Martin Malvy : "Il faut reconnaître les Régions comme des institutions majeures"

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Le président du conseil régional de Midi-Pyrénées, Martin Malvy, réagit aux annonces du Premier ministre, Manuel Valls, concernant le projet de réforme territoriale et, notamment, la proposition visant à réduire de moitié le nombre actuel de régions.

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Le président du conseil régional de Midi-Pyrénées, Martin Malvy, réagit aux annonces du Premier ministre, Manuel Valls, concernant le projet de réforme territoriale et, notamment, la proposition visant à réduire de moitié le nombre actuel de régions.

Que pensez-vous de la proposition de Manuel Valls de réduire de moitié le nombre de régions d'ici 2017 et supprimer les conseils départementaux d'ici 2021 ?

Qu’elles soient ou non décentralisées, les institutions sont faites pour porter des politiques au service des citoyens et de la Nation. C’est leur raison d’être. L’expression millefeuille territorial est dévastatrice pour les collectivités locales. Elle ouvre la porte à toutes les critiques y compris les moins fondées. Elle est inexacte et relève du fantasme si l’on se compare aux autres pays d’Europe qui la plupart ont l’équivalent de nos Communes, Intercommunalités, Départements ou Régions. Elle est par contre parfaitement justifiée par l’enchevêtrement des compétences qui est une spécificité française.

Elle l’est aussi parce qu’alors que s’élargissait le panel des responsabilités exercées par les collectivités, l’Etat ne s’est pas privé de leur transférer des charges tout en demeurant omniprésent par défiance. Aucune des limites administratives n’est figée dans le marbre. Réduire le nombre des Régions peut se justifier par souci d’efficacité des politiques publiques et d’économies à la condition qu’effectivement la volonté du Gouvernement soit de leur attribuer sans restriction des compétences et responsabilités plus grandes, les unes exclusives dans le domaine de l’éducation, de la formation, des transports et de l’environnement notamment, les autres partagées.

Le sentiment d'appartenance prioritaire des Midi-Pyrénéens à leur région (8 %) est assez faible. Il est encore plus faible pour les départements (5 %). Quelle est la lecture que vous en faites ?

Il est normal et heureux que nos concitoyens soient d’abord attachés à la nation. Normal aussi qu’ils le soient à leur commune. Cette classification n’a donc pas grande signification pour ce qui est des Régions et départements. Ce qui est davantage à remarquer c’est que 77% des personnes interrogées se disent attachées à Midi-Pyrénées.

Ce qui, je le note au passage, est supérieur à la moyenne nationale. Notre région est diverse. Contrairement à d’autres, on ne peut pas dire que Toulouse, qui est la métropole, soit en concurrence avec d’autres grandes villes de la périphérie. Ce n’est pas le cas partout. Cette reconnaissance de la métropole constitue le fondement de son unité. Mais comme partout. A la périphérie de Midi-Pyrénées, l’attraction de certaines villes d’autres régions doit être considérée. Ce qui prouve bien que les limites administratives ne constituent pas de frontières étanches.

Dans le sondage de LH2, il ressort que le patrimoine et la gastronomie arrivent en tête des spécificités régionales retenues par les habitants de Midi-Pyrénées. Cela vous surprend-il ?

Non, je ne suis pas surpris par l’attachement des Midi-Pyrénéens à leur patrimoine et à leur gastronomie. C’est évident. Pour notre patrimoine, il n’est pas seulement immobilier, même s’il est ici d’une qualité exceptionnelle. Il est aussi linguistique et culturel. C’est ce qui permet à cette région si diverse d’afficher son unité.

Les habitants de Midi-Pyrénées ne sont pas franchement favorables à une fusion de Midi-Pyrénées avec le Languedoc-Roussillon. Et vous ?

Je ne crois pas qu’il faille raisonner de la sorte, et surtout pas de ramener le débat qui s’ouvre à l’absorption d’une région par une autre. Il s’agit de savoir très clairement si le gouvernement a effectivement l’intention de reconnaître les Régions françaises comme des institutions majeures en leur attribuant des compétences dans les domaines de l’économie, de la formation et l’éducation, des transports, du développement durable, qu’elles exerceraient d’une manière pleine et entière, comme c’est le cas dans d’autres pays d’Europe. C’est cela l’enjeu et c’est cela qui doit dicter la réforme qu’envisage le premier ministre.

Nos Régions disposent-elles des supports suffisants pour mener à bien ces politiques avec efficacité ?

Cela suppose des universités fortes, une recherche conséquente, comparables à ce qui existe dans les autres pays. Cela suppose aussi qu’elles disposent de filières économiques capables de servir de moteur ou qu’elles puissent se doter de structures financières à la hauteur des enjeux. Si on regarde les choses en face, cela n’est pas vrai partout. C’est à partir de là qu’il faut engager la réflexion. Nous sommes la plus grande des 22 Régions françaises.Est-ce une raison pour nous centrer sur nous-même et refuser le dialogue avec nos voisins ? Non. Je suis ouvert à une réflexion commune, sereine et approfondie. J’ai souvent dit et pensé – parfois par boutade – qu’il nous manque une ouverture sur la mer.

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