La France face à Moody's vendredi, Moscovici "serein"

  • Le ministre français de l'Economie et des finances, Pierre Moscovici, le 24 janvier 2014 au Forum économique mondial de Davos, en Suisse
    Le ministre français de l'Economie et des finances, Pierre Moscovici, le 24 janvier 2014 au Forum économique mondial de Davos, en Suisse AFP - Eric Piermont
  • Le logo de l'agence de notation financière Moody's au siège à New York
    Le logo de l'agence de notation financière Moody's au siège à New York AFP/Archives - Emmanuel Dunand
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AFP

Moody's doit livrer vendredi un verdict sur la crédibilité financière de la France, le premier d'une agence de notation depuis les annonces économiques du président François Hollande, que le gouvernement disait attendre avec "sérénité".

"Je suis évidemment informé à l'heure où je vous parle de la notation de la France mais je ne vous dirai rien, je prends ça de toute facon avec beaucoup de sérénité", a dit le ministre de l'Economie Pierre Moscovici à Davos.

Conformément à une nouvelle réglementation européenne exigeant plus de transparence de la part de ces agences aux décisions souvent controversées, Moody's pourrait ce vendredi émettre une nouvelle notation de la "dette souveraine française".

"Veuillez noter que le Calendrier des Annonces Souveraines de Moody's indique uniquement les dates d'éventuelles actions de notation", a toutefois précisé l'agence dans un communiqué.

En d'autres termes: elle pourrait aussi bien ne prendre aucune décision sur l'actuelle note "Aa1" de la France, la deuxième meilleure possible sur son échelle, ni à la "perspective" qui l'assortit, décrivant la tendance à moyen terme de cette notation, actuellement "négative".

M. Moscovici avait déjà lancé jeudi une opération de déminage, déclarant à quelques journalistes "qu'en toute hypothèse, la crédibilité de la France sur les marchés restait très forte". Et le même jour dans le Financial Times, il écrivait sous le titre "Il est possible d'être Français et raisonnable du point de vue budgétaire" que "les Cassandre ont tort, la France se modernise" et elle "mérite que le monde lui fasse confiance".

Les marchés pensent pour le statu quo

Standard and Poor's, l'agence la plus célèbre qui émet le "triple A" tant convoité, synonyme de solidité financière à toute épreuve, en avait privé la France début 2012, et avait à nouveau dégradé sa notation en novembre, l'amenant à "AA".

Le 21 décembre, Moody's avait averti que ses décisions concernant la France dépendraient "des progrès du gouvernement pour s'attaquer aux pressions budgétaires et aux problèmes structurels de l'économie".

Moody's jugera-t-elle que les annonces de M. Holllande, la création d'un Pacte de responsabilité devant décharger les entreprises à hauteur de 30 milliards d'euros, et la promesse de dégager 50 milliards d'euros d'économies d'ici 2017, sont des "progrès suffisants"?

Dans le meilleur des cas, selon les analystes, l'agence pourrait changer sa perspective, l'amenant à "stable", ce qui donnerait un peu plus de temps à Paris. Un relèvement est jugé peu probable sur les marchés, tout comme une nouvelle dégradation. Le scénario le plus courant est celui du statu quo.

"Une nouvelle dégradation semble exclue", puisque "le volontarisme affiché du gouvernement (...) est un élément rassurant", selon Crédit Mutuel-CIC. Les analystes de Citi jugent que "Moody's va laisser la notation inchangée mais que la prochaine échéance du 25 mai pourrait avoir un résultat différent".

Si ces décisions de notation gardent un impact politique interne, elles n'ont plus depuis quelques mois d'effet important sur le taux auquel s'endette la France, ou auquel s'échange sa dette.

Vendredi en matinée, le taux français à 10 ans, le plus important, tournait autour de 2,4%, contre plus de 3% début 2012, malgré plusieurs dégradations intervenues entre-temps.

En théorie, une mauvaise note, qui signifie que la capacité à payer ou à renouveler sa dette est entamée, devrait faire monter ce taux.

Reste que le taux de la France est à la hausse depuis quelques semaines, parce que les investisseurs, pris d'un regain d'enthousiasme pour les pays de la périphérie européenne, s'en détournent un peu.

Le taux français à 10 ans "a déjà effectué deux incursions au-dessus de 2,50% en 2013. Un retour au-dessus de cette zone pourrait marquer le début d’une nouvelle phase de hausse avec comme niveau suivant la zone des 3%", notait cette semaine Alexandre Baradez, analyste chez IG France.

Le phénomène semble épargner jusqu'ici l'Allemagne, qui a encore bénéficié vendredi d'un maintien de sa note AAA par la troisième grande agence, Fitch, et dont le taux à 10 ans évoluait vendredi autour de 1,6%.

Source : AFP

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