui est lourde de périls", a commenté son président, Pierre Tartakowsky.

Marine Le Pen, présidente du Front national, a estimé que la décision du Conseil d'Etat interdisant le spectacle s'apparentait à une "censure" et représentait un "bouleversement de l'ordre juridique" en France.

Plusieurs éditorialistes craignaient de leur côté que cette victoire judiciaire "à la Pyrrhus" ne transforme Dieudonné en "victime" ou "martyr".

La décision du tribunal administratif de Nantes invalidée par le Conseil d'Etat était la première décision judiciaire liée à la circulaire du ministère de l'Intérieur. Outre le trouble à l'ordre public "classique", cette circulaire invoque "l'atteinte au respect de la dignité humaine" comme motif pouvant justifier l'interdiction d'une manifestation.

Le tribunal administratif d'Orléans doit se pencher, vendredi après-midi, sur l'interdiction par le maire de la ville UMP Serge Grouard du spectacle prévu samedi dans sa ville.

Selon un sondage Ifop pour Metronews, plus de sept Français sur dix (71%) ont une mauvaise opinion de Dieudonné.

Source : AFP

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