Hollande et Valls vont défendre leurs choix économiques avant un vote à haut risque

  • Le Premier ministre Manuel Valls et le président François Hollande à l'Elysée, le 16 avril 2014
    Le Premier ministre Manuel Valls et le président François Hollande à l'Elysée, le 16 avril 2014 AFP/Archives - Patrick Kovarik
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AFP

François Hollande et Manuel Valls vont conduire lundi une grande opération de "mobilisation" des services de l'Etat sur le pacte de responsabilité et de solidarité, à la veille d'un vote à haut risque à l'Assemblée sur leurs choix économiques

Pendant trois heures à la Maison de la Chimie à Paris, l'ensemble des acteurs territoriaux de l'Etat - préfets, sous-préfets, directeurs d'administrations - écouteront le chef du gouvernement, les ministres du Travail, de l'Economie, des Finances et enfin le chef de l'Etat vanter ce pacte qui ambitionne de redonner du souffle à l'économie française.

Nul doute que l'exécutif trouvera là l'occasion d'envoyer des signes à ceux qui s'agitent au sein de sa majorité, avant le vote organisé mardi à l'Assemblée nationale sur le programme de stabilité du gouvernement, qui résume les grandes orientations économiques de la France jusqu'en 2017.

Car la fronde d'une partie des troupes PS ne faiblit pas contre le plan de 50 milliards d'euros d'économies, qui à leurs yeux affecte en priorité les plus fragiles et obère les chances d'un retour de la croissance. Même si le vote est purement consultatif, un rejet du texte où une très forte abstention des troupes PS aurait des conséquences catastrophiques pour la majorité.

Jusqu'à la dernière minute les discussions avec les députés frondeurs vont se poursuivre. Sur la table: un maintien du "plan pauvreté" (que le gouvernement a prévu de reporter), un geste fort sur les petites retraites, une "clause de revoyure" sur le gel du point d'indice des fonctionnaires...

Lundi matin, le patron du groupe PS à l'Assemblée Bruno Le Roux se rendra à Matignon pour faire le point avec Manuel Valls.

"Le Premier ministre, avec les ministres, a engagé un dialogue qui n'est pas terminé, souligne l'entourage du chef de l'Etat. Lundi, il y aura encore des réunions, et mardi le Premier ministre ira devant le groupe PS avec des éléments de réponses notamment sur la question des petites retraites et du plan pauvreté". "Ces réponses devront emmener l'essentiel du groupe PS vers le vote positif", veut-on croire.

Dimanche, le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadelis a mis en garde les récalcitrants : "Il faut savoir terminer une fronde", a-t-il dit, ajoutant qu'il ne "vaudrait mieux pas" que trop de socialistes s'abstiennent mardi.

Rappelant que le PS avait fait plusieurs propositions au gouvernement - là encore sur les petits retraites, les fonctionnaires, le plan pauvreté - le nouveau patron du parti a estimé que dès lors que ces demandes seront "satisfaites" les députés devront "faire bloc".

- Valls "confiant" -

Signe de l'importante de l'enjeu, un bureau national extraordinaire du PS organisé pour l'occasion lundi après-midi fixera la ligne du parti.

Dans le Journal du dimanche, plusieurs membres du groupe PS à l'Assemblée ont appelé leurs collègues à voter pour le texte, dans lequel ils saluent "un compromis entre la réduction de la dette et le soutien à la croissance".

Combien iront jusqu'à ne pas voter le programme de stabilité? Vendredi, trois proches de Martine Aubry - Laurence Dumont, Jean-Marc Germain et Christian Paul - ont dit qu'ils ne le soutiendraient pas. Loin de se limiter à l'aile gauche du PS ou aux aubrystes, la colère a touché le cœur du groupe, des "hollandais" comme Matthias Fekl, Karine Berger, Sandrine Mazetier. Difficile de dire combien iront jusqu'au bout.

A la différence du vote de confiance, le Premier ministre Manuel Valls, s'il a le soutien des radicaux de gauche, ne pourra pas s'appuyer sur la majorité des écologistes, ceux-ci oscillant entre l'abstention et un vote contre, qui sera aussi sans surprise celui du Front de Gauche.

A partir de 40 abstentions socialistes, le résultat pourrait dépendre de l'abstention envisagée par quelques députés UMP et UDI (dont le groupe arrêtera sa position mardi matin), ce qui serait aussi une sorte de camouflet pour l'exécutif.

Yves Jégo, président de l'UDI par interim, a fait savoir ce week-end que certains membres de son groupe pourraient voter le texte, à condition que l'exécutif s'engage sur de nouvelles mesures économiques.

Mais depuis Rome, où il assistait à la canonisation des papes Jean XXIII et Jean Paul II, Manuel Valls a assuré qu'il ne comptait pas sur l'opposition "pour compenser je ne sais quel vote", ajoutant qu'il était "confiant" sur l'issue de la consultation.

Source : AFP

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