A Paris, les anti-avortement dans la rue,encouragés par l'"exemple" espagnol

  • De nombreuses familles participent à la manifestation contre l'avortement le 19 janvier 2014 à Paris
    De nombreuses familles participent à la manifestation contre l'avortement le 19 janvier 2014 à Paris AFP - Pierre Andrieu
  • Des personnes défilent contre l'avortement le 19 janvier 2014 à Paris
    Des personnes défilent contre l'avortement le 19 janvier 2014 à Paris AFP - Pierre Andrieu
  • Christine Boutin participe à la manifestation anti-avortement à Paris le 19 janvier 2014
    Christine Boutin participe à la manifestation anti-avortement à Paris le 19 janvier 2014 AFP - Pierre Andrieu
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AFP

Galvanisés par l'"exemple" espagnol, plusieurs milliers d'opposants à l'avortement ont manifesté dimanche à Paris alors que les députés débattent à partir de lundi de dispositions visant à assouplir en France le recours aux Interruptions volontaires de grossesse.

L'Espagne "est aujourd'hui un exemple", estiment les organisateurs de la "Marche pour la vie", vent debout contre un amendement au projet de loi sur l'égalité hommes-femmes prévoyant de supprimer la notion de "situation de détresse" pour justifier une IVG.

Partie peu après 15H00 de Denfert-Rochereau en direction des Invalides, la manifestation a réuni plusieurs milliers de personnes, a constaté une journaliste de l'AFP.

A l'exception de 2013, où elle avait rejoint la Manif pour tous, cette marche est organisée chaque année depuis 2005 par une quinzaine d'associations autour de la date anniversaire de la loi Veil de 1975, qui a légalisé l'avortement en France.

En réponse, une contre-manifestation a rassemblé place d'Italie entre 200 et 300 personnes refusant "que la France devienne comme l'Espagne". "Avorter c'est mon droit, intégristes hors la loi", criaient les manifestants, en majorité des femmes, venues à l'invitation du Syndicat du travail sexuel et de féministes.

Quelques kilomètres plus loin, les opposants à l'avortement étaient nombreux à s'être vêtus aux couleurs de l'Espagne -- rouge et or -- pour saluer le projet de loi "avant-gardiste" de son gouvernement.

Celui-ci, adopté fin décembre en Conseil des ministres, vise à limiter le droit à l'avortement à quelques cas restreints: danger pour la vie ou la santé physique ou psychologique de la femme, viol ayant fait l'objet d'une plainte.

Il raye la loi votée en 2010 sous le gouvernement socialiste, qui autorise l'avortement jusqu'à 14 semaines de grossesse et jusqu'à 22 semaines en cas de malformation du foetus. Le texte devrait arriver au Parlement dans environ deux mois.

Ballons jaunes et rouges

Venus en masse de province, les manifestants ont reçu samedi le soutien du pape François, qui les a invités par la voix du nonce apostolique en France, Mgr Luigi Ventura, à "maintenir vive leur attention pour ce sujet si important".

Dans la foule, de nombreuses familles, dont certaines avec des enfants trisomiques, quelques prêtres en soutane, des drapeaux espagnols des ballons jaunes et rouges.

Tous vilipendent des dispositions sur l'avortement "glissées en catimini" dans le projet de loi sur l'égalité femmes-hommes examiné à l'Assemblée nationale à partir de lundi.

Parmi ces dispositions figure un amendement socialiste proposant qu'une femme puisse demander une IVG à son médecin si elle "ne veut pas poursuivre une grossesse" et non plus parce que "son état (la) place dans une situation de détresse".

La suppression de cette notion de détresse revient à "une banalisation totale de l'avortement et une dénégation du droit à la vie inscrit dans le code civil", a dénoncé Cécile Edel, porte-parole du collectif d'associations.

Des députés UMP vont défendre le maintien de la notion, qui fait selon eux de l'IVG une "exception". Pour autant, "nous ne cherchons pas à raviver les querelles autour de l'IVG, nous ne sommes pas en Espagne", assurait récemment Philippe Gosselin, membre de l'Entente parlementaire pour la Famille.

Les anti-IVG dénoncent aussi "une atteinte intolérable à leur liberté d'expression" avec une disposition qui étend "le délit d’entrave à l'IVG" à "toute information donnée à une femme enceinte qui n'évoque pas la possibilité d’avorter". "On ne pourra plus être contre l'avortement", a estimé Mme Edel.

Alors que plus de 220.000 avortements sont pratiqués chaque année en France, où l'IVG est intégralement remboursée depuis janvier 2013, le Haut conseil pour l'égalité entre les femmes et les hommes avait pointé il y a quelques mois la forte influence des anti-IVG sur internet avec des sites à l'apparence "neutre, voire institutionnelle" délivrant une information "fallacieuse". Le gouvernement a depuis lancé un site "neutre" www.ivg.gouv.fr.

Environ une Française sur trois a recours à un avortement au cours de sa vie.

Source : AFP

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