Vol MH370: les recherches entravées par des intérêts nationaux adverses

  • Des messages à destination des passagers du vol disparu MH370, à l'aéroport international de Kuala Lumpur le 19 mars 2014
    Des messages à destination des passagers du vol disparu MH370, à l'aéroport international de Kuala Lumpur le 19 mars 2014 AFP - Mohd Rasfan
  • La tour de contrôle de l'aéroport international de Kuala Lumpur, le 19 mars 2014
    La tour de contrôle de l'aéroport international de Kuala Lumpur, le 19 mars 2014 AFP - Mohd Rasfan
  • Un proche de disparu du vol MH370 attend des nouvelles dans un hôtel de Pékin, le 19 mars 2014
    Un proche de disparu du vol MH370 attend des nouvelles dans un hôtel de Pékin, le 19 mars 2014 AFP - Wang Zhao
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AFP

Des intérêts nationaux adverses et une coordination chaotique semblaient entraver mercredi les recherches pour localiser le Boeing 777 de Malaysia Airlines disparu depuis bientôt deux semaines.

Le vol MH370 assurant la liaison Kuala Lumpur-Pékin avec 239 personnes à bord -- dont deux tiers de Chinois -- s'est volatilisé peu après son décollage le samedi 8 mars à 00H41 (16H41 GMT vendredi).

Des recherches infructueuses ont été rapidement lancées sur sa trajectoire, entre la Malaisie et le Vietnam, au-dessus de la mer de Chine mériodionale. Le dimanche 9, la Malaisie annonçait sur la foi de relevés radars que l'appareil avait probablement changé de cap après environ une heure de vol, en direction de l'ouest.

Cette thèse a depuis été confirmée et les recherches ont été réorientées. Elles s'étendent désormais, sur un axe nord-sud, de l'Asie centrale au sud de l'océan Indien, dans un périmètre de plus de 2,2 millions de km2, plus vaste que l'Australie.

La Malaisie a admis que ses radars militaires avaient bien identifié l'avion tout en expliquant qu'aucune mesure n'avait été prise car il ne semblait pas "hostile".

Une faute potentiellement lourde de conséquences puisque aucune trace de l'avion n'a été repérée depuis et que sa boîte noire ne dispose que de 30 jours d'autonomie.

Mercredi, la Thaïlande a elle aussi reconnu implicitement un ratage.

Ses radars ont montré que le samedi 8 mars "à 00h28 (01H28 heure de Malaisie), six minutes après la disparition du vol MH370 (après le dernier signal émis par le transpondeur, NDLR), un appareil non identifié volait dans une direction sud-ouest", a déclaré à l'AFP un porte-parole de l'armée de l'Air, Monthon Suchookorn.

- Défis diplomatiques, techniques et logistiques -

L'appareil est allé plus loin vers le sud vers Kuala Lumpur et le détroit de Malacca, avant de tourner vers le nord" vers la mer Andaman, à l'ouest de la péninsule malaisienne, a-t-il ajouté.

Interrogé sur la raison pour laquelle ces éléments étaient divulgués seulement plus de dix jours après la disparition de l'avion, il a expliqué que "l'appareil n'était pas dans l'espace aérien thaïlandais et n'était pas une menace pour la Thaïlande".

"Aucun pays ne va révéler des informations montrant les limites de ses capacités" technologiques ou militaires, analyse Paul Yap, professeur d'aéronautique à l'université Temasek Polytechnic de Singapour.

Prenant acte des "défis diplomatiques, techniques et logistiques" de l'opération, la Malaisie a décidé de déléguer une partie de son contrôle opérationnel.

L'Australie et l'Indonésie sont de ce fait chargées des recherches pour la zone sud, la Chine et le Kazakhstan pour la zone nord. Un pas dans la bonne direction qui ne résout pas tout.

L'Indonésie a ainsi dû immobiliser cinq bâtiments de Marine dans le détroit de Malacca "dans l'attente d'information de la Malaisie ou d'ailleurs".

- "Nous attendons les ordres" -

L'Inde a également suspendu ses recherches en mer Andaman. "Il ne nous revient pas d'agir de notre propre initiative. C'est une affaire qui regarde les gouvernements. Nous attendons les ordres", a indiqué à l'AFP une source au ministère indien de la Défense.

Alors que l'enquête entre dans son 12e jour, les éléments connus avec certitude sont rares, parfois contradictoires, et suscitent la sidération face à ce qui apparaît comme l'une des grandes énigmes de l'aéronautique moderne.

Selon les autorités malaisiennes, l'appareil a dévié de son plan de vol initial consécutivement à un acte "délibéré" commis par des personnes aux commandes, et volé encore sept heures environ, sans que l'on sache ce qu'il est devenu.

La police des Maldives a annoncé mercredi examiner les témoignages d'habitants ayant vu "un avion gros porteur volant à basse altitude" le jour de la disparition du vol MH370.

Les témoins cités par le site Haveeru affirment avoir vu un avion blanc avec des bandes rouges se dirigeant vers la pointe sud de l'archipel.

"Nous avons déjà vu des hydravions mais celui-ci n'en était pas un. Je pouvais même clairement distinguer ses portes", déclare ainsi un témoin.

Plusieurs fausses pistes ont déjà été explorées après des témoignages et les Maldives, situées loin des zones de recherche, ne font pas partie des pays concernés.

A bout de patience, des proches des passagers chinois ont reproché à Malaysia Airlines, accusée d'opacité et d'incompétence, une "attitude honteuse".

"Votre façon d'agir est soit de mentir, soit d'adopter une attitude honteuse!", a ainsi lancé un homme à un responsable de la compagnie venu rencontrer les familles des disparus dans un hôtel de Pékin.

Source : AFP

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